Pour les vacances…



© JF Macaigne

Michka et Tigrane Hadengue ont au moins deux points communs : des yeux bleus lavande où passent des reflets d'infini, et une passion qui les dévore : le mythe de la fumée. Depuis vingt-quatre ans qu'ils se connaissent, les volutes bleutées des pipes, shiloms, narguilés et autres bongs les ont poussés naturellement à ouvrir ce fabuleux «Petit Musée du Fumeur» en décembre 2001. Dans une petite rue tranquille, à deux pas du cimetière du Père Lachaise à Paris, ce paradis des amoureux de la réflexion tranquille - "avant de répondre à une question, on devrait allumer une pipe" avait l'habitude de dire Einstein, qui en connaissait long sur la question - voit défiler tous les jours curieux, connaisseurs et passionnés. L'affluence est surtout grande les après-midi et le samedi, et les accrocs de la culture (au sens noble) du tabac et des autres petites fumées, comme disait Castañeda


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Dans 60m2 qui ne tarderont pas à recevoir le soutien de deux autres salles dans un avenir proche, une collection unique s'offre aux yeux surpris des visiteurs.

Les pipes tiennent évidemment le haut du pavé. De tous âges, de toutes provenances, de tous bords, elles surprennent par leurs formes et leurs histoires.

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Cette pipe à opium, simple et noble, était portée par les dignitaires chinois à la ceinture. Cette autre, munie d'un long tuyau percé dans une simple branche, était utilisée par un vieux sage pygmée sur le seuil de sa case. Un objet assez extraordinaire, qui tient de la pipe et du narguilé, se fumait sans tuyau dans le Nord de l'Inde. Une gravure montre d'ailleurs un homme utilisant l'engin.
Sa voisine, une grosse pipe en corne autrichienne, s'ouvre sur un fourneau en forme de fleur. Côte à côte, de longues pipes hollandaises nous replongent dans les tableaux de Rembrandt et de Van Eyck.

Dans une autre vitrine, quelques fourneaux sculptés en écume de mer. Une pipe au long tuyau dont le fourneau a trouvé refuge au sein d'un coquillage exotique fait penser à Gauguin dans les mers du Sud.

 

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Un calumet de la paix Indien doit faire son apparition dans les prochaines semaines. «Les sorciers devaient être en accord avec la Nature» raconte Michka «la pipe symbolisait donc les trois règnes : dans une pierre de catlinite, rouge et friable était taillé le fourneau, le tuyau de bois représentait le végétal, et les décors de plumes et de cuir pour l'animal complétaient cette représentation du monde».

    
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De nombreux shiloms et pipes à eau décorent aussi les tablettes de verre. Colorés et variés, de toutes les tailles, ils nous font revivre les années 70 et le «flower power». D'ailleurs, de nombreux ouvrages présents évoquent le chanvre et sa culture. On a même le droit à une collection variée des albums de Crumb, le génial dessinateur de Mister Natural et des pochettes des disques de Janis Joplin. Dans la même vitrine est exposé un paquet de «Tagliatelles au chanvre» suisse. Comme quoi l'on n'est pas éclectique au royaume du chocolat.Décidément, les objets les plus insolites sont rassemblés dans cet endroit magique (comme l'herbe, bien sûr) : un Budbomb, variété de pipe pour espace non fumeur, un moulin à plantes séchées, quelques objets traditionnels, fruits de la prohibition, comme ces pipes à tiroir secret, un rouleau de tabac chamanique provenant d'Amazonie…
Dans un plantarium s'épanouissent Tabac, Coleus du Mexique aux somptueuses feuilles velours rouge, et des plants de tomates « qui contient de la nicotine » explique Michka.

     
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Tigrane souligne la pertinence de la création du lieu : «Avec le recul, c'était opportun. Le tabac est plus difficile à gérer. Le chanvre est plus bénin que ce que l'on peut imaginer.  De fait, beaucoup de gens sont liés au tabac ou à la fumée par leur culture. Et, le croiriez-vous, il y a encore pas mal de gens qui prisent. Des skieurs, notamment…»

Le Musée du fumeur
7, rue Pache
75011 - Paris
Métro Voltaire
Museedufumeur.net
Ouvert tous les jours, sauf le lundi, de 10h30 à 19h30 (dimanche de 12h30 à 19h30).

  JFM