L'arrivée
en avion à St Barthélémy compte dans la vie d'un
voyageur. D'ailleurs, tous ceux qui ont fait cette expérience aéronautique
vous le confirmeront. Le premier contact avec la terre vous procure la
sensation unique qu' il s'agit sûrement des derniers instants de
votre vie. Le petit avion dans lequel vous avez pris place va, pour atterrir,
foncer d'abord droit dans une sorte de col, puis les roues semblent toucher
les cailloux, les ailes frôlent l'escarpement, un piqué,
un redressement, l'avion est posé sur les 640m de piste dont le
bout finit dans l'océan qui se rapproche rapidement. N'ayez crainte,
le pilote freine bien avant la plage.
Après
alors là
les choses prennent un tour nouveau.
Vous êtes arrivé dans ce que l'on imagine aisément
ressembler un peu au paradis sur mer.
St Barth (pour les intimes) ne ressemble à aucune autre île
des Caraïbes. Ni trop grande, ni trop petite, ni trop ou pas assez
peuplée, elle incarne l'équilibre. Vous y profiterez du
soleil, de l'océan, hors de la furie du modernisme et du tourisme
de masse dans un luxe feutré à l'élégance
de bon ton.
Si
vous êtes pressé vous pouvez faire le tour de l'île
en une journée. Mais quel intérêt ?
Si la plupart des touristes qui séjournent ici sont des sportifs,
des jeunes mariés en voyage de noces, ou des adeptes du farniente
ou même les trois à la fois, ils sont tous venus pour admirer
la voûte des cieux étoilée sereinement en toute tranquillité.
L'île dénommée Ouanalao par les féroces
indiens caraïbes est découverte par Christophe Colomb en 1493.
Il la baptise San Bartolomeo du nom de son frère Bartolomé.
L'île passera de mains en mains au fil des siècles, et il
en résultera ce qui fait l'une des particularité à
l'heure actuelle : des habitants pas comme les autres, des usages
pas comme les autres, et une qualité de vie différente.
Une sorte de « Cherchez l'erreur ! » omniprésente,
qui dérange pas mal, d'ailleurs !
La population d'origine bretonne ou normande aux yeux bleus et aux cheveux
blonds est presque essentiellement blanche. Cette particularité
vient entre autre de ce que l'île a longtemps été
propriété suédoise (de 1785 à 1877). Petits
blancs et esclaves noirs y partagaient de maigres ressources agricoles
et le produit de la pêche. En 1847, l'abolition de l'esclavage conduit
au départ d'une grande majorité des nouveaux affranchis,
qui ne possédaient pas de terres.
Dans les rues, vous pourrez voir de vieilles dames porter encore la quichenotte
(ou kiss me not), coiffe comme en arboraient les normandes d'il y a trois
siècles, dont les ailes ombragent les joues pour préserver
du soleil et des galants.
Les
plages de sable blanc gardent le souvenir des corsaires et des pirates
dont le célèbre Monbars (qui inspira les personnages de
Rackham le Rouge et du Capitaine Crochet).
L'intérieur est partagé entre aridité et quelques
forêts, plantées sur les hauteurs de l'île qui culmine
à 281m. Les petites routes en béton permettent à
peine à deux mini-mokes (la voiture la plus appréciée
par les touristes il y a quelques années, depuis supplantée
par des 4x4 japonais plus volumineux) de se croiser. Mais tous le monde
est au courant, et fait attention.
Différents itinéraires s'offrent à vous pour visiter
l'île où les maisons ne doivent pas être plus haute
qu'un palmier, où les milliardaires sont plus nombreux que les
immeubles qui sont interdits. Un seul mot d'ordre, marchez, promenez vous
sur les chemins non pavés.
Toutes
les ballades débutent à Gustavia, la capitale (anciennement
dénommée avant l'ère suédoise, le port du
Carénage).
La ville aux toits rouges et aux voies rectilignes agrémentées
de sens uniques instaurés pour éviter les embouteillages
(ici aussi) est un port naturel à l'abri des tempêtes. En
haute saison, on peut admirer de luxueux bateaux venus du monde entier.
La ville est témoin de l'époque suédoise de l'île
que l'on peut retrouver dans le vestige d'un vieux clocher et dans les
noms des rues ( Oscar II), dans le quartier des administrations (mairie
et sous-préfecture). Il reste quelques maisons en bois typiques
dans le style caraïbe.
Au musée situé près de Wall House, vous consulterez
peut-être des documents pour découvrir le trésor du
pirate Monbars l'Exterminateur, enfoui paraît-il sur l'île.
Rendez
vous au marché antillais coloré qui raisonne des harangues
des doudous et aiguise la vue par les couleurs des fruits et légumes
empilés (litchis, gombos, caïmites, prunes de Cythère,
ignames, manioc') et titille les narines avec l'odeur des épices
mélangées (bois d'inde, vanille, cacao, safran, cannelle,
piment, épices colombo).
Du phare construit en 1961, le regard englobe l'une des plus belles vues
du port. Aux quatre coins du bourg se trouvent les ruines des forts Gustave,
Anglais, Oscar et Karl qui surplombe la Plage des Galets.
Cette plage a la réputation d'être unique dans les Caraïbes,
l'une des plus romantiques de St Barth où les couchers de soleil
sont fabuleux. Trouvez-vous une petite baignoire naturelle creusée
dans le rocher de droite, et partagez en couple le flux et le reflux de
l'eau chaude. La plage est par ailleurs parfaite pour la natation et la
plongée.
Mais
il y en a aussi d'autres, plus « classiques » dans
le style palmiers-sable blanc. Parmi celles-ci, voici nos préférées :
Le chemin qui mène sur les hauteurs de St Jean vous conduira un
peu plus au nord à l'Anse des Cayes. Cactées, envolées
de petits "sucriers jaunes" et d'oiseaux mouches aux éclats
d'émeraude vous accompagneront tout du long.
Ou alors empruntez un autre chemin escarpé et vous déboucherez
à Salines, au sud.
Plage sauvage et rustique, cachée derrière sa dune, il faut
marcher pour la découvrir. Les étangs de sel abandonnés
sont le refuge des oiseaux migrateurs et un lieu de reproduction privilégié.
Un chemin plat mène à une large plage de sable blanc aux
grosses vagues qui font le bonheur des surfeurs. Aux abords de la grande
saline, de grands entrepôts ont été construits pour
stocker les sacs de sel entre deux transports en goélette.
A Petit Cul de Sac, on récoltait l'or blanc de la mer. Dans la
carrière désaffectée (roches calcaires exploitées
pour des dalles destinées à la construction), les trous
constituaient des puits dans le sol devenus des réservoirs à
sel.
Un peu excentrée, la plage de Gouverneur est magique et pleine
de charme. De grands cocotiers nonchalants se balancent doucement au gré
du vent et dispensent une ombre maigre (la seule). De la route qui relie
Lurin à St Jean et Salines, la vue panoramique sur St Jean est
unique.
La
plage de Flamands est longue et profonde, et bordée de cocotiers.
Le village est niché au creux d'une végétation luxuriante
de lataniers et de bananiers, d'une exubérance d'odeurs mélangées
où l'on croit déceler l'aloes, le lys blanc au milieu d'hibiscus
et de bougainvilliers. Aventurez vous sur les nombreux sentiers et laissez
vous tenter par celui qui mène au ranch. Il abrite des chevaux,
des oiseaux et vous bénéficierez d'une fantastique vue panoramique
sur la mer. Sur les collines alentour, vous croiserez les cabris et les
poules en liberté. Emportez le pique nique et prenez la nouvelle
route qui monte et va du centre de Flamands à Colombier. Au bout
du chemin, une des plus jolies promenades de St Barth vous prendra 20mn
pour rallier la plage de Colombier. Le sentier où vous cheminez
est plein de surprises (grotte). La mer est tout autour de vous. Vous
débouchez sur une plage de sable blanc inhabitée. Enfin
presque. Au bout de la pointe se cache la propriété de Rockfeller.
La mer est calme pour la natation , le ski nautique et la plongée
sous-marine.
Pour
y arriver à Colombier, il vous faut marcher ou louer un bateau.
Armez vos appareils, photographes ! La pointe présente un
merveilleux point de vue. Une table d'orientation en demi arc de cercle
met un nom d'ouest en est sur toutes ces merveilles qui s'offrent à
votre vue: La Grande Roche, la Pointe à Colombier, au large l'île
fourchue, plus loin St Martin, Anguilla, Pelé, Boulanger, Chevreau,
Frégate, Toc Vers, la pointe à Etages, puis la pointe à
Lorient, la Grande Montagne, le morne du Vitet et celui du Grand Fond.
En descendant ce sentier sinueux, ombragé, plein de cailloux, bordé
de cactus, de candélabres et de bois lobos, vous croiserez à
un détour une cabrette ou une tortue. Pour vous récompenser,
le sable fin et le bain dans les Caraïbes vous attendent.
Je
ne vous en dis pas plus. Au bout d'un moment, ça fait mal !
A bientôt St Barth !
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