© JF Macaigne |
Si
pour vous lîle Maurice est le paradis tant attendu, il semblerait
quil en soit de même pour les arbres et les fleurs, étonnantes
par leur beauté, leur diversité et même leur rareté.
C'est peut-être la raison pour laquelle les amants éternels,
Paul et Virginie aimaient à s'aimer sous les feuillages ombragés
de l'île et particulièrement ceux du Jardin Botanique Sir
Seewoosagur Ramgoolan, ainsi nommé désormais du nom du père
de l'indépendance, et toujours Jardin Pamplemousses pour les intimes.
© JF Macaigne |
Peuplé
d'oiseaux innombrables, de quelques tortues géantes, de cerfs et
de biches écrasés de soleil, et d'écoliers en cours
de botaniques, sans oublier nous autres les touristes aux goûts
de calme et de sérénité, il est connu dans le monde
entier par la richesse de ses espèces.
C'est
Pierre Poivre, dont la main droite avait disparu dans un naufrage, qui
avait installé là quelques centaines de muscadiers et de
girofliers en 1770, dans le jardin de l'ancienne demeure du gouverneur
de l'île, Mahé de la Bourdonnais. Le domaine de "Mon
Plaisir" - ça ne s'invente pas, et c'est la preuve que les
pavillons de nos banlieues n'ont quelque part rien à envier aux
plus somptueux domaines - devient donc le jardin de Pamplemousses. C'est
de ce jardin que partiront les pousses qui iront enrichir les cultures
desAntilles Françaises de l'époque. Car Joseph-Philibert
Commerson, le botaniste de l'expŽdition de Bougainville, arrive un jour
dans l'île, et va aider Poivre à répertorier, planter,
et créer ce jardin extraordinaire dont Trenet n'aurait jamais voulu
repartir
© JF Macaigne |
© JF Macaigne |
Des
centaines d'espèces d'arbres, de fleurs, d'arbustes peuplent les
allées du Jardin.
Il y a des "musts",
comme les nénuphars géants qui étalent leurs soucoupes
vertes dans l'eau d'un grand bassin carré où paressent quelques
poissons rouges et gris. Leurs fleurs changent de teinte le soir pour
mourir, et les reflets des indiennes en saris multicolores s'estompent
doucement.
Les écolières
se mirent dans l'eau, puis se regroupent plus loin en riant pour la photo
avec le professeur, pendant que les touristes continuent de penser en
silence - pas toujours ! - autour du bassin. Que la vie est douce,
parfois
Au
détour d'une allée s'étale la main géante
du feuillage d'un fromager, au tronc énorme dont les raçines
serpentent quelques mètres en surface, comme pour prendre un peu
le soleil avant de s'enfouir à jamais dans la terre noire et rouge.
© JF Macaigne |
Partout,
des fleurs dans les arbres, sur les gazons, à côté
des bassins. On a quelques scrupules à entrer sur les pelouses
au poil ras, mais après un moment, on n'y résiste pas. Ouvrez
grandes vos narines, et ennivrez vous, comme ces dizaines de papillons
et de libellules qui chassent l'odeur comme rien d'autre n'était
important. Et d'ailleurs, rien d'autre n'est peut-être important,
pour eux
©
JF Macaigne |
Allez,
je vous laisse rêver, soupirer, aimer. Le pouvoir des fleurs, comme
le chante Laurent Voulzy, est celui-là. Dans le jardin où
sont à jamais Paul et Virginie, le silence est de rigueur. Et l'on
peut même croire que tous les chefs d'états qui se sont succédés
ici et qui ont chacun planté leur arbre pieusement entretenu dans
une allée spéciale ont eu une pensée pour la paix
dans cette endroit. Cherchez bien, vous y trouverez beaucoup de petites
stelles rappellant qui est venu. Tenez, je vous donne un indice :
près de l'ancienne demeure coloniale somptueuse de La Bourdonnais,
en haut du tertre, on trouve un petit arbre vert et vigoureux planté
par François Mitterand. Non non, ce n'est pas un rosier
|