Mille
ans de mariage avec l'eau
J’adore
Amsterdam. C’est la ville la plus folle, la plus
inventive, la plus belle, la plus riche en découvertes de toutes
sortes, la plus accueillante, la plus renouvelée que je connaisse.
A part ma ville, bien entendu. Il ne faudrait pas que je me mette mal
avec mes amis… Peu de villes sont aussi attachantes.
Bâtie depuis le onzième siècle sur l’eau, avec
l’eau, et aussi contre l’eau, la vieille dame du Nord joue
avec les canaux une représentation permanente de lumière,
de reflets, de tours et de détours, et quelquefois aussi, d’odeurs.
La ville la plus puissante du monde au dix-septième siècle
a établi sa suprématie grâce à l’eau,
qui permettait aux marchands d’accéder facilement aux entrepôts
pour y déposer des marchandises provenant des quatre coins du
monde. Tous
les soirs, entre dix-neuf et vingt heures, la dizaine d’écluses
du centre de la ville est fermée à la main, avec de grandes
roues de bois, et la pompe énorme de l’île de Zeeburg
avale quelques 600 000 mètres cubes de l’Ijsselmeer pour
les rejeter dans les canaux. L’eau de ceux-ci est évacuée
dans l’Ij, entre Noordzeekanaal et Ijsselmeer, et en trois jours,
est renouvelée entièrement. Autant dire que le mariage
entre la cité et l’élément aquatique est célébré quotidiennement.
Cent soixante canaux, et mille ponts pour les enjamber… Les Amstellodamois
vivent avec et sur les canaux. Ces centaines de péniches, maisons
flottantes, bateaux de toutes tailles peuplent le moindre mètre
carré disponible.
Les bonbons qui rendent
fou
Amsterdam est unique. On peut y passer des jours à flâner
par tous les temps, les musées sont magnifiques, les boutiques
incroyables, les gens souriants, l’histoire présente, les
transports pratiques, et leurs bonbons à la menthe que l’on
trouve à toutes les caisses me rendent fou.
La ville ressemble, vue d’avion, à une grosse moitié de
toile d’araignée dont le centre serait occupé par
la gare centrale, sorte de long château rose et blanc, aux décorations
innombrables. Le vieux quartier, aux rues étroites, ornées
d’anciens immeubles de brique ocres, blancs et noirs, est sillonné sans
cesse par des essaims de bicyclettes, dont certaines se révèlent être
de pures œuvres d’art.
Amsterdam
ne change jamais : la gare est toujours en travaux, les
filles toujours aussi belles, et les vélos toujours aussi dangereux.
Ne vous avisez pas de traverser sans regarder. Un tramway freinera. Un
cycliste, non. En plus, vous vous ferez insulter sauvagement. Amsterdam
sans vélos, ne serait plus Amsterdam, mais on peut toujours rêver… D’un
autre côté, il est vrai que les vélos participent
grandement à la fête. Nulle part au monde vous trouverez
des parkings à cycles aussi vastes, des bicyclettes aussi folles,
des cyclistes aussi dédaigneux du bipède. Les sonnettes
sont là pour le rappeler aux touristes.
Une autre chose qui rend la vie agréable, c’est le prix
des fleurs. Dix euros pour cinquante tulipes ! A ce prix-là,
on peut fleurir, la voiture, la chambre d’hôtel, et si l’on
fait attention, elles tiendront une bonne semaine, même pendant
le voyage du retour. Le secret ? Très peu d’eau, et
une poignée de pièces jaunes dans le vase. Essayez, vous
me remercierez…
L'art de vivre amstellodamois
Amsterdam, c’est un art de vivre, qui oscille entre humour, tradition,
bien-être et ouverture d’esprit. Les gens sont curieux, ici.
Curieux de vous, curieux des autres, curieux d’eux-mêmes.
Les relations vont vite, à ce rythme-là. De plus, la plupart
ont un réel don des langues. En plus de la leur, il n’est
pas rare qu’un hollandais parle aussi anglais, français,
allemand…
Promenez-vous
le long des canaux, rêvez, flemmardez, installez-vous
dans un Café Brun pour une bière, un café ou un
thé, prenez le tram pour n’importe où et rentrez à pied,
faites le tour de la ville dans la vedette ou le bateau-bus, dépensez
ce que vous voudrez aux puces ou chez les antiquaires, ne loupez pas
les musées si vous aimez les primitifs flamands, bref, AMUSEZ-VOUS !
Côté Puces,
Waterlooplein est l’endroit où aller
si vous cherchez la petite fringue pas cher, la veste pour cet été ou
le T-shirt déjanté. Pour le reste, antiquaille et brocante,
le choix est plutôt pauvre, mais je n’y étais pas
forcément les bons jours.
Les musts à ne pas
manquer
En termes de musées, et d’endroits où aller, le choix
est pléthorique. Voici une petite liste non exhaustive, mais certainement épuisante.
Dans tous les cas, il faudra revenir…
Le Rijksmuseum : on ne le présente plus. Le siècle
d’or, la peinture flamande, mais aussi des impressionnistes, des
maisons de poupées, la faïence de Delft, et une argenterie à couper
le souffle.
Le musée Van Gogh : 200 tableaux et 500 dessins !
La maison de Rembrandt : retrouvez LA lumière…
Le musée Stedelijk, pour l’art moderne.
L’annexe du musée de l’Ermitage de St Petersbourg.
Le musée Amstelkring : une maison du XVIIème, au bord
du canal. Surprises ! Notamment une « église cachée »,
vestige des églises catholiques aménagées à l’intérieur
des maisons, pour respecter l’interdiction de leur donner des façades.
La maison d’Anne Franck : pour pleurer sur une enfance
perdue et la stupidité humaine.
Bien sûr, il y a aussi le musée maritime, le musée
historique (avec ses tableaux des guildes du XVIIe quasiment dans la
rue), le Palais royal, le Béguinage, Madame
Tussaud, Nemo, royaume
des enfants de tous âges, la maison de Hajenius (le
temple du cigare, sur Rokin), et le marché au fleurs (obligatoire),
où les
blisters de culture de cannabis ready-to-plant voisinent avec
les bulbes et les semis les plus insolites. Si pour vous, la chine n’est
pas un pays d’orient mais un art de vivre, les antiquaires de Looier et
ceux des boutiques du quartier Spiegelwartier, vers
le Rijks sont là pour vous. Traînez dans ces rues où, lorsque
le soir approche, les vitrines ressemblent à autant d’arbres
de Noël. Si vous aimez les demoiselles (ou les dames) toutes nues
ou presque dans les vitrines, le Red district vous ouvre
ses ruelles étroites
le soir… C’est plutôt bon enfant, mais déclenche
toujours un franc succès chez les visiteurs post-ados, surtout
que les coffee-shops et les bars canailles ne sont pas loin. Côté pratique
et gastronomique
Il y a tellement à voir !
Surtout, prenez un pass pour les trams au bureau de l’Office du
tourisme, à l’extérieur
de la gare, vous en aurez besoin. Après une journée entière
de lèche vitrine dans tous les coins de la ville, vos pieds apprécieront.
Idem pour traverser la ville rapidement, du jardin botanique à la
maison d’Anne Franck par exemple.
En
ce qui concerne les restaurants, profitez des indonésiens et
de la viande argentine, difficilement trouvables en France, et surtout,
ne loupez pas au moins un Café Brun
(le Hoppe, par exemple, ou le Papeneiland),
et flânez sur Leidseplein,
près du Paradiso, et sur Rembrandtplein.
Cela m’étonnerait que vous fassiez tout ça en un
seul jour…
Moi non plus, notez. Lorsque je suis à Amsterdam, j’essaie
d’en faire le plus possible. Mais il en reste toujours un peu.
Et aussi, les choses changent, d’une fois sur l’autre. Alors,
entre les essais de ce que je n’ai pas pu faire la fois précédente
et des nouveautés que j’ai envie d’essayer, le temps
me paraît toujours trop court.
Finalement, Amsterdam, c’est peut-être le début de
la sagesse. |