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Du Canal du Midi aux portes de Camargue
JF Macaigne
 
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  Sept à bord (Narbonne - Argens - Ventenac - Le Somail - Capestang - Poilhes)

L’aventure débute à Narbonne, sur une chanson de Charles Trenet, l’enfant du pays. N’importe laquelle. Toutes vont avec ces rues écrasées de soleil à midi, et dont l’ombre fraiche se cherche comme un refuge. Le fou chantant est présent autant dans les ruelles blanches autour de la collégiale St Paul que sous les platanes qui bordent le canal en ville. Le pont des Marchands a les airs florentins du Ponte Vecchio, et les formidables structures du palais des Archevêques imposent leur rigueur austère à la place en contrebas, là même où passait il y a deux mille ans la Via Domitia, construite sur le même chemin qu’empruntèrent Hannibal et ses éléphants un siècle auparavant. Elle menait à Rome, comme ses sœurs, c’est connu, mais nous la laisserons à ses rêves de conquêtes pour filer dans les petites rues rejoindre Argens, à 20 km d’ici, et le Canal du Midi qui paresse sous les cigales.
C'est là que nous prennons possession de la Pénichette®: une 1180 FB toute blanche sous le soleil. Nous sommes sept à bord, et la jeune fille brune à bord ne compte pas pour des prunes. Et je pèse mes mots.
Dans un coude serré, on passe sur un pont-canal. Encore un. Sauf que celui-ci est le Pont-canal du Répudre, l’un des premiers pont-canal de l’histoire. Pierre-Paul Riquet le fit construire en 1676, par plus de 400 ouvriers. A deux kilomètres, Ventenac-en-Minervois est une halte agréable. Un petit village où l’on aborde devant le « château », qui ressemble furieusement à une église. Quoiqu’il en soit, on y célèbre le culte de Bacchus, avec un Minervois rouge ou blanc très honnête, à découvrir au sous-sol, dans le caveau. Le village réserve quelques surprises, comme ce cheval bleu très impromptu dans la cour d’une maison.
pont-canal
canal du midi

Quelques kilomètres et c’est le Somail, où il est impératif de s’arrêter, ne serait-ce que pour visiter l’un des temples du Livre en France : la très extraordinaire Librairie Ancienne, où les quelques 50 000 livres n’attendent que vous. Il y en a pour tout le monde, sur tous les sujets, dans tous les domaines et pour tous les âges ; on y trouve même des ouvrages en anglais, allemand, russe, espagnol, etc… Truffaut pensait que c’était le royaume de l’introuvable. En face, une autre curiosité : la pittoresque péniche-épicerie. Là aussi on trouve de tout, mais sur un autre registre. Essayez le miel de garrigue, vous me remercierez plus tard. Un peu plus loin, une troisième curiosité devrait vous retenir encore : le Musée de la Chapellerie, où 6500 chapeaux et couvre-chefs pour hommes, femmes, militaires, hussards, évêque et chef indien n’attendent que vous. Il existe même une casquette en peau de champignon !
En repartant, vous passerez sous le pont de pierre. Un conseil, visez juste et baissez la tête. Ah ! Ces vieux ponts !
Après, l’enchantement continue. Entre les vignes et les platanes, le bateau avance doucement sur un miroir vert. On passe le pont-canal de la Cesse, et à Port-la-Robine, inévitablement, vous vous poserez la question : Narbonne en bateau ou pas ? Si la réponse est oui, tournez à droite. Sinon continuez tout droit, passez le pont de Pigasse et sa glycine (côté aval), et engagez-vous dans l’une des séries de virages qui compte dans la vie d’un plaisancier. C’est probablement le plus beau passage de tout le Canal. Chacun son goût, bien sûr, mais ces voûtes vertes, ces alignements de troncs qui se reflètent dans une eau immobile créent une ambiance très particulière, qui est en quelque sorte la « signature » du Canal du Midi.
Autour, soyez attentifs, de beaux chevaux vous surveillent du coin de l’œil, et quelques cavaliers viennent galoper le long du chemin de halage. C’est magique. Au bout, c’est Capestang et sa collégiale Saint-Etienne (XIIIe), dont on voit la silhouette massive et la tour de loin. On peut y monter, si on en a le courage, et le panorama le vaut bien. On peut aussi pousser un peu plus loin jusqu’à une halte ombragée et calme : Poilhes. Dormir à Poilhes (on prononce Poye, voyons !) est un vrai délice après cette journée riche en images de rêve.

 
   
Texte & photos : © JF Macaigne