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6 heures du matin. Le jour se lève
à peine sur Louxor. Le Nil paresse doucement et jette ses reflets
verts sur le quai. Nous sommes descendus de l’avion depuis moins
d’une heure, après une courte nuit, et je suis aussi excité
qu’un gamin à qui on vient d’offrir sa première
glace pistache chocolat.
Nous
sommes tous (le groupe) rassemblés dans le bar du bateau, autour
d’un karkadé, la boisson égyptienne de bienvenue par
excellence, qui est en fait un jus d’hibiscus, rouge et frais. Ceux
qui visitent l’Egypte pour la première fois se méfient
– « un jus de fleur ? » - mais une fois
qu’on y a goûté, on ne veut plus autre chose.
Par
les hublots, la falaise rose de la rive occidentale sert de fond aux dizaines
de palmiers qui se penchent sur le fleuve le plus célèbre
du monde antique.Il est calme et lisse comme un miroir, mais on sent sa
force. Les anciens l’appelaient Hâpy. Il a parcouru des milliers
de kilomètres depuis les montagnes de la Lune, où jaillit
l’une de ses sources, loin, loin en Afrique, là où
des gens n’ont jamais entendu parler de l’Egypte.
La distribution des cabines commence. Un peu comme à l’hôtel.
« Sabine et Fredérique… cabine 213. Sabira et Julien…
» Il y a deux Julien qui lèvent la main. Mais il n’y
en a qu’un qui soit marié avec Sabira. Ils ont l’air
amoureux et joyeux. Ils ne sont pas les seuls, d’ailleurs, et je
vois les sourires fleurir sur les visages malgré la fatigue. Certains
ne sont pas marqués sur la liste, et les problèmes commencent
pour le guide-accompagnateur. Dur métier…
Le
jour se lève doucement sur fond de musique d’ascenseur.Il
y a là un pot-pourri des standards internationaux censés
mettre tout le monde à l’aise. Le soleil-Râ apparaît,
accompagné par Sinatra, et la falaise se détache un peu
à la manière d’un arrière-plan de théâtre.
La vie démarre lentement, et les ibis blancs des bords de rive
attaquent leur petit -déjeuner. Au-dessus des palmiers s’élèvent
deux montgolfières multicolores. Tout cela est un peu irréel,
et je commence à avoir faim.
Heureusement, une cabine était bien prévue pour nous, et
après avoir jeté nos affaires sur les lits, nous nous précipitons
vers la grande salle à manger. Nous ne sommes pas les premiers,
et déjà les groupes se forment et tout le monde fait connaissance.
En fait, peu de passagers sur ce bateau. Une cinquantaine, tout au plus.
Par rapport à la taille du navire, ce n’est rien.
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Le temple de Louxor, vu du fleuve |
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Partis !… |
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