Karnac
Une
courte sieste, et les visites commencent. Première étape
: le Temple de Karnac. Tout le monde se suit, et le guide veille sur nous
comme une poule sur ses poussins. Il nous a baptisé « La
Famille Royale », et nous appelle entre les colonnes de la salle
hypostyle. Je remarque qu’il y a d’autres familles royales
dans le temple. L’aristocratie est à la mode…
Les groupes se suivent entre les blocs de pierre sculptés, et Zaki
– c’est le prénom de notre guide – doit attendre
pour nous donner les explications qu’une autre guide, une petite
femme nerveuse habillée d’une robe noire et blanc aux motifs
op-art des années 70, aie fini son speech.
Nous commençons à bien l’aimer, ce guide qui nous
fait vivre les temps anciens à l’ombre d’un ficus énorme.
Il me fait penser à Saint-Louis sous son chêne. Zaki, lui,
ne rend pas la justice. Il nous entraîne dans le temps.
Des
fellahs qui hantent les lieux essayent de grappiller quelques backchichs
– le sport national pour petits et grands – en nous entraînant
vers des angles d’où les photos seront meilleures :
- Hatsepsout ! Hatsepsout ! Monsieur… par ici.
- Speak english ? Deutsch ? Français ?
Même un militaire nous propose de nous prendre en photo contre quelques
billets…
Nous nous déplaçons de colonne
en colonne, de bloc en bloc, de salle en salle, essayant de nous fondre
dans la moindre parcelle d’ombre disponible. La forêt des
fûts gigantesques de la salle hypostyle me rappelle « Mort
sur le Nil », où l’assassin essayait de supprimer Hercule
Poirot, alias Peter Ustinov, en lui balançant un bloc de pierre
depuis le plafond. Machinalement, je jette un regard… Personne ne
joue les funambules là-haut.
"Nous ne sommes en Europe que des
Lilliputiens; aucun peuple ancien ni moderne n'a conçu l'art de
l'architecture sur uneéchelle aussi sublime, aussi large, aussi
grandiose que le firent les vieux Egyptiens; ils concevaient en hommes
de 100 pieds de haut, et nous avons tout au plus 5 pieds, 8 pouces…
L'imagination qui en Europe s'élance bien au dessus de nos portiques
s'arrête et tombe impuissante au pied des 134 colonnes de la salle
hypostyle de karnak…" disait Champollion.
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Nous arrivons au lac
sacré, où les prêtres venaient se purifier tous
les matins avant de commencer les rites. Kephren, le scarabé
sacré, monte la garde. La légende dit qu’il faut
tourner autour une dizaine de fois pour avoir un enfant. |
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Juste à côté,
un obélisque est allongé de tout son long, tel une fusée
carrée prête pour le pas de tir. Un peu plus loin, un
autre obélisque, énorme : c’est celui qu’Hatsepsout
fit ériger sans regarder à la dépense. 30 mètres
de haut, et 200 tonnes ! |
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Cet endroit magique est immense. Plusieurs
dizaines d’hectares nous dit le guide, et il faudrait largement
plus de trois heures pour tout voir. On imagine la vie de ces milliers
de personnes, prêtres, scribes, employés, fidèles,
occupés chacun aux tâches les plus diverses. |
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La chaleur commence à monter.
Il n’est pas loin de midi et demi. Soudain, je sens des yeux
fixés sur moi. C’est un bouc tout noir qui me fixe de
ses yeux jaunes. Je comprends où les sculpteurs de l’allée
des sphinxs ont trouvé leur modèle pour figurer le Dieu
Amon… |
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De retour sur le bateau, des serviettes
chaudes nous accueillent, à la japonaise. Dieu que c’est
bon, comme chantait Balavoine (ou presque).
Nous passons à table. Il était
temps… |
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