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On ne voit pas les mêmes choses quand on navigue, c’est indéniable. Mais quand on s’arrête, on retrouve les haies taillées au laser, ou alors je ne sais pas, les petites maisons disséminées le long des routes, comme des îles au milieu du vert ambiant. Je ne vous avais pas dit que l’Irlande, c’était vert, parce que cela va de soi. Comme la terre qui est ronde, la paille qui est humide dans les cachots, etc… Voyez Flaubert pour le reste.


Lorsqu’on vogue sur une eau bleue saphir, juste ridée par le vent, qu’au loin s’éloigne votre sillage, et que les prochaines terres sont des îlots habités par les oiseaux, on ressent une curieuse impression d’immensité, de retour sur soi, de regard intérieur semblable à nulle autre. Lorsqu’en plus, votre camarade de pont est un vieil ami avec lequel on parle de ces choses qui habitent l’Homme, la plénitude n’est pas loin.

Il faut, bien sûr, être attentif aux bouées qui indiquent la route, ou sinon, gare aux rochers. Mais avec une bonne carte et une paire de jumelles, rien ne devrait vous causer de soucis. La rapidité n’est pas de mise ici. Et sur une pénichette, tout est calculé pour le plaisir, y compris la vitesse. La lenteur, de fait. Cela permet de croiser des régiments de cygnes, sortes de flottilles de petits drakkars blancs, élégants et racés.
Lorsqu’on s’approche des berges, la nature devient spectacle. Ici, un renard, le poil roux en bataille, qui fait le guet, totalement immobile devant un terrier. Là, des moutons, dont les têtes noires se redressent à notre approche, et qui scrutent l’intrus. Plus loin, des massifs immenses d’ajoncs qui se reflètent dans l’eau sur fond de ciel. Et des oiseaux par centaines, planant lentement au-dessus d’une petite île.


Le Lough (3) Ree est ainsi. Intense, sauvage, et prenant. C’est le premier lac sur lequel on s’aventure en partant d’Athlone, l’une des bases Locaboat en Irlande. C’est dans celles-ci que l’on réceptionne la pénichette, avec les explications et les conseils qui vont avec. Elles se conduisent sans permis, ce qui permet aux futurs Magellans d’eau douce de se hasarder sur les flots sans tracas supplémentaire.
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(3) Lac, en gaëlique.

Texte & photos: © JF Macaigne
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