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Petit matin. Burano s’éveille, avec la gueule de bois de
celle qui a trop hurlé ses couleurs le jour d’avant. Sur
un bleu incertain, un canot solitaire s’éloigne entre les bricole vers
San Michele, l’île des morts, dont les cyprès découpent
l’horizon. Et le soir vient, effaçant petit à petit les jeux des enfants.
C’est enfin Burano fantôme, quand les lampadaires blafards éclairent à peine l’eau noire du canal. Un dernier restaurant tardif peine à fermer sur une fondamenta déserte seulement habitée par le clapot des bateaux qui s’endorment. Quelques groupes encore, qui impriment à peine une image fugace sur les murs, comme si leur transparence les fondaient définitivement dans un paysage à la Toffoli.
La lumière est verte, teinte les quais. Dans le ciel un campanile de guingois troue l’obscurité de sa flèche orange. C’est la nuit. Burano s’endort. Les façades deviennent cadavres de couleur, et doucement s’enfoncent dans les eaux tièdes des rii. |
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Texte & photos: JF Macaigne |
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