Noël à Venise   JF Macaigne 

Vivre Noël à Venise ! Une expérience un peu particulière à deux qui bouscule pas mal les idées reçues. Cliquez sur les vignettes pour visionner les 51 photos du diaporama…

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Il est essentiel d’arriver quelques jours avant, pour s’imprégner de l’ambiance de la Cité. Si vous avez de la chance, le soleil règnera sans partage sur les toits et les monuments.  Les statues de la Place San Marco prennent alors une blancheur quasi virginale, et toutes les scènes que racontent les frontons de la basilique se découpent sur un azur sans faille. Les ailes dorées des anges, longues et effilées, célèbrent toutes le mariage entre l’eau et le ciel, entre la République et le Paradis.
En bas, plus prosaïquement, on continue de s’amuser avec les pigeons, on flotte sur l’or du Grand Canal, ou on se perd dans des fondamente esseulés ou des campielli subitement déserts. Quelques murs, quelques guirlandes, célèbrent la fête à venir, mais rien ne permet vraiment de distinguer la période d’un autre temps dans Venise la Belle.
Où sont-ils donc tous ?
On retrouve la foule dans les rares marchés de Noël, comme celui du Campo San Stephano par exemple, ou celui, plus classique, de Strada Nuova dans Cannareggio. C’est dans cette dernière que vous achèterez les pâtisseries de Noël multicolores, les panettones, et les chocolats habillés de rouge, et aussi la maroquinerie et les cravates en soie dans les échoppes au milieu de la rue. Sur les murs des maisons, quelques pères noël précoces escaladent les murs discrètement, en se figurant qu’on ne les voit pas. Les arcades de la place Saint-Marc arborent quelques guirlandes discrètes, quelques crèches décorent les vitrines des magasins, dans lesquelles apparaissent de temps à autre la face joviale du barbu rieur.
Les crèches, c’est l’affaire de quelques spécialistes, que l’on croise par hasard en train de fabriquer leurs chefs d’œuvres en plein vent. Du grand art. D’autres crèches aussi, dans les églises, cette fois. Plus traditionnelles, mais tout autant imprégnées de foi.
Sur le Grand Canal, les gondoles jouent la pause. Ce n’est pas la pleine saison touristique. C’est pourtant le moment d’en profiter : les prix baissent un peu, et il y a moins de monde. Et entre nous, exceptés les courants d’air qui parcourent les rues étroites, Venise en hiver, ce n’est tout de même pas la Sibérie. Vous en profiterez pour faire le plein de concerts (il y a moins de monde à la Fenice, par exemple), y compris dans les rues, comme au Campo San Stephano et avec cet extraordinaire joueur de « verres » :
Parfois, une musique vient de nulle part et chatouille l'oreille. On cherche. On se dirige au son. Il est là, l'homme aux verres enchantés. Avec la main sûre et légère d'une dentelière, il cisèle sur le bord de ses verres Mozart, Vivaldi ou des chants de Noël. Quasiment n'importe quoi. On ne sait pas d'où il vient, ni où il va après. Je l'ai croisé derrière l'Accademia. C'était magique.
Assez peu de décorations de Noël dans les rues, donc. En fait, la fête est ici avant tout familiale. Ce qui remplit les vaporetti mais moins les hôtels. Les autobus flottants de Venise s’enfoncent beaucoup dans l’eau du Grand Canal, et on tangue un peu, mais, comme me le disait un Vénitien, « aussi loin que l’on se souvienne, pas un seul n’a jamais coulé »…
On croise aussi dans les rues d’étranges personnages, montés sur ressorts, des trolls multicolores, et bien sûr quelques Pères Noël qui tentent de lier la conversation avec de jeunes enfants très suspicieux, voire effrayés et même terrorisés, surveillés de près par leurs grands frères qui savent, eux, qu’un type avec un costume pareil, ça n’existe qu’au cinéma ou dans les centres commerciaux. Exception faite de cet homme costumé en houppelande rouge qui quête en haut du pont du Rialto. Son violon pleure les airs les plus tristes qui soient, et on se prend à rêver à une époque où les Pères Noël n’étaient pas obligés de faire la manche pour survivre les onze mois restants.

En fait, Noël à Venise se réserve aux Vénitiens. Ceux qui habitent là à longueur d’année, et ceux dont le cœur ne quitte jamais les eaux vertes de la lagune. C’est une fête familiale, un peu privée, un peu entre soi. Une parenthèse dans l’année. Si vous faites partie de ceux là, Gioioso Natale* !
Sinon, rendez-vous Place Saint-Marc pour le réveillon du 31 décembre. Le monde entier y vient pour s’embrasser au dernier coup de minuit, même si quelques avinés préfèrent s’exprimer autrement de façon plus personnelle et plus intime sur les murs.

* Joyeux Noël aussi aux autres, évidemment ! Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit.

La lagune
Texte & photos: JF Macaigne
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