Mise à part la distance imposée par les deux gros pare-battages
noirs à l’arrière du bateau, le pont de l’Europa
700 est à hauteur de quai. Après, bien sûr, on s’élève :
huit marches pour arriver sur le pont supérieur, là où tout
homme normalement constitué commence à éprouver
un léger sentiment de supériorité. Il faut dire
que ce pont-là n’incite pas à aller ailleurs voir
si la vie est belle. Pont en teck, frigo, lavabo design, stéréo
partout, et poste de pilotage façon runabout italien. Du grand
art… Même l’escalier extérieur est lui aussi
recouvert de teck. Plus doux aux pieds nus, et moins glissant. Quand
on se baigne dans un lac allemand et que le soleil tape un peu, j’ai
toujours trouvé fascinant de voir les traces de pieds s’effacer
peu à peu.
Le 700 est sensuel. Il a des courbes. On se prend de temps en temps à les
caresser. Ça fait du bien à la paume de la main. Et puis, honnêtement,
il est vraiment agréable à regarder. Impressionnant, aussi : à 3,20m
d’altitude, on regarde les autres bateaux d’en haut. Il est aussi
plus large. Plus de 45cm que les autres modèles de la gamme. De plus,
tous ces centimètres ont été exploités à fond
dans les largeurs intérieures. Ce qui donne une impression de vie de château
immédiatement perceptible dès que l’on est descendu au salon.
Neuf marches, pas moins, séparent les deux ponts, et chacune d’entre
elles est rétro-éclairée par de petites diodes, comme
sur un modèle d’exposition. Non seulement, c’est joli, mais
cela participe à la sécurité. On voit où l’on
met ses pieds. La moquette en laine gris perle vous suit jusque dans les chambres.
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A l’avant, deux lits forment un grand triangle de confort. Rangements
partout, placards et luminosité. Il est loin le temps où il
fallait se baisser dans la cabine avant, qui était réservée
aux voiles ou à l’équipage,
dans le meilleur des cas. Sur les étagères qui courent le long
des parois recouvertes de bois, on peut placer tout son petit matériel,
bouquins, téléphone - un quoi ? -, etc.
Au plafond, un gros hublot rond en verre fumé par lequel on peut jouer
les observateurs. A condition évidemment de monter sur un tabouret, car
la hauteur intérieure fait un bon mètre quatre vingt dix quand
même, à l’avant… Enfin, je parle pour moi.
La cabine de douche est de plus en plus design, avec robinet et douchette ultra
modernes (et ultra efficaces) et un pare-douche transparent du plus bel effet.
A l’arrière, dans une cabine transparente arrondie, la largeur aux
coudes est phénoménale. A tel point que l’on peut se baisser
pour ramasser son savon sans avoir besoin de s’accroupir. Cerise sur le
gâteau, les pompes des WC ont disparu, remplacées par un petit réservoir.
Comme chez soi…
Dans les chambres, l’arrondi des portes des cabines de douche s’est
accentué, et la literie est toujours aussi confortable. Autant dire qu’il
vaut mieux emmener un petit réveil pour être à l’heure
aux écluses. Les fenêtres sont munies de moustiquaires (bien vu),
et un grand nombre de spots encastrés permet de varier les éclairages.
L’impression
globale du confort à bord se situe au niveau d’un
hôtel 5 étoiles. Avec une recherche dans le détail qui laisse
rêveur, comme par exemple l’amorti lorsqu’on laisse se fermer
les tiroirs ou les placards seuls. Les chambres arrière et le salon sont
sur le même niveau, et la climatisation (vous avez bien lu !) est
modulaire, c’est à dire qu’elle est réglable différemment
dans les chambres et le salon. Les tons chauds, orange et beige, ont été privilégiés,
et le bois omniprésent se marie parfaitement avec le blanc cassé des
parois et portes des cabines. Partout, on trouve des prises de courant 220v pour
ses ustensiles électriques. Fini le temps où il fallait recharger
son téléphone sur la prise allume–cigare. Attention seulement
de ne pas brancher d’appareil trop gourmand (sèche cheveux, aspirateur,
etc) lorsque le bateau navigue.
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Le salon prend ses aises. Même à six, il est encore vaste,
et il reste de la place autour de la table. La TV joue toujours les gadgets,
mais la cuisine innove, avec un four au gasoil. Vous verrez, au début ça
surprend, mais comme cela ne sent strictement rien, on oublie rapidement. Les
plaques de cuisson sont en vitrocéramique, toutes noires, et le réfrigérateur
fait 170l. Avec celui du pont supérieur, vous avez de quoi stocker !
L’Europa 700 innove aussi sur d’autres plans, comme la maniabilité et
le plaisir de conduite. La puissance du moteur a sensiblement augmenté,
et cela fait la différence lorsqu’on traverse un lac. D’autre
part, les deux propulseurs hydrauliques d’étrave avant et arrière
permettent au bateau (14,40m) de pivoter sur place. Vraiment. Un peu comme si
les quatre roues d’une voiture étaient directionnelles. C’est étonnant,
incroyable, et on s’y fait vite !
Le
plus étonnant dans le pilotage du 700 reste quand même sa souplesse,
son silence, et son faible sillage. Le travail sur la coque et les turbulences
est remarquable. Il n’y quasiment pas de vagues à l’arrière,
même à bonne allure.
Lorsqu’on pilote depuis le pont haut, c’est royal. On domine la situation,
et on peut placer le bateau où on le souhaite. Il faut cependant redoubler
d’attention en marche arrière car la visibilité est réduite,
du fait de l’encombrement du bateau. Les choses ne s’améliorent
pas en pilotant de l’intérieur, mais il a été prévu
une petite caméra qui balaye tout le pont arrière. L’instrumentation
est complète, et on trouve même une petite station météo
un tantinet pessimiste. L’ancre se manœuvre électriquement
des deux ponts, et ce n’est pas le moindre des avantages lorsqu’on
cherche un endroit pour la nuit.
L’Europa 700 approche du superlatif. La perfection n’étant
pas de ce monde, il est difficile de savoir où la conception va s’arrêter
sur le chemin du confort et de la navigabilité. On se prend à rêver
d’un Europa 500, à deux cabines, sur le modèle du 400. Mais
peut-être est-il déjà dans le carton à dessin du créateur,
va savoir…
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