Vers le sud-ouest.
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Le
lendemain, nous reprenons notre route en longeant les cabanes de pêcheurs
du Ziernsee. Dans l’Ellbogensee, nous croisons
l’autre Europa 700 qui navigue dans ces eaux – c’est
encore un bateau rare – et cela fait drôle de voir un double
juste en face. Nous dépassons Priepert, centre
de notre étoile, et piquons vers Strasen, son écluse,
et sa passerelle de bois…
Nous entrons ensuite dans le Pälitzsee. Le Grand Pälitzsee d’abord,
pendant quelques dizaines de mètres, puis le Petit Pälitzsee et
ses curieux chalets de vacances aux toits de chaume pointus. Ils se cachent derrière
un rideau de roseaux et possèdent tous leur petitponton. Des vacances
agréables…
Après
le déjeuner sur le pont, nous obliquons vers Kleinzerlang au
milieu d’une solide explication chez une colonie de foulques qui
vit là.
Il y a de l’orage dans l’air. Chez eux. Chez nous, c’est
le grand beau avec juste quelques petits nuages. Le bateau continue de
tracer sa route avec la plus grande régularité. Nous avons
quitté la
Havel, et entamons notre descente des lacs jusqu’à Rheinsberg au
milieu d’une forêt de hêtres. Enfin, il me semble,
je ne suis pas un spécialiste. Les lacs se succèdent :Titowsee, Schlabornsee,
et bientôt Rheinsberger See et Grienericksee en
fin d’après-midi. Avant même d’aborder,
nous admirons le château de Rheinsberg depuis le lac. C’est
une jolie bâtisse rococo d’un beige immaculé, entouré d’un
parc renommé. Il est trop tard pour visiter (fermeture à 17h),
mais, après avoir amarré le bateau au port, nous partons
faire un tour dans le parc, qui lui reste ouvert. Il est immense, principalement à la
française, mais une partie a été conservée
sauvage, et de petits ponts de bois enjambent quelques marécages.
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Comme
en ville, l’air embaume le tilleul. Ils sont en fleurs en ce moment,
les abeilles sont folles de joie, et sincèrement, nous aussi.
Dans un coin du parc, la curieuse sépulture en pyramide tronquée
de Henri de Prusse, frère de Frédéric II, qui lui
avait donné le château où il vécut jusqu’à sa
mort en 1802. Pendant que nous visitons le parc, le ciel s’est
rapidement plombé, le soleil s’est couché, et nous
rentrons au bateau lorsque les premières gouttes s’écrasent
sur le pare-brise du bateau. Le lendemain, l’orage n’est qu’un
souvenir, et nous repartons vers le château. C’est une visite
de plus de deux heures, passionnante pour celui qui aime l’art et
les beaux meubles. Henri avait un goût très sûr en matière
de peinture, et on peut admirer des œuvres de Murillo, Van Dyck,
un charmant petit tableau de Françoise-Eléonore de Sabran
par Elisabeth Vigée-Lebrun, ainsi que toute une série de
portraits de Voltaire (peint par Quentin de la Tour), Molière, La
Fontaine, Corneille, Descartes Buffon, et d’autres lumières
du siècle du même nom.
On
y voit également des bustes de Lafayette, Condorcet, Molière,
un poêle gigantesque en faïence, un fauteuil bergère
argenté ravissant dans une petite pièce bleue romantique,
un lit à baldaquin décoré de plumes d’autruche,
quelques tableaux réalisés par Frédéric II
qui avait un joli trait de plume, des soieries chinoises, et quantité de
salons plus raffinés les uns que les autres. J’arrête
ici cette liste à la Prévert, ce château-là tout
seul vaut le voyage. Il fut transformé en hôpital de 1953 à 1990,
mais j’imagine qu’alors, il n’y avait peut-être
pas tous ces trésors.
La
petite ville est allemande, propre et rigolote, avec de jolies maisons
peintes, un biergarten ombragé, des fleurs partout, des
boutiques sympas et des chevaux à bonnet d’âne.
Nous sommes repartis presque à l’heure du déjeuner, en laissant
notre copine la colvert Gertrude qui nous aimait bien. Enfin, surtout le pain
qu’on lui donnait. C’est vrai qu’il est bon ce pain
allemand.
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