Vers le nord.
Nous
avons fait le voyage à l’envers jusqu’à Priepert,
en croisant une splendide Amphicar rouge vif, voiture amphibie
construite dans les années soixante et quatre joyeux lurons (et
luronne) qui ne laissaient pas indifférents sur leur passage.
A partir de Priepert, il faut virer au nord vers le Großer
Priepert See, en traversant un petit canal. A partir de là, les choses
changent. On entre dans le grandiose. L’eau du lac a viré au bleu
somptueux, dense et profond, et le ciel est à l’unisson. Tout est
plat, sans une ride.
Dans
le lac suivant, le Wangnitzsee, une petite île marque
la limite de navigation pour les bateaux à moteur. Nous retrouvons
la Havel, et nous nous enfonçons dans la forêt. On dirait
que les arbres boivent l’eau de la rivière avec leurs feuilles.
L’air est parfumé au tilleul, les merles s’égosillent
et l’eau joue les miroirs. Du pur bonheur.
Une passerelle de bois à l’aspect
moyenâgeux nous barre la
route à la sortie d’un petit lac. Vue de loin, elle paraît
trop basse pour nous, alors nous nous approchons avec circonspection. A vitesse
réduite, après avoir fermé la trappe d’accès à l’escalier
et descendu le vélo, nous… passons. Tranquillement, même.
A condition de ne pas être debout à ce moment-là tout de
même. Attention au mal de crâne, cela arrive d’un coup !
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Le Woblitzsee est à l’unisson des lacs précédents.
Une nature sauvage et violente en couleur. Même le ciel se remplit
de nuages magnifiques. Cela sent un coucher de soleil magnifique dans
un futur proche. Il sera pour le lac d’après, le Zierker
See, où se trouve Neustrelitz, tout au fond.
Notre
arrivée à l’heure de l’apéro ne passe
pas inaperçue. Je cherche une place où nous glisser, mais
il semble impossible de se faufiler entre les pieux ; il manque
quelques petits centimètres. Je passe alors par-derrière
les poteaux de bois, aidé par deux plaisanciers qui me guident
depuis le quai, et aussi plus qu’épaulé par les deux
propulseurs avant et arrière de l’Europa. Je réalise
un créneau presque parfait en marche avant, et en quelques minutes
nous sommes à quai. L’un des hommes qui m’a aidé revient
avec de la vodka fraîche et des verres en plastique pour trinquer à notre
arrivée. C’est trop de gentillesse. Nous ouvrons nous aussi
le bar, et la conversation ne s’arrête que lorsque nos estomacs
se manifestent un peu trop. Il est plus que l’heure de passer à table.
Nous ferons une promenade digestive…
Neustrelitz apparaît dans l’Histoire en
1278, mais ne commencera à acquérir de renommée
qu’au XVIIIe siècle, lorsqu’à la suite de l’incendie
de son château, le duc Adolphe Frédéric III de Mecklembourg-Strelitz
vint habiter un pavillon de chasse au bord du Zierker See. La
ville devint en 1736 la capitale gouvernementale du duché. Jusqu’en
1918, elle demeura la résidence des ducs et grands-ducs, puis
de 18 à 33, sous la République de Weimar, elle devint capitale
de l’Etat libre de Mecklembourg-Strelitz.
Le
château, détruit en 1945, n’existe plus. On peut
cependant se promener dans les jardins, visiter l’Orangerie, la
chapelle (1855) du château qui est maintenant désaffectée
et sert de galerie d’expositions d’art, admirer un petit
temple néo-classique d’Hébé, et monter sur
un tumulus voir le temple de Louise (1891), qui abrite le corps de la
reine Louise de Prusse. En ville, quelques jolies maisons XIXe, l’église
sur la grande Place du Marché, et l’Hôtel de Ville
de 1841. Les boutiques disparaissent dans les immeubles austères,
et il est assez difficile de les repérer. Les sourires sont néanmoins
bien là, et les gens rencontrés sont d’une amabilité extrême.
La ville a récemment entamé un programme de réhabilitation
des entrepôts du port en appartements modernes, et c’est
visiblement une réussite. Le tour de ville est assez rapide, mais
l’atmosphère qui se dégage de l’ancienne capitale
de région est calme et reposante.
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