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 De Santenay à Chagny il n’y
a qu’un pas, que nous franchissons allègrement, pour nous
amarrer dans le port, très international : nous y croiserons
Allemands sur un bateau de location, Norvégiens dans une barque
en bois ressemblant à un petit drakkar, et même une péniche
aux couleurs américaines !
En ville, nous jetons quand même un coup d’œil à la
carte tri-étoilée de Lameloise, pour chiper quelques
idées. Il faudra que nous essayions le filet de Salers rôti à l’échalote,
accompagné de queue de bœuf et truffes noires dans la cuisine
du bateau. Quoique… la poitrine de pigeonneau pochée
et rôtie dans un consommé aux trois poivres, ça paraît
bien aussi. Il faut voir…
En son temps, Victor Hugo avait déjà remarqué l’église
Saint-martin et son gros clocher carré des XIe et XIIe siècle.
A l’intérieur de l’église, on trouve de beaux
piliers, un bas relief magnifique sous l’autel de gauche, et une
petite grotte évoquant Lourdes à l’entrée.
Dehors, un calvaire représente d’un côté Jésus
en croix, et de l’autre la Vierge présentant l’Enfant,
une représentation assez rare soulignée par la pose d’un
miroir sur le mur attenant. En ville, les amateurs de vieilles pierres
et de souvenirs du passé chercheront la tour de la rue des Fossés,
du XIIIe siècle, la tour de guet du XVIIIe, l’apothicairerie
de l’Hôpital et sa merveilleuse collection de pots en porcelaine,
ainsi que le théâtre des Copiaus, jolie salle du XIXe à l’italienne.
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Chagny est le départ idéal pour cette route
des Grands Crus qui emmène jusqu’à Beaune et
au-delà, par Chassagne-Montrachet, Puligy-Montrachet, Meursault, Volnay et Pommard.
Les panneaux indicateurs seulement sont un appel à l’imagination,
mais si vous avez l’occasion de vous aventurer en dehors du bateau, à bicyclette
(prévoyez quand même des mollets bien entraînés)
ou en taxi, toutes ces petites villes regorgent de trésors architecturaux,
et bien évidemment, de bonnes adresses gastronomiques trop longues à toutes
citer.
Entre Chagny et Chalon
A la sortie de Chagny, le bateau traverse un long couloir vert avant d’arriver à une série d’écluses automatiques.
Elles sont profondes, mais rapides. Les bollards flottent et descendent
avec le vidage du sas. Il suffit donc de passer son écoute autour
pour maintenir le bateau, et tout se fait tout seul. On tient les deux
brins à deux mains, pour « sentir » l’haussière » et éviter
qu’elle ne se coince. Ce petit conseil vaut aussi lorsque l’écoute
est passée autour d’un bollard fixe.
Attention cependant si, comme nous, vous décidez de vous arrêter
en chemin pour une halte déjeuner : lorsqu’on tire
sur la corde bleue de démarrage, cela entame une double action.
D’une part cela vide le sas, mais d’autre part, cela prévient
l’éclusier de votre passage pour qu’il puisse préparer
l’écluse suivante à distance. Si donc vous vous arrêtez,
l’éclusier, ne vous voyant pas arriver, va se demander où vous êtes
passé, et envoyer une voiture. Mieux
vaux donc prévenir
l’éclusier au numéro indiqué dans l’écluse.
On ne le sait pas, mais, pendant que l’on passe des vacances agréables
et quelque peu indolentes au fil de l’eau, tout un petit monde
s’agite en transparence pour vous permettre de couler des jours
heureux…
Le canal passe à hauteur du toit des maisons. Cela fait toujours
un peu bizarre. Comme si l’on circulait sur le faîte d’un
barrage. L’écluse 32 nous accueille dans une profusion de
fleurs. Un jardin magnifique à l’anglaise, peuplé de
dizaines d’essences différentes, harmonieusement plantées.
Il y a des éclusiers qui ont vraiment du talent !
Une
petite chapelle en ruine, sur le côté gauche, annonce
les deux écluses de Fragnes, dans les faubourgs
de Chalon-sur-Saône. Nous voici presque rendus à l’une
des grandes étapes du voyage, mais avant, il faut passer la dernière écluse,
celle qui verrouille l’entrée de la Saône, et qui
termine le Canal du Centre. L’écluse de Crissey est
impressionnante : presque 11 mètres de chute (10,76m), et
une porte aval à guillotine. Tout pour le grand frisson !
Nous arrivons sur la Saône. Changement d’échelle.
Tout est plus vaste, plus large. Un skiff solitaire nous précède à force
d’avirons. Il nous escortera jusqu’à sa base, à l’entrée
de Chalon, sans jamais se laisser doubler. Alors que nous passons sous
le grand pont suspendu, il fait demi-tour et repart dans l’autre
sens.
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