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Si
vous avez encore quelques heures devant vous à votre journée
d’arrivée, sortez de la ville. Allez planter vos piquets
sur le bief avant l’écluse de Painfaut. Vous pourrez même éventuellement
vous amarrer au ponton qui se trouve face aux rochers spectaculaires
de l’Île aux Pies. Si le cœur vous en dit, et si vous
n’avez pas le vertige, à une vingtaine de mètres
au-dessus de l’Oust, la vision est forcément différente…
C’est à cet endroit-là qu’il faut faire attention : à quelques
encablures se situe à droite l’embranchement pour aller
vers la Gacilly, fief d’Yves Rocher. Je sens qu’il y en a
quelques unes qui dressent l’oreille. Attendez, ce n’est
pas tout.
Le confluent avec l’Aff, qui mène à la Gacilly, se
fait dans une zone de marécages, où les poules d’eau
semblent marcher sur les nénuphars et les plantes aquatiques qui
tapissent la surface. Quelques cygnons encore gris errent ça et
là, de jolis buissons mauves piquent le vert de taches de couleur,
l’endroit est irréel. Cela ne fait que commencer… D’ailleurs,
les « bouées » qui jalonnent le début
du parcours ressemblent à des grosses fusées de feu d’artifice.
Le spectacle est prêt, il n’attend plus que vous.
Vous avez maintenant le privilège de naviguer sur une petite
rivière
totalement charmante, dont la source est à Brocéliande
(mais oui !), et qui est donc forcément magique. Je dis ça
pour les enfants, les grands ne croient plus à rien, eux seuls
savent encore apercevoir les petits êtres presque invisibles qui
peuplent les sous-bois. Et, de fait, le trajet – deux à trois
heures, c’est selon – sort de l’ordinaire. La lumière
joue avec les arbres, les plantes se mirent dans l’onde calme,
les racines jouent à se tordre et à plonger dans l’eau,
les reflets et la lumière se marient sans cesse dans un ballet
tout le temps renouvelé. Les branches des arbres masquent la rivière,
et il faut, lentement, très lentement, percer le mystère
de la route de l’Aff. Elle tourne, virevolte, s’emberlificote
au sein du végétal. On entend les oiseaux, mais bien malins
ceux qui peuvent les apercevoir. Le temps s’efface, on essaie de
faire le moins de bruit possible, comme sur la pointe des pieds, pour
finalement débusquer une grande tache de lumière qui disparaît
aussitôt. La vision fugace d’une fée. Regardez dans
l’eau, c’est là qu’elles sont. Les couleurs
changent, du gris au vert, de l’ocre au sable. C’est ici
qu’il faut savourer la vie.
Au détour d’un
virage qu’apparaît
La Gacilly, au milieu des fleurs, partout, sur le pont, aux fenêtres,
dans les murs, les prés. Les murs de pierre des vieilles maisons
bretonnes dansent le fest-noz à longueur d’année.
L’été, seules trois personnes ont la lourde charge
de s’occuper des quatre cent jardinières qui décorent
le village, mais c’est un chef d’œuvre. Le petit port
accueille la Pénichette® avec le sourire. Nous ne sommes pas
nombreux, et c’est tant mieux, parce qu’il n’y a pas
beaucoup de place, Mais vous savez comment c’est, on trouve toujours à s’amarrer… Une
ribambelle de petits bateaux électriques permet aux touristes
de passage d’aller se perdre chez les fées sans bruit, le
dimanche avec les enfants. Avec notre Pénichette® 1500FB,
nous faisons figure de yacht. Un yacht incroyablement manœuvrable :
pas une fois nous n’avons eu la moindre difficulté à nous
faufiler entre les arbres, à l’aller comme au retour. Un
velours…
Lorsque nous sommes arrivés à La Gacilly, le village était
transformé en exposition photo. Une aubaine ! …et
un régal pour les yeux. Dans les rues, la fête, et des couleurs
partout. Même une bergeronnette citrine qui marchait sur les pierres
du petit barrage !
Une pléiade d’artistes (bijoutier, potier, relieur, calligraphe,
costumier, et j’en passe) se sont installés dans ce petit
bourg depuis maintenant plus de trente ans. On visite bien entendu Yves
Rocher (le vegetarium, le jardin botanique…) et un parcours olfactif
qui sort de l’ordinaire. Si vous avez été sage, et
uniquement, vous aurez droit à une « roche piquée »,
un croustillant praliné au sarrasin dont vous me donnerez des
nouvelles.
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