De Redon à Josselin
JF Macaigne
 
Pénichette® 1500 FB - Redon - La Gacilly - Malestroit - l'Oust - Josselin
 
 

Si vous avez encore quelques heures devant vous à votre journée d’arrivée, sortez de la ville. Allez planter vos piquets sur le bief avant l’écluse de Painfaut. Vous pourrez même éventuellement vous amarrer au ponton qui se trouve face aux rochers spectaculaires de l’Île aux Pies. Si le cœur vous en dit, et si vous n’avez pas le vertige, à une vingtaine de mètres au-dessus de l’Oust, la vision est forcément différente…
C’est à cet endroit-là qu’il faut faire attention : à quelques encablures se situe à droite l’embranchement pour aller vers la Gacilly, fief d’Yves Rocher. Je sens qu’il y en a quelques unes qui dressent l’oreille. Attendez, ce n’est pas tout.
Le confluent avec l’Aff, qui mène à la Gacilly, se fait dans une zone de marécages, où les poules d’eau semblent marcher sur les nénuphars et les plantes aquatiques qui tapissent la surface. Quelques cygnons encore gris errent ça et là, de jolis buissons mauves piquent le vert de taches de couleur, l’endroit est irréel. Cela ne fait que commencer… D’ailleurs, les « bouées » qui jalonnent le début du parcours ressemblent à des grosses fusées de feu d’artifice. Le spectacle est prêt, il n’attend plus que vous.

Vous avez maintenant le privilège de naviguer sur une petite rivière totalement charmante, dont la source est à Brocéliande (mais oui !), et qui est donc forcément magique. Je dis ça pour les enfants, les grands ne croient plus à rien, eux seuls savent encore apercevoir les petits êtres presque invisibles qui peuplent les sous-bois. Et, de fait, le trajet – deux à trois heures, c’est selon – sort de l’ordinaire. La lumière joue avec les arbres, les plantes se mirent dans l’onde calme, les racines jouent à se tordre et à plonger dans l’eau, les reflets et la lumière se marient sans cesse dans un ballet tout le temps renouvelé. Les branches des arbres masquent la rivière, et il faut, lentement, très lentement, percer le mystère de la route de l’Aff. Elle tourne, virevolte, s’emberlificote au sein du végétal. On entend les oiseaux, mais bien malins ceux qui peuvent les apercevoir. Le temps s’efface, on essaie de faire le moins de bruit possible, comme sur la pointe des pieds, pour finalement débusquer une grande tache de lumière qui disparaît aussitôt. La vision fugace d’une fée. Regardez dans l’eau, c’est là qu’elles sont. Les couleurs changent, du gris au vert, de l’ocre au sable. C’est ici qu’il faut savourer la vie.

Au détour d’un virage qu’apparaît La Gacilly, au milieu des fleurs, partout, sur le pont, aux fenêtres, dans les murs, les prés. Les murs de pierre des vieilles maisons bretonnes dansent le fest-noz à longueur d’année. L’été, seules trois personnes ont la lourde charge de s’occuper des quatre cent jardinières qui décorent le village, mais c’est un chef d’œuvre. Le petit port accueille la Pénichette® avec le sourire. Nous ne sommes pas nombreux, et c’est tant mieux, parce qu’il n’y a pas beaucoup de place, Mais vous savez comment c’est, on trouve toujours à s’amarrer… Une ribambelle de petits bateaux électriques permet aux touristes de passage d’aller se perdre chez les fées sans bruit, le dimanche avec les enfants. Avec notre Pénichette® 1500FB, nous faisons figure de yacht. Un yacht incroyablement manœuvrable : pas une fois nous n’avons eu la moindre difficulté à nous faufiler entre les arbres, à l’aller comme au retour. Un velours…
Lorsque nous sommes arrivés à La Gacilly, le village était transformé en exposition photo. Une aubaine ! …et un régal pour les yeux. Dans les rues, la fête, et des couleurs partout. Même une bergeronnette citrine qui marchait sur les pierres du petit barrage !

Une pléiade d’artistes (bijoutier, potier, relieur, calligraphe, costumier, et j’en passe) se sont installés dans ce petit bourg depuis maintenant plus de trente ans. On visite bien entendu Yves Rocher (le vegetarium, le jardin botanique…) et un parcours olfactif qui sort de l’ordinaire. Si vous avez été sage, et uniquement, vous aurez droit à une « roche piquée », un croustillant praliné au sarrasin dont vous me donnerez des nouvelles.

 
   

Texte & photos : ©JF Macaigne

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