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Après le chemin des écoliers, direction Malestroit. L’Oust
cède la place un moment au Canal de Nantes à Brest, rectiligne
et lisse comme une chemise neuve. Du côté de la Touche aux
Sourds, l’Oust revient, et à de rares exceptions, on le
navigue jusqu’à Josselin. A quelques kilomètres de
la Touche aux Sourds (ce nom me fascine), Peillac se visite volontiers
pour le château de la Graë, le camp romain du bois de la Chauvaille,
les manoirs du XVIIe, l’ancien château de Crahac, où subsiste
dit-on des souterrains inexplorés, les moulins, l’église
Saint Sabulin du XVIe, et les deux chapelles. Entre autres. Et comme
les choses sont bien faites, il y a même un ponton pour accoster.
A quelques kilomètres de là, les fleurs de l’écluse
du Gueslin vous attendent, ainsi que le sourire et les histoires
de l’éclusier. Cette écluse,
ainsi que celle de Beaumont, une dizaine de kilomètres
plus loin en amont, ont remporté plusieurs fois le concours des écluses
fleuries. Elles ne sont pas les seules à créer des festivals
de couleurs, mais il faut reconnaître que la décoration
est particulièrement réussie.
Nous avons fait halte pour la nuit à quelques minutes en vélo
du village de Saint Laurent sur Oust, au
pied d’une passerelle
de métal verte. Sans trop se presser, on peut visiter aux alentour
un site néolithique, le château de Beaumont, du XIIIe, faire
copain avec les ânes, et se promener dans le village proprement
dit, dont une maison date de 1624. La soirée est douce et calme,
au son d’un concert Vivaldi sur la stéréo du bord.
Soyons fou, personne ne nous entend… Nous dégustons la
nuit, sur le pont supérieur, à la lueur des bougies parfumées à la
citronnelle. Elles doivent être efficaces, parce les moustiques
se tiennent respectueusement à l’écart. Le sommeil
et le silence, ponctué de quelques rares hululements, a bientôt
raison de nous et chacun réintègre sa cabine et ses lits
douillets.
Se promener dans Malestroit, la « perle
de l’Oust »,
est un voyage dans le temps. Les maisons à pans de bois foisonnent,
en majorité du XIVe, et l’église Saint-Gilles est
une pure merveille. Sa construction débuta en 1144, sur le site
d’une fontaine sacrée. On entre par le côté sud
de la nef, entre les symboles des quatre évangélistes :
Le lion de Saint Marc, chevauché par le jeune homme de saint Matthieu,
et de l’autre côté de la porte, un bœuf magnifique
(Saint Luc), sur un socle gravé de l’aigle de Saint Jean.
A l’intérieur, admirez les poutres sablières sculptées
et ouvragées. Faites un tour par l’Office du Tourisme, de
l’autre côté de la place, où vous glanerez
moult renseignements sur la ville et ses environs. Pour le ravitaillement,
ciblez la place du Docteur Jean Quelnnec et son supermarché, où vous
trouverez de tout, ou presque.
Malestroit fut l’un des hauts lieux de la guerre de cent ans :
une trêve y fut signée en 1343 entre Edouard III et Philippe
VI de Valois, le premier de la lignée et neveu de Philippe le
Bel. Elle ne dura pas, mais ce fut néanmoins le début de
l’expansion du bourg. Autour de la place du Bouffay, et dans les
rues avoisinantes, attardez vous devant la maison du Pélican,
celle de la Truie qui file, la maison des Songes, la maison du Corps
de garde, et toutes les autres, plus anonymes, qui témoignent
de la richesse de cette époque qu’il y a encore peu on qualifiait
d’ « obscure »…
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