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La MARNE
De Paris à Meaux

 Jean-François Macaigne

 
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LA CATHÉDRALE ET SON QUARTIER

La visite à la cathédrale s’impose. Sa construction débuta en 1175 et dura 365 ans, si l’on considère que le clocher provisoire de droite est devenu définitif. Il a même pris un nom : la tour noire. Il en résulte un certain déséquilibre, mais celui-ci n’est pas gênant. L’aspect est gothique flamboyant, avec une hauteur sous la nef impressionnante (31m, la même que Notre-Dame de Strasbourg). Cela donne une luminosité exceptionnelle et des piliers immenses. Dans le chœur, on voit la tombe de Bossuet, en marbre noir. Deux statues le représentent dans l’édifice, l’une assis, l’autre debout, brandissant la main en plein prêche. Dans le bas côté nord, on peut admirer une sculpture sur bois polychrome de 1581, dans la chapelle de la Visitation, ainsi qu’une grande toile de 1636 de Jean Senelle, peintre meldois. De l’autre côté, on découvre une grande pierre tombale noire gravée avec des incrustations de marbre blanc : c’est celle de Jean Rose, mort en 1364, et de son épouse Jeanne.
Jouxtant le côté gauche de la cathédrale, au fond de la cour séparant la cathédrale du palais épiscopal, se trouve le vieux chapitre, entièrement restauré entre 1930 et 1935. C’est une petite forteresse médiévale à quatre tours d’angles, doté d’un superbe escalier couvert du 15e siècle. Il est relié à la cathédrale par une passerelle en bois construite au moment de la restauration. La grande salle du premier étage était utilisé pour les réunions du chapitre cathédral, et au rez-de-chaussée, une grande salle voûtée en ogives servait de grange pour la dîme et les impôts en nature.
Les évêques demeuraient dans le palais épiscopal, de l’autre côté de la cour. C’est un élégant bâtiment du 12e au 17e qui donne du côté septentrional sur des jardins à la française magnifiques. Depuis 1927, c’est le musée Bossuet, où sont exposées des toiles du 16e au 19e, avec des œuvres de Jean Senelle et aussi des peintres de l’école de Barbizon. La sculpture n’est pas en reste et bien sûr, on y trouve une importante collection de documents relatifs à Bossuet. Le musée présente aussi des expositions temporaires, comme cette superbe et touchante collection de photos de Meaux à la belle époque, au moment où nous sommes venus [3] .
En ville, le centre ancien recèle de nombreux hôtels des 17e et 18e siècle. Il faut y flâner et se laisser aller au lèche-vitrine, mais surtout, pénétrer dans l’un des nombreux magasins qui proposent les deux produits stars de la ville : la moutarde et le fromage de Brie. Le secret de fabrication de la première est jalousement gardé depuis l’antiquité. A l’époque, seuls les religieux fabriquaient la moutarde, à base de sénevé, de tégument de moutarde et d’épices, dont seul le fabricant actuel connaît le secret. Celui-ci a été transmis en 1760 par un dignitaire du chapitre au sieur Pommery. En 1925, le dernier des Pommery vendit la marque… et sa fabrication. Et seul le propriétaire possède actuellement la composition de ce condiment qui figurait sur la table du roi de France !
Concernant le Brie de Meaux, les choses sont différentes. Pas de secret, ou si peu, et tout le monde est dans la confidence. Il suffit pour cela d’être fin gastronome, comme Blanche de Navarre, Condé, Marie Leczinska, Louis XVI, Talleyrand, Metternich, et bien sûr Rabelais, qui faisait offrir par Gargantua des fromages de Brie à ses parents « pour leur faire plaisir ». Ces roues de délices nécessitent 25 litres de lait et demandent 6 à 8 semaines avant d’être dégustées.
D’autres trésors peuvent tenter les gourmets : la carotte de Meaux, assez rouge et sucrée, la pomme faro, cultivée depuis le moyen-âge, et le cornichon fin. Mais si vous entrez sur ce terrain-là, vous aurez du mal à repartir…

 
   
Texte & photos : © Jean-François Macaigne