De Chenillé-Changé à La Suze-sur-Sarthe
par la Mayenne, la Maine et la Sarthe.
 JF
Macaigne

 
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En sortant d’Angers, on longe sur la gauche l’île St-Aubin, C’est un gros triangle de terre formé par la Mayenne, la Vieille Maine, et la Sarthe, sur laquelle nous sommes désormais. A la pointe nord, on trouve Ecouflant, un bourg où l’on peut accoster sur un ponton très remuant. Ecouflant fut fondé au XIe siècle et dans le village on peut voir une très belle maison du XVe avec une tourelle octogonale : le Logis de Bellebranche.
Quelques kilomètres plus loin, on passe devant l’embranchement du Loir. Il fut navigable jusqu’en 1930. Evitez-le si vous ne voulez pas vous échouer…
Si le cœur vous en dit, amarrez à l’écluse de Cheffes ou pas trop loin : à environ 4 km se trouve le château de Plessis-Bourré, construit autour de 1470. Il ne fut jamais modifié depuis, et son pont-levis fonctionne encore parfaitement, ce qui fait la joie des cinéastes : Peau d’âne (Jacques Demy), Jeanne d’Arc (Pierre Badel), Le Bossu (Philippe de Broca), Fanfan la Tulipe (Gérard Krawczyk) ou plus récemment La Princesse de Montpensier (Bertrand Tavernier) furent tournés ici, entre autres. Il se visite entre février et novembre (1) et l’on peut y voir un chemin de ronde, des cachots sinistres, les appartements seigneuriaux avec du mobilier du XVe au XIXe, ainsi qu’une salle des gardes aux plafonds étranges, peints de scènes alchimiques et de proverbes.
Les derniers kilomètres avant Châteauneuf, après l’église de Juvardeil, sur bâbord, sont verdoyants. En passant devant l’église, ayez une pensée pour ce petit village où furent construits 74 chalands à voile entre 1868 et 1914, soit le quart des bateaux enregistrés à Nantes à l’époque ! Le chantier ferma définitivement en 1961.
C’est enfin, une dizaine de minutes plus tard, la vision des cinq arches du pont Geoffroy le Bel Plantagenêt, qui remplaça le vieux pont de bois qui relie les deux rives de Châteauneuf-sur-Sarthe. L’ancien, construit en 1131, fut souvent démonté pour se protéger des Ecorcheurs et des Routiers qui ravageaient le pays. Il finit emporté par les glaces en 1481. Juste avant ce pont existe un ponton à emplacements multiples, où il est facile de trouver de la place, avec pour voisin un groupe de saules pleureurs chevelus qui transforme la rive en paysage romantique. Traversez le pont, et attardez-vous sur les panneaux explicatifs placés dans les piles. Vous aurez ainsi l’histoire de la ville et de la rivière, et cela vous mettra en condition pour rendre visite à la Maison de la Rivière, juste à côté de l’écluse. C’est l’un des petits musées dédiés à la batellerie du temps jadis les plus sympathiques qui soit. Grâce à des maquettes animées, des photos, des objets, et surtout un extraordinaire diaporama, vous ressortirez de là en ayant une nouvelle vision de votre propre navigation. Vous connaîtrez le fonctionnement d’un barrage à aiguilles, les secrets d’une gabare, et la vie difficile de ceux qui ont apprivoisé les rivières autrefois.
En remontant dans le village, vous trouverez sur la place de la Mairie la statue d’un fier guerrier Franc, la francisque à la main. C’est Robert le Fort, qui s’illustra par ici dans les batailles contre les Normands, et fut l’un des missi dominici de Charles II le chauve, petit-fils de Charlemagne. En redescendant vers la Sarthe, vous trouverez le formidable clocher de l’église Notre-Dame de Seronnes, du XIe. Il existait ici il y a mille ans un lieu de pèlerinage appelé « Seronnes »

 
   

Texte & photos : © JF Macaigne

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