De Chenillé-Changé à La Suze-sur-Sarthe
par la Mayenne, la Maine et la Sarthe.
 JF
Macaigne

 
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Malicorne, cité de la faïence, est une très jolie halte. Avec la 1020 FB, nous sommes passés tout juste sous le pont d’entrée au port dans sa partie la plus haute, en rangeant tout ce qui dépassait. Mais attention quand même, cet exercice est réservé aux plus expérimentés. Ce ne devrait pas être un problème avec une Pénichette® Classique ou Terrasse. Il existe un ponton avant le fameux pont, mais il est occupé en partie par des petits bateaux résidents, et ne laisse pas beaucoup d’autre espace. Le ponton intérieur offre en revanche l’eau et l’électricité pour la nuit… Il est situé dans le bassin face au moulin du XVIIIe où les faïenciers venaient broyer leurs couleurs. C’est là où est maintenant installé l’Office du Tourisme.
Il existe au bout du village un passionnant musée de la faïencerie (1) où l’on peut admirer la production locale incroyablement variée, et aussi s’initier à l’histoire et à la fabrication de la faïence et de la céramique, au milieu des fours et des ateliers. Dans l’église St Sylvestre (XIe), un gisant Renaissance magnifique au visage noble et serein accueille le visiteur dans une petite chapelle à l’entrée sud. La voûte de la nef, entièrement en bois, est elle aussi remarquable. Enfin, en empruntant la route qui passe devant le moulin, on arrive à une centaine de mètres à un très joli château XVIIIe (2), où Madame  de Sévigné aimait à séjourner.
Maintenant, que les amateurs de Tintin dressent l’oreille : à un kilomètre sur la gauche de la rivière, on aperçoit un superbe château de style classique : le château de Rivesarthe. Les « titinophiles » de  tous poils ont sur cet édifice des avis pour le moins partagés concernant l’inspiration d’Hergé pour dessiner le château de Moulinsart. C’est vrai qu’il lui ressemble, c’est frappant, avec un toit un peu différent il est vrai. Ensuite, nous sommes à côté de Malicorne, et c’est dans Le Secret de la Licorne que l’on découvre le château, qui appartient alors aux frères Loiseau. Pour info, c’est vers 1747 qu’un Jean Loyseau créa à Malicorne la première faïencerie. A Malicorne, où il y a un moulin sur la Sarthe… D’autres « titinophiles » situent l’inspiration du château à Cheverny. C’est également vrai que celui-là lui ressemble aussi, à deux ailes près. Alors ?… Tout ceci n’est pas très grave, mais quand vous passerez devant, ou plutôt derrière (sur la rivière) le château, observez bien autour si jamais il n’y aurait pas un éternel jeune homme en pull bleu et pantalons de golf, un capitaine de la marine marchande, ou un drôle d’énergumène aux petites lunettes rondes. Vous pourriez bien avoir découvert un trésor. Celui de Rackham le Rouge, bien sûr.
En moins d’une heure, on arrive à Noyen-sur Sarthe. En passant l’écluse, on aperçoit le beau moulin du Gord (1838), puis, après une succession de portes de garde, on arrive à un ensemble de pontons devant le viaduc de chemin de fer.
Noyen est une petite cité paisible lovée autour de son église St Germain des XVe et XVIe siècles. A ses pieds part une sente minuscule entièrement fleurie et peuplée de plantes les plus diverses : la Ruelle des Jardins. En faire le tour est une obligation pour les amoureux de nature. Sur les anciennes maisons, parfois, une inscription. C’est le message du passé pour nous. Une adresse pour les amateurs de rillettes : la maison Porcher (3), place de la République. Là encore, des produits fleurant bon le terroir, qui n’ont qu’un lointain rapport avec ce que l’on trouve souvent dans les grandes villes.
La dernière partie du trajet consiste en trois larges boucles de la Sarthe, en passant le petit village de Fercé-sur Sarthe, son écluse, et son pont qui affiche fièrement sa date de naissance. La navigation se fait dans une nature exubérante et magnifique, toujours empreinte d’une paix sereine. On regrette presque de voir se profiler l’écluse de La Suze-sur-Sarthe, où officie un éclusier philosophe. L’église St-Julien est l’ancienne chapelle du château donné par Renault, seigneur de La Suze au début du XIe siècle pour que les habitants puissent suivre les offices religieux. Elle fut souvent transformée au cours des siècles avant de présenter son aspect actuel. Le château, qui ressemble de nos jours beaucoup à une grande et belle maison, fut par le passé propriété de Gilles de Rais, également connu sous le nom terrible de Barbe Bleue. Cet ancien compagnon de Jeanne d’Arc y résida en 1439, y commettant de nombreux meurtres d’enfants. Il fut condamné à mort l’année suivante.

C’est la fin du voyage, de Mayenne en Sarthe, dans ce pays magnifique aux multiples histoires. N’oubliez pas dans le bateau les sablés, les rillettes, ce petit vin blanc qui vaut tout l’or de sa robe, et le poulet de Loué qui attendra le retour à la maison. Lorsque vous serez rentrés, vous n’aurez qu’une envie : revenir. C’est tout le mal que je vous souhaite.


(1) Malicorne Espace Faïence 10, rue Victor Hugo

(2) Ouvert de juillet à août du mercredi au dimanche

(3) Sébastien Porcher – 4, place de la République

 
   

Texte & photos : © JF Macaigne

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