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La Petite Saône et le Canal de l'Est
JF Macaigne

Scey/Saône - Port/Saône - Fouchécourt et Baulay - Corre - Fontenoy le Château     
 
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L’histoire de Fontenoy-le-Château est riche de rebondissements divers. Au XIe siècle, les évêques de Toul, en Lorraine, possèdent ce territoire et décident d’y élever une grosse tour carrée pour protéger leurs terres et dans le même temps verrouiller la vallée du Coney, par laquelle nous sommes arrivés. L’église est placée sous la protection de Saint Mansuy, évêque de Toul de 338 à 375. A l’époque est fondé un prieuré bénédictin, qui établissent un barrage et un moulin. En 1360, la place revient aux Neufchâtel, famille de Bourgogne. Marguerite de Châlon, Dame de Fontenoy veille sur sa cité : l’église est reconstruite dans la seconde moitié du XVe. Après la mort de Charles le Téméraire sous les murs de Nancy en 1477, Fontenoy redevient lorrain, mais fait partie des terres dont la possession est réclamée à la fois par la Bourgogne et la Lorraine. Ce sont les « terres de surséances », ainsi nommées car, comme personne n’arrivait à se mettre d’accord, on décida donc de surseoir au règlement du litige… jusqu’en 1614 en ce qui concerne Fontenoy. Un renforcement de la forteresse va propulser Fontenoy sur les chemins de la prospérité. Au XVIe siècle la ville va devenir un des hauts-lieux de la fabrique du verre, et notamment du « verre plat », pour les vitrages et la miroiterie. Au XVIIe, c’est le kirsch qui fera la fortune de Fontenoy. Tout ces activités attirent les célèbres banquiers Lombards, qui installent une succursale dans une tour au toit hexagonal que l’on voit encore au fond d’une placette.

Un édit du duc de Lorraine chassant les protestants, suivi de la guerre de Trente ans auront raison de cette belle période. La Révolution apportera son lot de malheurs, puis la guerre de 1870. L’annexion de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine va rendre indispensable la création d’un port fluvial qui profite évidemment aux industries. Fleurissent alors forges, clouteries, tuileries, broderie qui profitent aux Fontenaicastriens jusqu’à la guerre de 14. Ensuite commença le déclin.
La visite des ruines du château, veillé amoureusement par une association dynamique et sympathique, est passionnante. On y trouve, outre un point de vue unique sur la vallée, des reconstitutions d’armes lourdes (arbalètes géantes, baliste, catapulte…), et un jardin médiéval que n’aurait pas désavoué Charles Trenet.
Fontenoy est un petit village dont on tombe très vite sous le charme. Le Côney, qui coule ici, y est pour beaucoup, flanqué de ses vieilles maisons de pierres sages. Les escaliers des ruelles qui grimpent au château aussi, toutes ces fleurs multicolores qui donnent à tous les jours un air de fête, le charme désuet de la place de l’Hôtel de ville, avec ses arcades et sa vieille balance, le musée de la broderie, et même cet hôtel des postes qui ressemble comme un frère à ceux des films de Marcel Pagnol ou de René Clair, tout ces petits riens qui parsèment les rues de Fontenoy font de ce village un endroit à part, un peu perdu dans le temps et les rêves.
Un village dont il faut s’arracher pour revenir sur la Saône…
Au retour nous planterons les piquets, et nous coucherons au milieu des fleurs, en rase campagne un peu avant Corre, à proximité des vaches. Je connais peu de plaisirs aussi délicieux que de prendre son petit déjeuner face aux champs. La nuit s’écoule sans le moindre bruit, et le matin, le bonheur est complet. L’air est pur, et la tartine n’a pas le même goût. On a quelque part l’impression que ce sont les abeilles qui vont et viennent autour de soi qui ont fabriqué le miel que l’on mange.
Plaisirs simples du tourisme fluvial. Dire qu’il y en a qui préfèrent les plages bondées…