Amiens
Décrire tout ce qu’il y a à voir et à faire
dans la capitale picarde serait illusoire. Sachez avant tout que c’est
la ville de Jules Vernes, et qu’à ce titre, une visite à sa
maison est un petit voyage au XIXe siècle dans un univers qui
fait beaucoup penser à Philéas Fogg et au Nautilus. Bien
sûr, il faut aussi aller flâner quartier Saint-Leu pour voir
les jolies maisons peintes où s’asseoir à la terrasse
d’un bistrot. Il est également indispensable de faire un
grand tour de la vieille ville, de descendre la rue des Trois Cailloux
avec ses boutiques, de passer devant l’Hôtel de Ville et
de continuer en direction du Beffroi. Cette tour carrée comprenait à l’origine
la prison, une salle de justice, et une chapelle. Il servait aussi de
tour de guet pour les incendies. Depuis 2001, il est muni d’un
carillon de trente cloches. Pas très loin se trouve la Maison
du Bailliage, dont il ne reste que la façade, l’église
St Jacques, et l’église St Germain l’Ecossais, dédiée
au compagnon de Saint Germain d’Auxerre (l’Auxerrois). Jusqu’au
XIXe siècle, les logettes du côté sud étaient
occupées par des tailleurs, des savetiers et des serruriers. A
quelques pas du splendide hôtel 1900 Bouctot-Vagnier, siège
de la Chambre de Commerce, pénétrez dans le havre de paix
du minuscule jardin qui jouxte l’église St Rémi.
A l’ombre des grands arbres reposent quelques sarcophages mérovingiens.
Vous pouvez vous aussi y faire halte, loin du bruit et de l’agitation
de la ville.
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La Cathédrale
J’ai bien sûr gardé la Cathédrale Notre-Dame
pour la bonne bouche. Si vous avez vu le soir la façade éclairée
et les statues dans leurs teintes originelles, vous savez déjà que
cette église n’est pas tout à fait semblable aux
autres, et que ceux qui la construisirent étaient soit fous, soit
dotés du culot le plus extraordinaire du monde. Entrez. Levez
les yeux. Ça y est, ça commence. La hauteur est immense,
démesurée, la lumière coule à flots, et le
moindre son entame une course folle entre les piliers et les travées.
Cette cathédrale est un instrument de musique hors du commun.
Si ce n’était que cela ! Sur le sol, le dallage déplie
ses zigzags géométrique tout autour du labyrinthe. Il est
octogonal, et donc évoque directement la Connaissance (le nombre
8). D’ailleurs, la croix de fleurs de lys en son centre indique
la direction des quatre points cardinaux et suit les diagonales de l’octogone
avec une inclinaison d’environ 23°. La mesure de l’angle
d’inclinaison de la terre… Pour un édifice construit
alors qu’en ce temps la terre était censée être
plate, vous avouerez… De plus, le jour de la Saint Jean Baptiste,
au solstice, le soleil se lève, passe par le centre du labyrinthe,
et se couche dans l’axe de la Cathédrale vers l’Orient
et Jérusalem. On sait que Notre-Dame d’Amiens a été construite
pour abriter la relique de la tête de Saint-Jean-Baptiste.
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Vous
comprenez maintenant pourquoi, dehors, l’ange qui se trouve
au dessus du cadran solaire a l’air de rigoler un brin. D’ailleurs,
cette cathédrale est truffée d’anges un peu partout.
Ils rient, ils réfléchissent, ils se battent, ils célèbrent,
ou ils pleurent, comme ce fameux chérubin potelé appuyé du
coude sur un crâne. Fameux parce qu’il était représenté sur
une carte postale que les soldats expédiaient à leurs proches
ou amis pendant la Première Guerre Mondiale.
Pour le plaisir des
yeux, allez maintenant au portail sud et admirez le sourire ravi de la
Vierge – entourée de trois anges -
qui nous montre son enfant (il tient un globe – voir plus haut …).
C’est elle, Notre-Dame d’Amiens. Enfin, pas tout à fait.
Cette statue est une reproduction. La vraie se trouve à quelques
mètres, mais à l’intérieur. Et elle sourie
tout autant. De quoi tomber définitivement amoureux du modèle.
Il
faudrait des jours, ou des livres, pour tout voir de la Cathédrale.
Mais il y a encore à faire avant de partir…
Les Hortillonnages
Sur
300 hectares, les Hortillonnages sont de petites parcelles de terre
entrecoupées de canaux (les rieux – notez la similitude
avec les rii de Venise) et de fossés. Les rieux sont navigables
avec des barques à fond plat manœuvrés par une perche,
les bateaux à cornet, noirs, longs de 9 à 10 mètres,
dont le bout est relevé pour ne pas abîmer les berges lors
de l’accostage.
Les
jardins sont riches de la tourbe du sol, enrichie par la vase et les alluvions
ramassées au moyen de la drague, sorte de pelle
renversée, puis étendues le long des berges. Cet environnement
permet à l’Hortillon (le jardinier) de cultiver maraîchers
et fleurs, et ainsi de créer un paysage unique, peuplé de
cygnes, de colverts, de grèbes huppées, de foulques, de
poules d’eau, et de ragondins. Les fleurs et plantes sauvages pullulent :
Roseaux, joncs, iris d’eau et nymphéas, mais aussi vulpins
et étoiles, pieds de loup, plantin, fenouil d’eau et le
fragile sagittaire.
Ce décor se visite. Dans des bateaux à cornet, munis
d’un
moteur électrique. L’entrée se situe Boulevard de
Beauvillé, à quelques mètres du pont, de l’autre
côté du Parc Saint-Pierre. Une grosse heure qui file à toute
allure, à se remplir les yeux (et les narines) de toutes ces merveilles.
Ne
quittez pas Amiens sans emmener macarons, tarte
de nougat, chocolats variés, tuiles et gâteau
battu. Vos papilles me remercieront
plus tard, vous avez encore de la route à faire !
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