A l’entrée d’Abbeville, une grosse
femme nue se prélasse
dans l’herbe entre deux ponts. Je ne sais pas qui a réalisé cette
statue suggestive, mais elle a donné son nom au pont d’à-côté,
qui se nomme « Pont de la femme nue », avec un à-propos
admirable.
Sortez les piquets ! On
peut s’amarrer juste après
le Pont de la rue de la Gare, qui mêne d’ailleurs à une
merveille de petite gare de briques rouges vraiment très kitsch
et tout à fait charmante. La halte nautique est marquée
par un monument à la mémoire du Chevalier de la Barre supplicié et
brûlé vif à 19 ans le 1er juillet 1766 pour avoir
omis de saluer une procession. On ne plaisantait pas avec la religion,
dans ce temps-là !
Ce que l’on ne sait pas en regardant la Collégiale Saint
Vulfran (1488), c’est que ses tours sont soutenues par des pilotis,
car elle repose sur un ancien bras de la Somme. Ses deux tours s’élèvent à plus
de cinquante cinq mètres, et les sculptures qui ornent la façade
sont admirables à plus d’un titre. Certaines ont même
gardé des traces des couleurs polychromes de leur origine.
Sur
la place qui lui fait face, quelques boutiques proposent des produits du
terroir à boire et à manger, et des condiments comme
les Salicornes ou les Oreilles de cochon. A essayer !
En se promenant
en ville, on jettera un œil au Beffroi, l’un
des plus anciens de France (1209), et à la vieille église
Saint-Sépulcre, construite à l’emplacement où Godefroy
de Bouillon rassembla ses barons avant de partir en croisade. En passant
devant le théâtre, on regrettera qu’il soit l’un
des derniers à l’italienne du nord de la France. La Fenice
ne fait plus recette…
On
sort d’Abbeville après l’écluse, manœuvrée
de main de maître par un jeune éclusier musclé, en
tournant à 90 degrés vers la gauche. Le secteur est assez
encombré d’algues et d’herbes qui prolifèrent.
Ne serrez donc pas trop sur votre gauche, car vous risqueriez de finir
sur un tapis vert. Aucun rapport avec un casino, bien entendu.
La longue
ligne droite bordée de peupliers qui relie Abbeville à Saint-Valery-sur-Somme
fait 15 km. Une promenade rectiligne, reposante, et je l’espère
pour vous, ensoleillée. Le moment idéal pour bronzer. Attention
cependant : il faut quelquefois 4 heures pour la parcourir, car
une seule équipe assure la maintenance des quatre ponts tournants.
Si, cas exceptionnel, un bateau avalant et un bateau montant se présentent
simultanément de chaque côté du bief, le bateau montant
devra attendre que le bateau avalant, qui a la priorité, ait fini
son trajet. D’où, évidemment, une certaine patience à avoir.
Une espérance, aussi, que celui qui descend ne le fasse pas à une
allure trop « cool »…
|
|
|
|