…Et
quelle route !
Un peu avant d’arriver à Picquigny, vous pouvez
faire une petite halte à Samara. C’est le plus grand archéosite
du nord de la France. Vous y trouverez des habitats préhistoriques
reconstitués, où les enfants peuvent passer des heures
palpitantes et instructives. Ils appendront à fabriquer une lampe à graisse,
tisseront un bracelet porte-bonheur ou prépareront des plats gaulois
et gallo-romains, par Toutatis !
Entre Amiens et Long, la Somme a créé une
vallée
d’étangs et de marais, cachés le plus souvent par
un simple rideau d’arbres. Là fleurissent des « forêts » de
nénuphars, et nichent hérons, foulques et poules d’eau.
Lorsque l’on passe sans bruit sur la rivière, on perçoit
les conversations animées de ces derniers, jamais en reste pour
commenter la journée. Les patronymes sont évocateurs : Etang
des Patis, Etang des Provisions, Etang
des Pompes…
Long
Long est
charmant. Un petit village picard avec ses jolies maisons en briques
rouge, une église reconstruite vers 1850 tout en conservant
son clocher de pierre du XVIe siècle, et la « Folie
de Bussy », un château du XVIIIe siècle dont
le parc est ornée de jolies statues, et dont on aperçoit
les grandes serres depuis le canal. La fierté de Long est cependant
sa petite usine hydroélectrique construite dans les années
1900, qui fonctionna jusqu’en 68 pour l’électricité,
et jusqu’en 74 pour la fourniture d’eau potable.
Après Long, ouvrez bien les yeux. C’est l’une des
plus jolies parties du parcours. La Somme serpente entre deux rideaux
de différents verts. L’eau est immobile. A petite
vitesse, on n’entend que le clapotis du sillage et le chant des
oiseaux. Magique. Les virages s’enchaînent doucement les
uns après les autres, dans une danse sensuelle entre les arbres.
De temps à autre, un éclat de soleil vient frapper l’eau
et l’irise comme un miroir. Un pêcheur surgit, niché dans
une trouée. Une clairière passe, habitée seulement
de quelques chevaux qui paissent calmement. Derrière
les arbres se cachent les étangs, toujours eux, bordés
de saules pleureurs. On arrive ainsi à Pont-Remy,
avec son église picarde en briques
rouges et son vieux château dans lequel Richelieu faillit y laisser
la vie.
C’est après Pont-Remy que j’ai vu le toucan noir.
Etrange. De fait, il s’agissait d’un cormoran de belle facture,
au bec jaune et yeux verts. J’ai laissé ma place à la
barre, et suis allé photographier le château d’Épagne,
devant lequel on passait. Dans le fond du décor tournaient inlassablement
des éoliennes immenses dont on ne voyait qu’une partie,
l’autre étant cachée par la colline. Cela donnait
l’impression bizarre d’être au fond d’un bol
de mixer gigantesque.
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