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Les lacs de Mazurie
JF Macaigne


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Europa 600 - Mikolajki - Ryn - Gizycko - Sztynort - Le sud

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Pour rejoindre les lacs au nord, il faut emprunter le modeste canal Kanal Talcki, dont l’entrée se cache entre les tilleuls. Dès l’entrée, c’est une véritable symphonie de parfums digne des plus grands noms. Bois brûlé, fragrances de fleurs diverses, parfum des tilleuls de la rive… Le vert emplit l’espace, les oiseaux souhaitent le bonjour, accompagnent tout du long, et dans les roseaux, on peut parfois apercevoir un ragondin, un castor, et même un renard un peu plus en hauteur sur la berge. Les voiliers qui redescendent vers Mikolajki passent lentement sur bâbord, au son pétaradant de leurs petits moteurs. Après le lac Taltowisko, le canal Lelecki débouche sur une marina minuscule un peu surréaliste. A l’extrémité de l’un des deux pontons s’élève un escalier en colimaçon qui mène… nulle part. Sa ferraille bleue et branlante conduit à une plateforme coiffée d’un chapeau chinois, d’où, à deux mètres cinquante du sol, on peut plus facilement observer les évolutions de… les évolutions de quoi, à propos ?
En fait cet endroit bizarre était il y a quelques années le bassin pour la baignade d’un « camp de jeunes » socialiste. Il était alors fermé par une rangée de bouées et l’escalier servait au maître-nageur pour surveiller ses ouailles. Les temps ont changé et le bassin est devenu ce port minuscule. Sic transit gloria mundi*, disait mon prof de latin.
Le moment est idéal sur le flying bridge. Nous sortons une bouteille de rosé californien du frigo de pont, et passons à table. Dans les herbes alentour vit une famille de cygnes dont les parents veillent jalousement sur des petits déjà grands mais encore un peu bruns de plume. Ils leur apprennent les bonnes manières, comment demander du pain sans se faire mal voir, etc… Des cygnes très bien, vraiment ! Il y en a tellement d’autres… Je ne donnerais pas les noms, rassurez-vous.
Puisqu’il faut quitter un jour ce lieu de paresse, nous débarrassons la table, ce qui occasionne un dernier jeté de miettes, puis nous larguons les amarres. L’Europa, en silence, avale les vagues avec un flegme tout britannique. Les pécheurs, tapis dans les roseaux, nous regardent passer le sourire aux lèvres. On enchaîne ainsi les canaux et les lacs jusqu’au lac Niegocin, le plus grand de cette série, là où se situe, tout au fond, Gizycko. Sur les rives des canaux, abris de bois et mini-camps pour accueillir les voiliers qui font halte.
C’est sous un ciel nuageux sublime, mais lourd de menaces, que nous atteignons Gizycko, la porte du nord. Un peu de mal pour trouver une marina qui fournisse eau et électricité, mais encore une fois, l’efficacité de Sebastian fait des miracles. Le gardien de la marina tire un câble d’une centaine de mètres depuis son baraquement. Pour l’eau, nous ferons sans. Cela n’a pas beaucoup d’importance, les réservoirs sont à moitié pleins, après notre escale de Ryn. Il faut dire qu’on ne se gène pas vraiment : longues douches, vaisselle… Les batteries sont chargées à bloc, après plus de quatre heures de navigation, mais bon, quand on commence à s’habituer au luxe… En fait, l’avantage du 220v en direct du quai et non du convertisseur et des batteries est qu’il évite de vider ces dernières par l’usage des sèche-cheveux ou de la télévision. Eh oui ! C’est cela aussi, l’Europa !
Le ciel de plus en plus menaçant précipite un peu notre tour en ville. Une visite rapide, car il n’y a pas grand chose à voir. Les deux seuls monuments sont une grande bâtisse à l’abandon, vestige de l’aile d’un château du XIVe construit par les Chevaliers Teutoniques, et un pont tournant en bois du milieu du XIXe, l’un des deux seuls spécimens en Europe. Un autre monument, en dehors de la ville, peut se visiter : c’est le Fort Boyen. Pas de jeux télévisés dans celui-ci, mais une construction en étoile à sept branches un tant soit peu envahie par les herbes. Le grand bâtiment en briques rouges abrite un musée dans l’une des casemates.
En revenant au bateau, nous achetons une bouteille de Tokay dans un magasin spécialisé. Le rayon des vodkas laisse songeur… La nuit est calme dans la marina, bercée par le bruit des gréements qui claquent dans le vent. Un alignement de dériveurs d’une école de voile forme une sorte de grand peigne jaunâtre dans l’obscurité.
Au matin, les pontons sont délavés et de gros nuages roulent au-dessus de nos têtes. Nous risquons un œil… il ne pleut plus, sauvons nous vite ! Nous arrivons au pont tournant quelques instants seulement avant que celui-ci ne pivote. Un homme en ciré jaune tourne autour de sa manivelle et la magie s’opère : le pont bouge, les nuages s’écartent, et un bout de ciel bleu réapparaît. Nous décidons alors de laisser l’Europa amarré après le pont, et de terminer l’approvisionnement du bateau. Gizycko est quand même la plus grosse ville alentour.


* Ainsi passe la gloire du monde
     
Texte & photos : ©JF Macaigne
   
 
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