Langon
Après Brain-sur-Vilaine, la rivière serpente quelque peu entre des massifs d’arbres pour finalement arriver au pont en fer de Port-de-Roche, qui avait été présenté à l’Exposition Universelle de 1867 à Paris. Il fut ensuite démonté et placé ici en 1868, frappé des initiales de Napoléon III et de l’Impératrice Eugénie sur les piles, des deux côtés. En aval et en amont, deux haltes nautiques de chaque côté de la rivière sont idéalement placées. Préférez la halte amont, qui vous permettra, en un peu plus de 2 kilomètres, de rejoindre Langon. A Port-de-Roche même, rien de notable, si ce n’est, au croisement, un manoir du XIVe dont le jardin a bénéficié de tous les soins de ses propriétaires anglais, et présente roses du Yorkshire et camélias du Devon. En revanche, sur la rive en face, existe une superbe bâtisse : le manoir de Port-de-Roche, dont l’histoire est très ancienne. La famille Lambart, fondateurs du manoir, contrôlaient le passage du sel et du vin sur la Vilaine au XIVe siècle, et possédaient un bac qui reliait les deux rives. Le manoir connut les Chouans, la Révolution, les prêtres réfractaires, et, en 1795, un jeune lieutenant de 23 ans, Joseph Léopold Sigisbert Hugo, y stationna avec son détachement de l’armée de Mayenne. C’était le futur général, père de Victor…
La visite de Langon demande un peu d’effort, mais elle en vaut la peine. Pour les mollets aguerris, le vélo s’impose, mais cela monte… Vous me direz, au retour, ça descend. Quoiqu’il en soit, soyez attentifs à la circulation. C’est en sortant d’une Pénichette® que l’on réalise que les voitures vont trop vite.
Commencez par les Demoiselles. Il s’agit d’un ensemble de mégalithes de taille moyenne en quartz blanc, dans un champ en bordure de forêt. Le plus étonnant est que le sol est composé d’ardoise… Mystère, mystère. En redescendant au village, vous resterez en admiration devant ce clocher unique, vrillé et quelque peu penché, entouré de douze clochetons. L’église St Pierre St Paul date du XIe siècle, sur les plans bénédictins des moines de St Sauveur, à Redon. On ne visite plus depuis plusieurs années, par sécurité, mais il existe dans l’absidiole nord un Christ en majesté, l’une des très rares fresques médiévale en Bretagne.
Face à l’église, les murs en briquettes rouges de la petite chapelle Ste Agathe étaient probablement au IIe siècle ceux de termes privés d’un riche gallo-romain. Ils faisaient partie d’une villa beaucoup plus importante. Dans le cul de four de l’abside, qui devait être à ce moment le frigidarium, salle où l’on prenait des bains d’eau froide, il existe une peinture de 1800 années d’âge, qui représente Vénus à la toilette et la naissance de Vénus. Cet ensemble fut découvert en 1839 sous deux autres couches de fresques. Les premiers chrétiens transformèrent plus tard ce qui restait des murs des termes en chapelle, en les surélevant, en construisant un petit clocher, et en peignant par dessus Vénus une représentation de Dieu le père. Cette peinture est toujours là, et date du VIe ou VIIe siècle. La petite statue au dessus de la porte provient probablement de l’ancien cimetière mérovingien qui existait à l’emplacement de la place actuelle. Autant dire que la petite chapelle Ste Agathe est l’un des monuments les plus précieux de France pour ses témoignages des transformations d’un édifice au cours des siècles, ainsi que pour son iconographie. Le nom de la chapelle est lui aussi un roman : au moyen-âge, elle se nomme Sancti Veneris, ou Saint Vénus - une récupération qui en vaut bien d’autres - puis Saint Vénier au XVIIe, et finalement Sainte Agathe au XVIIIe. Elle se visite, sur rendez-vous, au 02 99 08 76 55.