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De Besançon à l’Isle sur le Doubs
par le Doubs et le Canal du Rhône au Rhin
 JF
Macaigne

 
Toutes les vignettes de la page donnent accès au diaporama de ce reportage
 
 

Besançon est une ville délicieuse. Ces derniers temps un peu secouée par les travaux du prochain tramway, elle est cependant toujours légère et ombragée, parsemée de beaux et nobles immeubles du 19e ainsi que de petits jardins discrets et romantiques, et empreinte d’une noblesse tranquille. La cité a vu naître nombre d’hommes et de femmes illustres, dont le Romantique Charles Nodier, le sociologue Proudhon, l’humoriste Tristan Bernard, les cinéastes Auguste et Louis Lumière, et Victor Hugo, qu’on ne présente pas.
Tout là-haut, c’est le domaine de Vauban : la citadelle (1674-1687) qui domine la cité commande aussi toute la vallée et la boucle du Doubs. Les hauts murs aux angles vifs ne furent conquis ni par les Autrichiens en 1814, ni par les Prussiens en 1870. On y grimpe par le bus de la ligne 17, en d’en haut, le point de vue est évidemment superbe lorsqu’il fait beau.
Dessous, les rues de la vieille ville sont peuplées de vestiges qui nous ramènent plus de 22 siècles en arrière. Tout près de la cathédrale, sous les branches d’arbres immenses, on découvre les fûts romantiques des colonnes du théâtre romain de Vesontio, premier nom de l’oppidum des Gaulois Séquannes, qui occupaient le terrain. La Porte Noire, ancienne Porte de Mars, était un arc de triomphe élevé au 2e siècle sous Marc-Aurèle. Ce n’est pas le seul vestige de cette époque : le sous-sol de Besançon en est truffé…
Tout à côté s’élève la cathédrale St Jean. C’est une construction assez originale : pas de portail principal, un clocher comtois à l’extérieur, et deux chœurs ! On rentre par une porte latérale en haut de la colline, et l’on découvre à gauche l’abside dite du Saint Suaire, car elle abrita ce qui était probablement une copie du Saint Suaire de Turin jusqu’à la Révolution. Sur le côté sud s’étire une succession de chapelles magnifiques, certaines aux plafonds richement décorés, comme celui de la chapelle du St Sacrement, où l’on peut admirer le tableau d’une Vierge à l’Enfant peinte par Domenico Cresti « Il Passignano » en 1630. Dans l’une de ces chapelles se trouve un autel circulaire en forme de chrisme en marbre blanc daté du 11e siècle tout à fait remarquable. Il est considéré comme l’un des plus beaux chefs- d’œuvres de la cathédrale. Sur un pilier voisin, on peut admirer une sculpture d’une Vierge à l’Enfant très ancienne. Remarquez également le dallage magnifique en marbres différents du chœur principal. Dans une des pièces de la tour se trouve la célèbre horloge astronomique du 19e siècle construite par Auguste-Lucien Vérité, reprise sur la base de celle de celle de Constant Flavien Bernardin quelques années auparavant, mais qui ne donnait pas satisfaction. Elle indique aux 57 cadrans du chef d’œuvre l’heure, les minutes, les secondes, les jours, les dates, les lunaisons, les saisons, les éclipses solaires et lunaires, les heures des marées, la date de Pâques, les solstices, les signes zodiacaux, et plus encore, mais pas l’âge du capitaine…
En redescendant en ville, vous emprunterez la Grande Rue et traverserez la place Victor Hugo. Ouvrez l’œil : sur la gauche, au 140, Grande Rue est né le géant Hugo, et de l’autre côté, au 1 place Victor Hugo naquirent les inventeurs du cinéma Auguste et Louis Lumière. Plus bas en Grande Rue (décidément), c’est Tristan Bernard, écrivain, poète et philosophe, qui naquit au n°23. Il donnait lui-même cette définition d’un philosophe : « c’est un nom que se donnent dans le monde les gens qui évitent de penser ». Plus loin encore, une porte discrète sur la façade du Musée du Temps vous invite à pénétrer dans ce palais édifié entre 1534 et 1542 pour le chancelier de Charles Quint. En traversant la cour et ses arcades, vous découvrez la place Granvelle, où la statue de Hugo en noble romain célèbre depuis 1902 sa naissance un siècle plus tôt(1) . Le petit kiosque est très romantique, et le 1802 est un restaurant succulent, un vrai plaisir en terrasse.
Il faut maintenant descendre la rue de la Préfecture jusqu’à celle-ci, puis se perdre dans les rues de la vieille ville. Vous y trouverez la place de la Révolution, l’un des rendez-vous incontournables des Bisontins ; le lycée où Pasteur fit ses études ; des fontaines magnifiques comme celle de la place Jean Cornet, avec, gravée sur le fronton Utinam(2) , la devise de la ville ; la fontaine des Carmes, de 1564, qui a récupéré son bras droit ; la fontaine des Dames (1785), où deux dauphins soutiennent une petite sirène en bronze ; et aussi quantité de beaux immeubles, certains très anciens, avec les devises des anciens propriétaires, comme la devise de la famille de Nayme , rue Claude Pouillet : « Sic pondere palma resurgit(3)  ». Les immeubles 17e du quai Vauban semblent au garde à vous devant les bateaux qui passent, et, au début de l’île St Pierre, le Minotaure de Jens Boettcher semble échappé d’un garage pour géants. Au sol, vous verrez de petits triangles de bronze que vous pouvez suivre. Ils vous mèneront, en trois parcours délicieux, à la Citadelle, à l’église de la Madeleine, ou au musée du Temps. A vous de choisir.
En revenant vers lîle St Pierre, jetez un œil en passant dans la cour de la médiathèque Pierre Bayle, rue de la République. Un ensemble de statues en bronze rend hommage aux créateurs de l’ « Arroseur arrosé », les Frères Lumière, nés à Besançon. Sur l’île, le port St Paul, où se situe la base Locaboat, est merveilleusement situé au calme sous les remparts, à l’abri de grands platanes, dans un petit bras du Doubs terminé par une écluse (manuelle  - une occasion de réviser les vieilles leçons. Vous y trouverez l’accueil et le sourire de Cyrielle ainsi que les conseils de Pascal. Il faut noter toute l’aide apportée aux plaisanciers par les stagiaires de l’ESAT(4) . Une réelle volonté de faire plaisir et d’aider au maximum les usagers du port. Seveux nous attend : c’est une Pénichette 1020 FB toute clinquante. Nous y passerons une nuit reposante, loin des bruits de la ville, après les rangements d’usage et un dîner dans le carré au son de l’un des CD de musique classique que nous avons emmenés. Autant commencer le voyage dans de bonnes conditions…

 


1- « ce siècle avait deux ans… »

2- « Plût à Dieu »

3- « ainsi pressée la palme se redresse »

4- Etablissement et Service d'Aide au Travail pour les personnes handicapées (ESAT) de la Bergerie.

 
   
Texte & photos : © JF Macaigne