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De Besançon à l’Isle sur le Doubs
par le Doubs et le Canal du Rhône au Rhin
 JF
Macaigne

 
Toutes les vignettes de la page donnent accès au diaporama de ce reportage
 
 

Départ dans la matinée, et arrêt quelques mètres plus loin à l’écluse manuelle qui commande l’entrée amont du port. Tout le monde à bord révise ses connaissances en hydraulique, et quelques tours de manivelles et de roues à bras plus tard, nous sommes sur le Doubs.
Nous remontons le courant, que l’on sent bien sous la coque, et passons devant le nouveau port de la Cité des Arts et de la Culture, quasiment désert. La navigation sur le Doubs est à envisager avec précaution. Le courant est important, et même assez fort en certains endroits, et il est impératif de rester dans le chenal, remarquablement balisé tout du long. Cette croisière est probablement l’une des plus belles en France, mais elle se mérite. Les paysages grandioses qu’on traverse, si on veut les apprécier en toute sécurité, nécessitent une attention constante à la route. Le fond est rocheux, et tous les bateaux ne sont pas logés à la même enseigne en termes de puissance.
La première boucle du Doubs, au sortir de Besançon, donne la mesure de ce que l’on va voir ensuite. Déjà, la vallée s’incruste entre les pentes vertes parfois abruptes. Saisi par la majesté des lieux, nous avançons lentement, sans vagues. C’est très vite la première écluse, automatique . Nous pointons la télécommande vers les feux de l’écluse, un clignotant orange se déclenche, le vert s’allume, et les portes s’ouvrent rapidement. A la sortie, le Doubs donne dans le grandiose : les berges sont décorées d’un rideau végétal en assemblage de verts. Sur la droite, une haute colline, et bientôt, en haut d’un éperon rocheux se profile les ruines du château de Montfaucon. Il date du 11e siècle, et appartint aux Montfaucon, une des familles les plus puissantes du comté de Bourgogne et du comté de Montbéliard. Il fut abandonné vers le milieu du 17e siècle, mais en 1984, la commune de Montfaucon a racheté les ruines et tente de le restaurer. Il va sans dire que la vue doit être particulièrement fantastique d’en haut, mais nous n’avons pas trouvé de ponton pour nous amarrer.
Le voyage se poursuit. Nous dépassons Chalezeule et son clocher pyramidal, et dans une boucle, débusquons une famille de héron en chasse. Ils sont cinq, tous aux aguets, diversement impressionnés par l’arrivée de la Pénichette. Il est vrai que depuis quelques minutes, nous sommes en plein concert de grenouilles, qui coassent à qui mieux mieux. Nous aussi nous avons faim, et nous profitons de la fermeture pour le déjeuner de l’écluse de Chalèze pour faire halte.
Après l’écluse suit un petit bief fermé par des portes de garde en amont. Nous admirons le clocher comtois de l’église de Chalèze, et poursuivons dans le vert. Plus loin, voici un autre clocher comtois : Roche-lez-Beaupré. L’eau est très claire, et on voit assez distinctement le fond et les poissons. Cela nous incite à rester prudemment dans le chenal indiqué sur la carte, et cela tente également les pêcheurs du coin à tremper leurs lignes. Sur un îlot, un couple de cygnes a élu domicile, et goûtent les joies de la construction du nid. Le paysage est somptueux, entre le vert des rives et le bleu du ciel qui se reflète dans l’eau plate, et le bateau avance presque sans bruit en traçant un sillon le plus petit possible.
Nous arrivons à l’écluse de Deluz. Une écluse peut en cacher une autre : derrière la haute porte amont, on remet ça, pour le plaisir aussi. 9 mètres en tout. On se sent plus haut, d’un coup ! C’est ici que nous avons commencé à réaliser qu’il y avait énormément de cyclistes sur le chemin de halage, manifestement large et bien équipé. Avec raison : il s’agit de l’Eurovélo 6, qui relie St Nazaire à Constanza, en Roumanie, et qui passe par Besançon et Montbéliard. Plus de 3650 km ! pendant la remontée, nous verrons passer des solitaires, des couples, des familles entières, des équipes de randonneurs, certains équipés pour un tour d’Europe. Tous ont le sourire et tous saluent la Pénichette au passage.
L’entrée à Deluz se fait le long d’une ligne de platanes splendides, qui se reflètent en créant une sorte de lumière intérieure dans l’eau du canal.  Sur la droite, une petite halte avec des pontons permet d’accueillir 22 bateaux, avec eau, électricité et tranquillité au programme. Une ancienne papeterie a été reconvertie en mini-centrale électrique et utilise la puissance du petit barrage voisin. Quelques mètres plus loin, le clocher comtois à bulbe est de toute beauté. A l’intérieur de l’église, le maître-autel est d’un magnifique baroque, blanc et doré.
Nous repartons, et si le décor change un peu, devient plus bucolique, il reste toujours sublime. Cette partie de rivière est l’une des plus belles qu’il nous ait été donné à naviguer. Mieux que des mots, faites défiler le diaporama, et savourez… les kilomètres passent comme dans un rêve vert, où les réverbérations se mêlent à la réalité. Ce paysage est splendide, et les automobilistes qui roulent sur la berge ne voient pas la moitié de ce que nous voyons depuis la rivière. De temps en temps, nous avons l’impression d’être bénis des dieux. Après Ougney-les-Champs, de grands rochers abrupts plongent leurs reflets dans l’eau, et donnent une note monumentale à cette portion de parcours.
Nous arrivons à Fourbanne. Il est presque 19h, et tant de beauté, ça épuise ! Un ponton minuscule, mais accueillant, nous héberge pour la nuit. Pas très loin, un vieux moulin à eau , fierté du propriétaire, Jacques Prost, qui le tient de ses arrière-arrière-grands-parents. Il l’a entièrement remis en état, année après année, et lorsqu’il a envie d’entendre les claquements des engrenages et des machines à fabriquer la farine, de faire revivre les vieux appareillages de bois et de métal, il le fait fonctionner. Devant la maison, une résurgence qui s’en va beaucoup plus loin sous terre, et dont l’eau a la couleur bleue d’une fontaine magique. Le village, fondé au moyen-âge, faillit disparaître il n’y a pas si longtemps, et n’a dû sa survie qu’à la détermination du maire à la fin des années 90.


49-La Malate

Propriété privée.

 
Texte & photos : © JF Macaigne