Exoti.com (Accueil)
sp sp sp sp sp sp sp
Reportages Sommaire Reservez News Coups_de_cœur contact sp

De Besançon à l’Isle sur le Doubs
par le Doubs et le Canal du Rhône au Rhin
 JF
Macaigne

 
Toutes les vignettes de la page donnent accès au diaporama de ce reportage
 
 

La vieille cité comtoise n’est qu’à quelques encablures, et nous y sommes un peu avant l’heure de l’apéritif, impatients de découvrir cette ville dont le nom m’a toujours enchanté. Anciennement Baume-les-Nonnes, il provient de l’abbaye bénédictine de religieuses fondée au 4e siècle par St Germain, archevêque de Besançon, ou par Garnier, maire du Palais de Bourgogne. Au 7e siècle, la jeune Odile de Hohenbourg fille aveugle du duc d’Alsace, recouvra la vue en se faisant baptiser. Elle fondera plus tard le monastère du mont Hohenbourg, qui sera ensuite nommé Mont St Odile, l’un des hauts lieux de l’Alsace. C’est là que fut réalisé l’Hortus deliciarum, première encyclopédie réalisée entre 1159 et 1175 par une femme : Herrade de Landsberg.

A Baume-les-Dames, on voit toujours l’église abbatiale, construite entre 1738 et 1760. Elle a la particularité de n’être pas terminée : en effet, il lui manque un porche, et quelques mètres en longueur, qui n’ont pas été effectués lors de sa construction, par manque de moyens, semble-t il. Après la Révolution, elle servira successivement d’entrepôt, de halle, de salle des fêtes, de cinéma, et même de garage. Si l’on est curieux et que les yeux font attention au trottoir, on pourra remarquer des traces des temps anciens, recyclées, comme cette pierre tombale d’au moins 1631 faisant office de pas de porte de cave, et de linteau pour au-dessus, dans une rue adjacente…
L’église St Martin (début 17e) donne une idée de ce qu’a pu être le faste de l’abbaye, car elle a récupéré une faible partie du mobilier de cette dernière. On remarquera une magnifique Pietà en pierre polychrome de 1549, ayant appartenu à l’abbesse Marguerite de Neufchatel, la réplique du reliquaire de St Germain détruit à la Révolution, et les reliques de celui-ci, des statues polychrome de Ste Barbe et St Vincent (16e et 18e), une chaire de style Louis XIV d’Etienne Monnot, ainsi qu’un splendide lutrin en marbres, bronze et fer forgé, chef-d’œuvre de Nicolas Nicole en 1751. Ce dernier fut surtout l’architecte de la reconstruction de l’abbaye. Dans la chapelle d’abside de droite, un grand tableau de 1630, la « Vierge aux Saints », peint par Sille de Loisy, et au-dessus, un retable baroque de 1634. Dans la nef une série de tableaux du XVIIIe siècle représentant les apôtres ornent les murs au-dessus des croisées. Enfin, dans l’abside gauche, le retable blanc et or est du style Louis XIII, en accord avec le reste de la décoration de l’église.
Baume-les-Dames recèle d’autres merveilles, comme cette splendide maison Renaissance de 1574 qui orne le coin de la place Charles de Gaulle, avec sa tourelle et sa porte au-dessus desquelles il est inscrit en latin : « Paix à cette maison. Que cette maison soit debout jusqu’à ce que la fourmi achève de boire les flots de la mer et la tortue de parcourir la terre. Les temps changent et nous avec eux ». Les fourmis n’aimant pas l’eau salée, il nous reste du temps avant la démolition…
Sur la place devant St Martin, remarquez cette belle maison à tour carrée : c’est la maison des frères Grenier, Jules, le peintre, et Edouard, le poète. Elle date du 16e, et fut remaniée au 19e par les deux frères. Tous deux étaient amis de nombreux artistes comme les peintres Corot et Delacroix, Lamartine, George Sand et Charles Nodier. En descendant Grande Rue, sur votre gauche, existe une petite cour intérieure pavée à l’ancienne avec une jolie façade Comtoise Renaissance avec ses colombages. C’est la cour Belzacq. Sous la voûte, les boîtes aux lettres anciennes sont également magnifiques.
Il est impossible de partir de Baume-les-Dames sans mentionner Claude François Dorothée Jouffroy d’Abbans, dont le monument décore une petite place de l’autre côté du pont qui mène en ville. Il ne fut pas chanteur, mais l’inventeur du pyroscaphe « le Palmipède », le premier bateau à vapeur actionné par des sortes de rames en juin 1776 sur le Doubs. Il récidivera 7 ans plus tard en 1783 sur la Saône avec le « Pyroscaphe », cette fois avec des roues à aubes. On peut admirer la maquette du bateau au Musée de la Marine à Paris. Robert Fulton, longtemps considéré comme l’inventeur de ce mode de propulsion sur un bateau, a reconnu l’antériorité de Jouffroy d’Abbans. Pour la petite histoire, lorsqu’on lit « « SS » avant le nom d’un bateau, cela signifie en anglais Steam Ship (bateau à vapeur)…
Dernière chose : face à l’église, dans la pâtisserie Claude Roy, laissez vous tenter par des craquelins pour l’apéritif ou le grignotage. Ils sont uniques au monde, et délicieux. Vous me remercierez plus tard…
Nous sommes repartis vers 17h de Baume-les-Dames, par le petit canal qui retrouve le Doubs un peu plus loin, face aux falaises. La magie recommence aussitôt. Le soleil couchant est masqué par les hauteurs, et lorsque l’ombre gagne, il fait nettement plus frais. Nous dépassons le joli clocher comtois de Hyèvre-Paroisse, et plus loin, le barrage de l’écluse de l’Ermite crée un joli effet d’eau : la surface semble douce et lisse comme si la rivière formait un gros tuyau de soie. Nous poursuivons en espérant franchir la prochaine écluse et dormir dans un canal plutôt que sur la rivière, c’est plus rassurant. Nous y arrivons finalement, et couchons juste avant l’écluse de Chaux-les-Clerval. Pas de ponton d’attente, et difficile de planter un piquet, par ici !

 
Texte & photos : © JF Macaigne