Dès que l’on est sur la Saône, on sent que les choses sérieuses ont commencé. Le courant porte bien le bateau, et les rives défilent, même si la rivière est très large. Vers midi le premier rayon de soleil arrive, et il n’est pas trop tôt. Du coup, nous musardons…

PONT DE VAUX
On accède à l’ancienne cité des ducs de Savoie par un petit canal rectiligne d’un peu plus de 3km. L’écluse d’accès est en self-service et située au pk 97,5 sur la Saône. Le port a un succès fou. Il faut dire qu’il est admirablement situé aux portes de la Bourgogne, dans un endroit tranquille à souhait. La petite ville a du charme, et l’on y trouve tout le ravitaillement possible.
Au Musée Chintreuil , dans la rue principale, Barthélémy Joubert, enfant du pays et plus jeune général de division de l’armée de Bonaparte, mort à 30 ans pendant la bataille de Novi, le 15 août 1799 a la part belle. De fait, s’il n’était pas mort ce jour-là, les évènements politiques qui suivirent auraient pu avoir une autre face. On y voit aussi une belle galerie de portraits d’hommes qui illustrèrent la ville de Pont-de-Vaux, un cabinet de curiosité qui n’a rien a envier à ceux du 19e, et bien sûr les toiles paysagistes d’Antoine Chintreuil, élève et ami de Corot, toutes empreintes de sensibilité et de passion pour la nature, qu’il révèle dans toute sa beauté. Magnifique.
Le tombeau du général Joubert se trouve dans la petite église Notre-Dame, dont le mobilier du 18e siècle vient de la Chartreuse de Montmerle. L’église date du 15e, mais sa façade est du 18e.

Au pk 92,5, admirez la belle et vieille maison sur la berge, dont la rive est cachée par les roseaux. Juste à côté se trouve l’embouchure du bief de la Jutane, une toute petite rivière qui va se perdre dans les terres. Cet endroit est nommé le Port Celet. Nous ne nous sommes pas arrêtés. En quelque sorte, nous avons grillé le Port Celet.
Un peu avant Macon, retournez vous sur le château de Saint-Jean de Priche, au pk 86,5. On ne le voit que dans le sens aval-amont, et aucun ponton n’étant en vue, il n’existera pour vous qu’en termes de photos ou de souvenir.

MACON
Mâcon existait déjà sous le patronyme de Matisco au 1er siècle avant J-C. C’était une cité des gaulois Eduens, alliés de César. Il existait ici un port fluvial et un oppidum. C’est dire qu’avant nous, ces rives de la Saône ont vu passer pas mal de coques… Elles connurent aussi une des plus grosses inondations qui soit, témoin cette pierre dans un mur sur la place St Pierre : En l'année 1602 l'eau a esté de cestes auteur le 25 septembre 1602.
En abordant quai Bouchacourt, côté St-Laurent-sur-Saône, pour quelques heures, nous sommes déjà au centre ville. Il ne reste plus qu’à franchir le pont St-Laurent, et a enfiler la rue Carnot pendant 200m environ, jusqu’à la place St Pierre. L’Office du Tourisme se trouve ici, et fournit le plan indispensable. L’église St Pierre, néo romane, est elle-même très jolie, et entourée de vieilles maisons à pans de bois, dont l’une, Renaissance, possède deux étages avec des escaliers et galeries extérieures. Face à St Pierre, l’Hôtel de Ville présente une belle façade classique, et sur la place, la Brasserie propose des tables ombragées pour prendre un verre et écouter les orchestres de jazz qui se produisent sur l’esplanade. Sur la placette à la droite de St Pierre, le restaurant Le Carafé aligne ses chaises de style en velours grenat sur les pavés, face au Cellier St Pierre , où vous pourrez faire provision de quelques bonnes bouteilles.
Un peu plus loin en suivant la rue Carnot, on arrive sur une jolie petite place. Dans le fond se trouve la Maison des Syndicats où sont regroupés les antennes des principaux syndicats français dans ce qui fut au 13e siècle ce couvent des Cordeliers. Le portail gothique du 14e existe toujours, comme son cloître du 17e, rénové car il avait été très endommagé pendant les guerres de religions. Tout à côté, un peintre astucieux a transformé une gouttière en girafe…
En empruntant la rue Carnot dans l’autre sens, on découvre des traboules . Nous sommes allés nous perdre dans les rues piétonnes du côté de la place aux Herbes. La Maison de Bois fut construite autour des années 1500. Sa façade, entièrement en bois à partir du premier étage, est décorée d’une multitude de petits personnages médiévaux et d’animaux fantastiques. C’est bien sûr la plus ancienne de Macon. Juste derrière, rue Sigorgne, le musée Lamartine est entièrement consacré à l’enfant du pays, qui fait légitimement la fierté des Mâconnais. On y trouve quantité de documents sur le poète et l’homme politique entre autres à l’origine de notre deuxième République. Le célèbre portrait de Henri Decaisne de Lamartine avec ses lévriers trône dans une des toutes premières salles.
Pas très loin de là, les deux tours octogonales et le narthex de la vieille cathédrale St Vincent, commencée au 11e siècle abritent maintenant un musée lapidaire qui montre ce que fut l’édifice entre le 11e et le 15e siècle. Le reste de la cathédrale fut démoli en 1799. Derrière les vitres, les sarcophages dorment de leur dernier sommeil en attendant l’admiration des visiteurs. En remontant, on trouve le musée des Ursulines, dans un ancien couvent du 17e, qui présente l’histoire de la ville depuis ses origines préhistoriques. Derrière la nouvelle cathédrale Saint-Vincent se trouve l’Hôtel Dieu, et c’est là que vous pourrez admirer une apothicairerie de style Louis XV, avec des faïences magnifiques.
Si l’on remonte la rue Victor-Hugo, on croise cette poste magnifique, construite en 1914, avec tours et tourelles, décoration Art Nouveau, et une incroyable boîte aux lettres. Poster ici devient un plaisir.
Pour s’amarrer pour la nuit, le meilleur endroit paraît être le nouveau Port de Plaisance de Macon, le troisième de France. Au calme, sans craindre d’être dérangés, vous passerez une nuit tranquille. A un certain prix, malgré tout, et un peu loin de la ville, mais comme vous le savez déjà, la tranquillité n’a pas de prix.