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De Loisy à Lyon
par la Seille et la Saône
 JF
Macaigne

 
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TRÉVOUX
La prochaine étape est à moins d’une heure, et elle en vaut la peine. Le ponton est en amont du pont, avant la tour de l’Hôpital Montpensier. A 300m sur les quais, l’Office du Tourisme est installé dans une superbe demeure de la fin du 15e : la Maison des « Sires de Villars ». A l’extérieur est exposée une « argue » en bois reconstituée. Cet instrument magnifique servait au 18e siècle à étirer l’or, l’argent ou autres métaux pour fabriquer des fils destinés à l’enrichissement des tissus, en passant à travers une pièce en acier fondu : la filière. Dans l’antiquité, on procédait par martelait une pièce de métal. La technique évolua, en procédant par étirement à travers un trou conique dans des matériaux de plus en plus durs : chêne durci, fer, acier, puis rubis et saphir. Au 19e siècle, Trévoux devint la capitale mondiale de la fabrication de la filière en diamant, qui permettait aux artisans de réaliser les fils d’or et d’argent pour les soyeux lyonnais. Il existe encore deux entreprises spécialisées dans cette fabrication, ainsi qu’un musée de la filière, dans les locaux de l’Office de Tourisme. Aujourd’hui, cette technique a été remplacée par le laser et l’ultrason.
La belle rue du Port, en escalier aux marches basses, abritait autrefois auberges, hôtels, ainsi que les ateliers des tireurs d’or. En haut, la Grande Rue conduit à l’intérieur du village. Arrivé à la Maison Thermac, il faut prendre sur la gauche la Montée de l’Orme.
Les trois tours du vieux château interpellent. L’une est octogonale et bicolore, ce qui n’est pas si fréquent, et l’enceinte forme un triangle parfait. Le château date de la fin du 13e et abritait les seigneurs de Thoire et Villars, féaux de l’archevêché de Lyon. Il avait pour mission de protéger le péage sur la Saône, en contrebas. Et c’est vrai que, de là-haut, la vue est superbe. Il faut grimper sec, mais en redescendant, on découvre la porte de Villars, l’une des anciennes portes de la cité, des rues aux maisons anciennes, le parlement de Dombes, qui régissait l’ancienne Principauté de Dombes et abrite aujourd’hui le palais de justice, et notamment cette église incroyable, néo-romane, réalisée à la fin du 19e siècle, qui surplombe la rivière. En redescendant au bateau, arrêtez-vous à l’hôpital Montpensier, dont la grosse tour ronde ne peut pas se manquer, et allez admirer les pots de faïence anciens de l'apothicairerie.

NEUVILLE /SAÔNE
En arrivant à Neuville, on n’est plus très loin de Lyon, mais si jamais vous décidez de vous y arrêter, un quai vous tend les bras, juste devant l’église.
Neuville se nommait Vimy jusqu’au milieu du 17e siècle, et changea de nom lorsque Camille de Neuville de Villeroy, lieutenant-général du Gouvernement de Lyonnais, Beaujolais et Forez et archevêque de Lyon, acquit le bourg et lui donna son nom.
L’ancien château de Vimy fut détruit par les Ecorcheurs en 1443, mais rebâti au 15e siècle. On en voit encore les tours, mais depuis 2010, il est devenu un HLM…
Le château d'Ombreval, construit en 1458, fut racheté par Camille de Neuville, et est aujourd’hui la mairie. C’est un très beau bâtiment 17e, avec des douves encore visibles et une petite chapelle et un nymphée au fronton assez baroque, censé être un « temple païen pour adorer les nymphes ». Au bout du Chemin du Monteiller, suivi par le Chemin de l’Echo, derrière le château, se trouvait un bois nommé le Bois noir, qui faisait paraît-il « les délices des dames de la cour ». Là se trouve encore le pavillon de l’Echo, dont la salle était décoré des aventures de la nymphe Echo. L’acoustique y est étonnante, et l’on peut chuchoter un message à une personne située à l’opposé, ce qui devait aussi ravir ces jeunes dames…
L’église Notre-Dame de l’Assomption, que l’on voit depuis la Saône, date de la fin du 17e, pour Camille de Neuville. La façade fut modifiée fin 19e, mais l’intérieur est digne d’intérêt, les stalles notamment, classées monuments historique en 1904. On remarquera les sculptures et les tableaux, mais aussi l’orgue, qui vient du couvent des Cordeliers, à Lyon, dont les jeux des 17e et 18e ont été conservés.

Après Neuville/Saône, nous longeons l’île de Fleurien et l’île du Rontant, puis nous arrivons à l’écluse de Couzon. Mêmes consignes que pour celle de Dracé : c’est une écluse grands gabarits, tout le monde aux gilets de sauvetage ! En quelques minutes, l’éclusier dont on aperçoit seulement la silhouette derrière la vitre de sa passerelle, fait passer la Pénichette® de l’autre côté. Quelques minutes plus tard, nous arrivons à Rochetaillée/Saône, sur la rive gauche.

ROCHETAILLÉE/SAÔNE
La halte n’est pas évidente : un ponton envahi par des jeunes qui plongent ou se font bronzer, et peu de place. Mais ici, une surprise : le Musée automobile Henri Malartre . Le château dans lequel il est installé existait au 10e siècle sous la forme d’un donjon avec enceinte, chapelle, pont-levis… dont il ne subsiste plus grand chose après l’incendie de 1561 ou 1562. Il restera à l’état de ruines pendant une centaine d’années, et ne fut restauré qu’à partir du 17e siècle, puis 18e et 19e. Il est racheté en 1959 par Henri Malartre pour y héberger sa collection de voitures anciennes. Le musée était né, et est devenu au fil du temps l’un des plus fantastiques lieux de mémoire de l’automobile. Du rêve à l’état pur.

On arrête de rêver : nous passons l’île Roy en évitant les skieurs qui se cassent la figure quelques dizaines de mètres devant l’étrave en voulant faire les malins, laissons les toits du restaurant de Paul Bocuse (ponton devant, au cas où…), et victoire, Lyon est en vue.

 
   
Texte & photos : © JF Macaigne