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Fürstenberg Le voyage commence par un coup d’Easy-Jet jusqu’à
Berlin, suivi d’une balade ferroviaire d’une grosse heure
jusqu’à Fürstenberg, au Nord. Là, au bord d’une
eau bleu sombre, vous prendrez possession d’une pénichette,
premier pas vers les délices… Les conseils de Thorsten, sorte
de bon géant barbu au sourire bienveillant qui surveille la base
Locaboat d’un œil expert, et les éclats de rire de Nancy,
à l’accueil, vous plongeront dans un état euphorique
et confiant, prélude à une semaine étrange. C’est
normal. Ne vous inquiétez pas. Cela disparaîtra au retour.
Mais cela vous manquera. Tout démarre à
la sortie de la base par deux petits lacs reliés par une passerelle
romantique, suivis d’une écluse dans laquelle deux cygnes
nous suivent. J’ai quelque part l’impression d’être
dans mon bain en train de jouer au canard… C’est déjà
la fin de l’après-midi, et le ciel se teinte de rose. Le
petit lac que nous traversons (Röblinsee) est calme comme un moine
tibétain, et sur la gauche, nous laissons un animal bizarre qui
a dû inspirer le décorateur de James Bond et le Dr No, il
y a déjà bien longtemps. Les puristes apprécieront… Autour de nous, le regard s’enfonce dans la forêt et ses mystères. Pas un son ne vient troubler le silence. Seul le gargouillis du moteur se fait remarquer, et encore… C’est alors que j’entends un bruit suspect. Un peu comme si un gros animal nous suivait sur la berge. C’est le syndrome « Délivrance ». Au loin, on entend des chasseurs. Nous scrutons les feuillages, à l’affût de tout mouvement suspect. Sous les arbres, dans les profondeurs sombres, quelques cris d’oiseaux rapidement éteints. Quelqu’un nous suit, c’est sûr ! Après quelques minutes, je réalise que c’est le clapotis le long du bateau qui se répercute sur la berge en écho. Ce que c’est que l’imagination… Un peu plus loin, à
quelques mètres de la rive, un portail ancien solitaire, rouillé
et oublié ouvre, surréaliste, sur… la liberté
et le rêve. La clef du champ de tir existe peut-être bien,
après tout. Le soleil se couche lentement, jetant des reflets orange et rose sur la surface à peine ridée par quelques souffles. Nous jetons l’ancre. Je réalise un très joli numéro d’équilibriste pour monter dans l’annexe, et vais explorer les environs immédiats tandis que sur le pont supérieur, les jumelles (de nuit, s’il vous plaît !) passent de mains en mains. Les appareils photos vivent une nouvelle vie, et tout le monde s’organise pour le souper et la nuit sous les étoiles. Des étoiles que j’aurai l’occasion de contempler, ébahi, vers trois heures du matin. Les nuages ont disparu, poussés par un vent rapide, et le ciel sans lune offre des milliards d’étoiles. Le spectacle est absolument somptueux, et on dirait que la voie lactée est à portée de main. Le silence est total, hormis le vent. Je retourne sous la couette douillette, les yeux enluminés. |
Texte
& photos :JF Macaigne |