L'un des plus célèbres hauts-lieux de la plaisance anglaise, à voile ou à moteur sont les Norfolk Broads, dans le Comté de Norfolk, à 32 km de Norwich et un peu plus de 200 km au nord-est de Londres. 200 km de voies fluviales, 7 rivières, et 63 lacs (broads) de moins de 4 m de profondeur. De quoi exciter plus d'un plaisancier. Nous avons visité, sous un ciel bas et l'english rain, et apprécié l'accueil…

The Broad way

J’adore les moquettes anglaises. Elles possèdent des coloris uniques au monde, des textures introuvables ailleurs, et des dessins – pardon - des designs étonnants. Ça tombe bien, parce que dans ma cabine, j’ai droit à un revêtement de sol doux et profond qui ressemble de loin à du linoléum, et de près à une moquette. Etrange, ou anglais, au choix. Dans le carré aussi il y a le même genre de texture au sol. C’est lavable et tant mieux parce que la terre qu’on ramène du dehors a tendance à laisser des traces, surtout avec ce qu’il tombe par intermittence. English rain dans les Broads. The Norfolk Broads, comme on dit ici, sont un des berceaux du nautisme anglais, l’un des endroits privilégiés du monde où naviguer vous classe d’emblée comme faisant partie de la famille. Vous m’avez compris. D’ailleurs, Nelson lui-même a appris à naviguer dans ces eaux, c’est dire !
Ce midi, nous avons débarqué du train de Londres au beau milieu d’une foule qui partait au stade. D’un côté les hooligans, poings levés et hurlant leur amour (j’extrapole un peu car c’est dur de comprendre quelque chose dans ces beuglements) et de l’autre… les autres. Mr et Mrs tout le monde. Dans le taxi anglais, confortablement installés sur la moelleuse banquette à l’arrière, nous remontons une file d’énergumènes braillards nantis de sweat-shirts et d’écharpes jaunes. Le chauffeur, flegmatique, nous explique avec un petit sourire en coin que c’est la couleur du Club de Norwich qui va rencontrer celui de Leeds cet après-midi pour la conquête de la première place de la division. Et pour ne pas en perdre une miette, il monte le son de la radio.
A Horning, dans la marina Le Boat, l’ambiance est plus calme. Quarante-six bateaux, alignés de chaque côté du long bassin, attendent leurs équipages. C’est le tout début de la saison, et pas encore la foule des grands jours. D’ailleurs, ils sont tous au match.
Des bateaux, par ici, ce n’est pas ce qui manque. Nous sommes entourés de bases nautiques. Il y a environ 2400 bateaux de croisières fluviales dans les Broads. Je n’ose pas imaginer ce à quoi peuvent ressembler les eaux calmes de la Bure et des canaux environnants pendant la haute saison. En Grande-Bretagne, ce sont près de 40 000 licenciés qui naviguent chaque année sur les voies fluviales intérieures. Autant dire que nous sommes très loin du compte en France, malgré notre écrasante supériorité en termes de kilomètres navigables.
Nous posons le pied sur l’Admiral. 12,30m de long pour 3,80m de large, 80cm de tirant d’eau, 2 cabines bien confortables, chacune avec son cabinet de toilette, un toit ouvrant pour piloter en plein air l’été (j’insiste), et un bon gros diesel capable de vous emmener au bout du monde. Un bateau parfait pour quatre. Alors, à deux… ! Jason, le technicien Le Boat dissèque virtuellement pour nous le bateau avant de nous laisser les commandes. Dehors, deux ouettes d’Egypte terminent une grande discussion sur la rougeur des couchers de soleil. Alice au pays des merveilles est d’actualité et nous sommes en Angleterre, alors il faut en prendre son parti : le oiseaux ont des comportements insolites parfois. Pour preuve, les deux colverts qui viennent frapper au carreau. Je vous jure, ils sont réellement à bord, sur le passavant et revendiquent un bout de pain bruyamment. Vous avez dit insolite, mon cher cousin ?