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Les Norfolk Broads JF Macaigne   (145 photos en diaporama en cliquant sur les vignettes)


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The Broad Way  -  Horning et les Broads  -  La saison des amours  -  Croisière…  -  Great Yarmouth

Wroxham, la capitale officieuse des Broads, à quelques miles de Horning, est curieusement centré sur un supermarché, Roys, qui se vante d’être le plus grand du monde. Je ne sais pas si c’est vrai, mais c’est quoiqu’il en soit impressionnant. Sur plusieurs magasins organisés autour du croisement principal de la ville, on y trouve absolument tout, de l’épicerie à l’électroménager, en passant par une jardinerie, l’habillement, un espace pour enfants, etc. Autant dire que les petits magasins qui tentent la concurrence ont fort à faire et beaucoup de courage. Au printemps, les résidences de week-end et les maisons de famille reprennent une vie après l’hiver. Les gros 4x4 arrivent, on s’affaire autour des grands garages à bateaux en bois foncé, on ouvre les volets, on grimpe le drapeau en haut du mât, on vérifie que le jardinier s’est occupé des fleurs et de la tonte de la pelouse, et on répare les petits bobos causés par les frimas. Les terrains des riches villas à toit de chaume sont entrecoupés de petits canaux privés, de pontons, et de bassins rectangulaires pour garer le 13m. No mooring, pas d’amarrage, of course, et on est prié de ralentir encore plus lorsqu’on passe devant les maisons. La police veille en vedette, et les zones radar pullulent. On se croirait dans un Beverly Hills sur l’eau.
Les Anglais sont assez respectueux de la vitesse limitée. Les autorités les aident en cela, d’ailleurs, puisque nous avons vu sur le parcours quantité de zones comme celles de Wroxham. Comme sur routes – en Grande-Bretagne ce n’est pas un vain mot - . Nous n’avons rencontré qu’un seul fana de vitesse (toute relative, d’ailleurs) qui nous a doublé dans un crachement de fumée et une vague conséquente au milieu d’un long tronçon entre deux berges de roseaux au milieu de nulle part, dans la dernière portion de la Bure avant Yarmouth.
On est bien obligé parfois de faire un demi-tour sur la rivière. Les rideaux s’écartent un peu et un œil souvent féminin observe la scène du fond de la pelouse. On frôle avec les yeux seulement. Nous sommes en Angleterre, alors autant vous prévenir tout de suite, vos manœuvres sont étudiées à la loupe. Histoire de vérifier si vous êtes un bon marin. Si tout n’est pas conforme à l’éthique, pas de remarque, no comment, juste un coup d’œil qui en dit long ou un petit rire étouffé. Mais lorsqu’ils s’aperçoivent que vous êtes Français la mansuétude ou la compréhension prennent le dessus. Un étranger ne saurait prétendre à la perfection, of course.

Lorsqu’on quitte les boqueteaux de la région de Wroxham et de Horning et que l’on se dirige vers la côte, il est impératif de remonter sur la gauche la River Ant – la rivière fourmi. Je ne connais pas la raison du patronyme de cette petite rivière affluente de la Bure, mais l’endroit est charmant, sauvage et passionnant à la fois. On y trouve les roseaux habituels et des petits villages perdus au fond des différents bras qui l’alimentent, ainsi que la population ailée courante des Broads. Tout au bout, dans l’un des bras, le petit village de Sutton offre une halte calme et reposante. Rien d’autre, mais c’est déjà ça. A quelques minutes du confluent, le Ludham Bridge propose en revanche une auberge bien accueillante : le Wayfarers, dont la cuisine se laisse apprécier. A en juger par le nombre de bateaux arrêtés là, nous n’étions pas les seuls séduits.
Si vous désirez visiter le petit village de Ludham, deux solutions : soit vous marchez quatre gros kilomètres, soit vous reprenez le bateau et vous faites le tour par la Bure (2h) et vous arrivez directement au village, coquet comme de juste. Au passage, vous pourrez même stopper pour visiter les ruines de l’abbaye de St Benet, l’une des plus anciennes et des plus riches d’Angleterre, fondée avant même la conquête Normande. Il ne reste évidemment pas grand chose des bâtiments d’origine. Le terrain à l’intérieur des murs s’étendait au moyen-âge sur plus de 15ha. L’abbaye fut l’une des rares à ne pas être dissoute par Henry VIII au 16e siècle, et fut alors rattachée à l’évêché de Norwich. C’est d’ailleurs toujours l’évêque de Norwich qui est l’abbé en titre de ces ruines solitaires au milieu des champs. Au 18e siècle, on a construit un moulin à l’intérieur même de la porte d’entrée de l’abbaye. Il y est toujours. Pas dans le même état, indubitablement, et on se demande un peu ce qu’il fait là, comme les restes d’un champignon ayant poussé au milieu d’une souche. Lorsque le ciel est gris, la tristesse du lieu inspirerait un livre entier de poèmes de Byron.
A une encablure de là, on peut bifurquer sur la gauche et remonter la rivière Thurne jusqu’au vieux pont de Potter Heigham, de 1385. Trois arches au ras de l’eau, pour lesquelles il vous faudra un pilote et une hauteur maximum de 6 pieds 80 (un peu plus de 2 mètres) si vous voulez passer dessous. C’est là où généralement on fait demi-tour, en prenant garde au vent latéral…
On repart dans l’autre sens, dépasse Thurne et The Lion Inn, où le patron était étonné - et ravi - d’accueillir des Français - et on peut si l’on veut s’amarrer là pour la nuit, dans le confort d’un petit bras de rivière. A Stockesby, c’est un petit village riant et fleuri qui attend le voyageur. C’est ensuite le pont d’Acle et son accueillant Bridge Inn, et au bout de la rivière Bure, après un long tronçon grandiose d’une quinzaine de miles au milieu des roseaux et des moulins à vent, on arrive à Great Yarmouth. La mer est à 300m de là.

 

 

Cet article est paru dans le magazine FLUVIAL n°203, en juin 2010.
Vous pouvez l'obtenir en cliquant ici

Texte & photos : © JF Macaigne

 
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