Les Norfolk Broads JF Macaigne   (145 photos en diaporama en cliquant sur les vignettes)

Les Broads à la saison des amours

C’est le printemps, youpi ! youpi ! Ç’aurait pu être le début d’une chanson de Richard Gotainer mais chez les oiseaux, on voit les choses d’un autre œil. Toute cette faune emplumée ne pense qu’à çà… Les mœurs divergent. Les canards donnent dans le genre violent. Règlements de compte et idées fixes. Les canes vivent de mauvais jours. Rien à voir avec les chamailleries des oies, d’Egypte ou du Canada. Ote toi de là que je m’y mette, et pas question de laisser Madame un instant toute seule sous peine de voir arriver un autre jars, toutes plumes dehors qui fait le beau et tourne autour, et retourne – tu m’as vu ces ailes-là ! -. Il faut alors y mettre bon ordre et il en est qui ne comprenne pas toujours rapidement à qui ils ont à faire et qui insistent. Quelle vie !
Chez les poules d’eau et les foulques les moments se font plus tendres. Madame éprouvera des regrets que Monsieur n’ait pas essuyé ses pattes avant de lui monter sur le dos à la limite de la perte d’équilibre, et passera ensuite de longues minutes à s’épousseter les plumes. Curieusement on ne voit pas beaucoup de mammifères. Pourtant il y en a si l’on en croit les prospectus : loutres, ragondins, daims…. J’ai vu très fugacement une biche sauter à travers les buissons d’ajoncs sur la berge, mais le temps que je réalise, elle avait disparu.
Le dernier jour de croisière, Daisy est montée à bord. Nous avons fait un bout de chemin ensemble. Daisy était ravissante, colvert jusqu’au bout des pattes, bien éduquée et tout, mais elle avait faim. Que ne ferait-on pas pour un croûton de baguette ?...
Sur l’eau, les parades se suivent et ne se ressemblent pas. Les grèbes, toutes huppes dehors, se dressent l’une en face de l’autre, se montant du col comme pour signifier que les arguments les plus hauts sont les meilleurs. Les bernaches du Canada réalisent avec leurs ailes des chorégraphies que n’aurait pas désapprouvé Noureev. Même les petits fuligules adorables et pelucheux à force d’être tendres se prennent pour des canards de baignoires et font les yeux doux à leurs belles.
Chez les oies, on est très cosmopolite. Les oies cendrées voisinent avec les ouettes d’Egypte et les bernaches du Canada, tout en s’ignorant superbement. Ne fait pas partie du Commonwealth qui veut. Les couples se forment et élèvent leurs oisillons entre les petits talus d’herbe rase, le long des talus ou aussi à proximité des pontons, où le pain et d’autres gâteries abondent. Cela n’est pas forcément du goût de tout le monde, notamment dans les Yachts Clubs, car les oies ont ici une aptitude particulière à salir leur territoire en un temps record. Ou alors, c’est la nourriture qui ne leur convient pas.