Les Norfolk Broads JF Macaigne   (145 photos en diaporama en cliquant sur les vignettes)

Great Yarmouth, entrée des Norfolk Broads

Là, au port (Yacht Station) deux gentlemen en veste fluo, pleins d’égards, s’occupent pendant tout le séjour de l’amarrage et surtout de la longueur d’haussière nécessaire par rapport à la marée. Celle-ci est importante au printemps, proche de la marée d’équinoxe. Du sur-mesure.
A quelques minutes à pieds nous découvrons le cœur de Yarmouth. C’est une petite ville anglaise et provinciale, dont le soir vide à l’heure des pubs les rues balayées par l’english rain. Depuis le milieu du 18e siècle, c’est un port de plaisance et un endroit de détente sur la côte Est, mais il fut longtemps l’un des hauts lieux de la pêche au hareng.
La ville s’étend entre la Yare et la mer, et les anciens remparts (1261) encore visibles un peu partout témoignent de l’Histoire de la cité. Si son nom évoque pour vous un souvenir indéfinissable, ne cherchez plus. C’est ici que Dickens a situé l’action de David Copperfield. On trouve un peu partout des vestiges d’un passé ancien : le marché, un des plus vieux et des plus grands d’Angleterre, l’église St Nicholas, grande merveille du début du 12e, tout comme la Tollhouse, la maison de l’octroi, longtemps utilisée comme prison, et de nos jours une attraction touristique dont les enfants raffolent. Les frissons sont garantis.
Dans la Victoria Arcad en centre-ville, existe une boutique extraordinaire et peut-être bien magique : 280 sortes de bonbons multicolores différents, aux parfums les plus incroyables (citron vert antillais - bille de trèfle - pomme et sauce anglaise - rhubarbe-cassis - réglisse-goutte de petite poire….) attendent dans de grands bocaux transparents. Mr Parrott – c’est son nom - veille sur ces merveilles depuis cinq ans, mais la boutique existe depuis l’après-guerre. A l’époque, elle était même plus grande. Les fidèles n’ont jamais déserté.
« Des enfants en majorité, je présume ? » je demande d’un ton innocent.
« Pas seulement. » Mr Parrott étouffe un petit rire derrière ses lunettes. « Quantité d’adultes viennent me voir aussi pour leur consommation personnelle »…
Regent road, la rue qui mène à la mer, est le passage obligé du shopping de Yarmouth. Pas seulement : c’est aussi là où se trouve Mecca, l’une des salles de Bingo en vogue, un des hauts lieux de la dissipation des parents et des grands parents. Les enfants, eux, préfèrent marcher jusqu’à Brittania Pier.
Sur le front de mer, cette jetée oubliée du siècle dernier propose machines à sous, sucres candy, pommes d’amour et espaces privilégiés pour les amoureux timides qui veulent se cacher des yeux indiscrets. « Fun for all the family » dit l’affiche. Le plaisir pour tous. Programme alléchant qui pour le moment ne séduit personne. La saison n’est pas commencé et les foules se font désirer. Le grand vaisseau immobile en planches blanches montées sur pilotis, fer et béton attend son heure. Bientôt.
Bientôt les centaines de bateaux des marinas en amont de la Bure, de Wroxham, de Horning, et d’ailleurs, déverseront leurs flots de touristes, de familles nombreuses, de marmailles enfiévrées rêvant d’horizons lointains. Bientôt les machines à sous cliquetteront de nouveau dans les immenses salles moquettées. Bientôt les promenades à dos d’ânes reprendront, ressuscitant du même coup la cabane esseulée de la plage pour l’instant déserte. Bientôt, c’est presque demain. Après Pâques.

P.S. : Finalement, Norwich a battu Leeds 1-0. Les Canaris ont vaincu les Paons. Je m’interroge sur le sort d’un match entre Ouettes d’Egypte et Bernaches du Canada…

Pour se rendre dans les Broads, ce sera le train ou la route. L’autoroute la plus proche à vol d’oiseaux se trouve en Hollande. En Angleterre, c’est la A22 mais plus loin. Nous avons donc choisi le train. A Londres, la gare de Liverpool Street propose plusieurs trains par jours jusqu’à Norwich. Là, vous y êtes ou presque. Un coup de taxi (20mn et 20£ environ) et les Norfolk Broads sont vôtres. Welcome !