La traversée de Paris sur la Seine JF Macaigne


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Port de l'Arsenal - Les Îles - Du pont Neuf au pont des Invalides - Du pont de l'Alma au pont Mirabeau - A l'ouest…

Académie FrançaiseDes histoires de ponts

Passerelle des Arts
Le Louvre
Musée d'Orsay

Un demi-tour plus tard, nous sommes repartis vers l’ouest de la capitale, et nous passons sous le pont Neuf (côté rive droite) une seconde fois. Contrairement à ce que son nom indique, il est le plus ancien de Paris à avoir été construit en pierre. Il fut également le premier à ne pas avoir eu de construction dessus. Il est suivi de près par la passerelle des Arts, qui relie la Cour Carrée du Louvre, placée à l’endroit même où s’éleva le premier château construit par Philippe-Auguste, à l’Institut de France, où siège l’Académie Française. Cet endroit chargé d’Histoire était autrefois occupé par l’Hôtel de Nesle de sinistre mémoire (1).Il faut croire que l’Amour reste toujours maître des lieux puisque sur la passerelle, on trouve sur les grilles de protection des centaines de cadenas d’amour (2), symboles de serments éternels sur l’un des plus jolis et des plus élégants ponts de Paris. C’est un pont pour les piétons, construit au tout début du 19e pour remplacer le système de petits bateaux qui traversaient la rivière pour six deniers, autrement dit un demi-sou, depuis toujours. Le jour de l’inauguration, il y eut une foule incroyable : plus de 65 000 personnes qui devaient payer un sou entier pour le traverser. A l’entrée, un invalide à la gueule féroce percevait le péage. Il faisait peur aux enfants, mais plus loin, ces derniers s’amusaient en écoutant un aveugle jouer de la serinette, une sorte de petite boîte à musique actionnée par une manivelle. L’instrument était censé apprendre aux serins à chanter…
Assemblée nationaleNous longeons sur notre droite l’interminable mur du Louvre, qui s’achève sur les jardins des Tuileries par le pavillon deFlore, face au long bâtiment XIXe du Musée d’Orsay, ex gare d’Orsay, où la compagnie Paris-Orléans envoyait alors ses trains vers Quimper, Aurillac, Agen ou Rodez depuis le centre de la capitale.Elle a été transformée en musée sous l’impulsion du président Giscard d’Estaing, et abrite une collection de tableaux impressionnistes aussi sublimes que variés ; On y trouve Monet, Bonnard, Cézanne, Van Gogh, Renoir et tant d’autres tout aussi célèbres.
La petite rotonde élégante sur la droite, c’est l’Hôtel de Salm, qui abrite le palais de la Légion d’Honneur, et au bout du quai surgit la colonnade classique de l’Assemblée Nationale. En tournant la tête, on aperçoit le pyramidion de l’obélisque de la Place de la Concorde, mais ce qui attire l’œil sont les ors du pont Alexandre III, une merveille offerte par le Tsar à la France à l’occasion de l’exposition de 1900. Au centre du tablier, de chaque côté du pont, les armes de la Russie et les nymphes de la Néva en amont, celles de Paris et les nymphes de la Seine en aval. Depuis le fleuve, on voit moins bien sur leurs piliers les quatre Renommées recouvertes d’or, mais au soleil, elles illuminent les bateaux qui passent.

Pont Alexandre III
Pont Alexandre III

Pont des InvalidesPont des InvalidesLe pont des Invalides a gardé son nom mais perdu son âme. C’était à l’origine un pont suspendu révolutionnaire, prévu en 1824 dans l’axe des Invalides. Hélas, de gros problèmes techniques s’ajoutant à des polémiques sur la perspective de l’Hôtel des Invalides le firent démolir et déplacer plus loin en aval. A son achèvement, il n’était plus suspendu non plus, mais avait gagné une pile supplémentaire. Les deux statues qui le décorent sont La Victoire Maritime, de Georges Diebolt, en amont, et La Victoire Terrestre de Victor Vilain, en aval.


(1) Selon la rumeur, Jeanne de Bourgogne, l’une des brus de Philippe le Bel, faisait jeter ses amants en Seine cousus dans un sac depuis la Tour de Nesle. Buridan, professeur de l’Université au XIVe siècle, se serait échappé et aurait contribué à la création de cette (?) légende…

(2) Au moment où j’écris ces lignes, les nouvelles qui vont vite font état de l’enlèvement soudain de la plupart de ces cadenas. Tout les services de la capitales se défendent cependant d’être les auteurs de ce crime de lèse-amour.

 

Cet article est paru dans le magazine FLUVIAL n°204, en juillet/août 2010.

Texte & photos : © JF Macaigne

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