La traversée de Paris sur la Seine JF Macaigne


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Port de l'Arsenal - Les Îles - Du pont Neuf au pont des Invalides - Du pont de l'Alma au pont Mirabeau - A l'ouest…

Pont de Bir-HakeimDes histoires de ponts (suite)
Pont de l'AlmaLes Egyptiens avaient le nilomètre, les parisiens ont le Zouave du pont de l’Alma. A l’origine, il existait quatre statues qui représentaient les troupes ayant participé aux combats en 1854 de la bataille de l’Alma, en Crimée : un artilleur, parti dans l’Aisne, à La Fère, patrie d’Athos, des Trois Mousquetaires ; un grenadier, qui est lui à Dijon, face au lac Kir ; un chasseur, que les automobilistes pris dans les embouteillages de fin de week-end peuvent admirer sur l’A4 à Joinville-le-Pont ; enfin notre zouave sculpté par Georges Diebolt. Lorsqu’il a les pieds dans l’eau, la Seine est en crue. Il a eu un jour le coude trempé : c’était en janvier 1910…
Tour EiffelPont de Bir-HakeimFace au pont d’Iéna se dresse la dame de fer, la Tour Eiffel, conçue par Koechlin et Nouguier, dont le plan fut amélioré par Sauvestre, et réalisée par… Gustave Eiffel en deux ans et deux mois, pour l’Exposition Universelle de 1889. Les Parisiens sont maintenant tous amoureux de la grande dame, mais cela n’a pas toujours été le cas, et elle a bien manqué disparaître plusieurs fois. Elle a même failli être vendue à un ferrailleur en pièces détachées par l’escroc Victor Lustig dans les années 1920.
Ile aux CygnesImmortalisé (?) par le Dernier Tango à Paris, le Pont de Bir-Hakeim dresse ses deux étages à deux pas des gratte-ciels du Front de Seine. Ceux qui le franchissent en métro ont l’une des vues les plus spectaculaires qui soient sur la Seine et la Tour Eiffel, à une hauteur impressionnante. La galerie de ferraille sous le métro est, elle, un décor incroyable, à la fois inquiétant le soir et romantique au crépuscule, et nombre de photographes et de cinéastes se sont laissés prendre au piège de ses piliers Art Nouveau. Installée sur le pilier central amont, une statue en bronze de Jeanne d’Arc montée sur un cheval ailé, et semblant prête à s’envoler a beaucoup fait parler d’elle à la fin des années cinquante. L’œuvre de Holger Wederkinch, offerte par la communauté danoise a semblé au Conseil Municipal de Paris de 1956 un peu… guerrière. Pour éviter un incident diplomatique, on a rebaptisé l’enflammé groupe équestre la France Renaissante. L’île aux Cygnes déroule ses promeneurs de chiens, à l’abri des voitures, et nous suivons ses marronniers jusqu’à la statue de la Liberté, de Bartholdi. Celle-ci est la maquette de la grande, posée là trois ans après celle de New York, mais réalisée en 1885, un an avant sa grande sœur.
Pont MirabeauPont MirabeauPont Mirabeau« Sous le pont Mirabeau coule la Seine et nos amours, faut-il qu’il m’en souvienne… » Ces vers d’Apollinaire seront éternellement indissociables du pont, des amours du poète et de Marie Laurencin, et de la Seine inexorable comme le destin, qui emmène ses eaux vert pâle en direction de la mer. Les deux amants passaient souvent par là, semble-t-il, ce qui aurait pu inspirer ces vers magnifiques au poète en souvenir des ses amours mortes. Car le pont Mirabeau n’est pas le plus beau des ponts de Paris. En revanche, sa balustrade permet au rêveur de s’accouder pour regarder les bateaux qui passent. Il est peint d’un vert étrange, presque fluorescent à force d’être jaune, et le vert des statues de bronze qui décorent ses piles tranche à la fois sur le métal du tablier et sur les eaux du fleuve.

 

Cet article est paru dans le magazine FLUVIAL n°204, en juillet/août 2010.

Texte & photos : © JF Macaigne

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