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CHAUNY
Notre-Dame de Noyon est décidément omniprésente, et lorsque nous repartons le lendemain, nous apercevons longtemps ses tours sur notre gauche. Le canal latéral à l’Oise est une énorme ligne droite (ou peu s’en faut) de 25 km. C’est le farniente. Le soleil tape fort, et les chapeaux sont de rigueur. Une seule écluse (St-Hubert) avant Chauny, suivie par une haie géante de peupliers en pleine forme. Nous longeons ces arbres magnifiques, puis, d’un coup, cette superbe ordonnance est rompue : les peupliers sont rabougris, mités et rongés par le gui. En quelques mètres quelque chose s’est passé, et lorsqu’on aime les arbres, c’est une vision épouvantable.
Nous dépassons l’embranchement vers le canal de l’Oise à l’Aisne qui va vers Reims, et arrivons quelques minutes plus tard à Chauny.
Autant vous le dire tout de suite, c’est une vraie découverte pour laquelle j’ai eu le coup de cœur. Presque totalement détruite pendant les combats de février/mars 1917, la ville est reconstruite en 1920. Et bien sûr, le style Art-Déco est à l’honneur ! Chauny, c’est la côte normande en Picardie. C’est aussi l’Histoire, lisez donc : après Bouvines (1214), Philippe Auguste remercia les archers de Chauny pour leur belle conduite. En 1594, le vacher Toulemonde défraya la chronique en accueillant seul Henri IV qui avait délaissé le siège de La Fère pour venir saluer les habitants de Chauny. Ces derniers l’attendaient à une autre porte de la ville ! Toujours au XVIe siècle, dans son Gargantua, Rabelais parle des bateleurs de Chauny avec force admiration. En 1835, le physicien et chimiste Gay-Lussac, qui travaille dans un laboratoire local, démontre que le chlore est un corps simple et isole le cyanogène. Cette ville fut envahie 90 fois au cours de son histoire, et toujours elle se releva.

Chauny est un petit trésor. Caché, mais accessible. Promenez-vous en ville, et surtout, levez la tête. Admirez les façades, les fenêtres, les toits. Tout est dans le détail. Vous êtes en plein dans les années folles. C’est le charleston, le swing, les garçonnes, Dada et le surréalisme, la radio nasillarde, les Folies Bergères, Joséphine Baker, Mistinguett et Maurice Chevalier. Poussez jusqu’à la gare, même si vous n’y avez aucun train à prendre : elle est unique au monde. L’ultra kitch pont du chemin de fer mène, lui, à une église : Notre-Dame, de 1930. Toute une époque, vous dis-je ! N’oubliez pas de ramener une Ficelle Picarde (1) de l’un des traiteurs de la rue de la République ou une Rabotte (2) (si vous en trouvez) de l’un des pâtissiers. Et si jamais vous dénichez des Cœchons d’œillette (3), faites- moi signe, j’arrive !