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La Picardie fluviale

 

De Cappy à St Quentin par la Somme, le canal du Nord et le canal de St Quentin
 JF
Macaigne


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Saint-Quentin
La direction de St-Quentin se négocie 7 km plus loin, à Tergnier. Trois écluses qui fonctionnent de concert, et nous voilà sur des eaux moins fréquentées par les freycinets.
Nous continuons notre remontée dans un paysage calme, varié, et très vert. Les pollens blancs volent en tous sens, et c’est assez déplaisant pour le nez et la gorge. Le canal devient blanc par endroits, comme si une neige tardive pouvait recouvrir l’eau. On se protège comme on peut, et heureusement, cela ne dure pas. Cela n’a pas l’air d’importuner spécialement les hérons, qui sont nombreux, et s’envolent à notre approche. Les ragondins traversent devant l’étrave, totalement indifférents, et plongent à l’arrivée du feuillage de la berge.
Au village de St-Simon, les canetons sont choyés. De bonnes âmes leur ont construit des sortes de petites rampes pour sortir de l’eau, et cela a l’air de leur convenir. Tout cela est bien bucolique, et n’incite pas vraiment à la vitesse. Nous voguons paresseusement sur une eau sans ride aucune, entourés par les chants d’oiseaux. Ce tronçon est véritablement l’un des plus agréables. Personne n’a voulu me croire lorsque j’ai expliqué que mon coup de soleil, je l’avais attrapé sur le canal de St-Quentin…
St-Quentin, nous y sommes arrivés dans l’après-midi. Terme du voyage, ou presque car je voulais poursuivre la Somme au plus près tout en restant sur l’eau, et pousser jusqu’à l’écluse de Lesdin, un peu plus loin. C’est ce que nous avons fait, et ce qui nous a permis d’approcher Fonsomme, un village minuscule sur une petite butte verte, là où débute un petit filet d’eau… On connaît la suite. Mais revenons à St-Quentin.
La cité est la capitale du Vermandois. Dit comme ça, cela ne paie pas de mine. Mais quand je vous aurai précisé que les comtes de Vermandois étaient issus de Childebrand, et que celui-ci était le propre frère de Charles Martel, grand-père de Charlemagne et créateur de la lignée carolingienne, cela prend tout de suite une autre allure. Au moyen âge, la ville est très florissante, en raison de sa foire d’une part et du textile d’autre part, une spécialité qui va perdurer au long des siècles.
Hélas, les guerres, les épidémies de peste à répétition, vont user cette prospérité et St-Quentin ne retrouvera son aisance qu’à la fin du XVIIIe et sous l’Empire. La Première Guerre Mondiale va la blesser gravement : elle est occupée par les Allemands dès septembre 1914, et 80% des immeubles sont endommagés. Pendant la Seconde Guerre Mondiale elle est encore occupée, et ne sera libérée qu’en septembre 44 par les chars de Patton.
Le port est très accueillant et aussi assez vaste pour ne pas craindre de manquer de place. On y trouve évidemment toutes les facilités pour les plaisanciers. Du bassin, on aperçoit un grand clocher : c’est celui de l’église St-Martin, construite à la fin du XIXe siècle.
Tournez vous vers la droite. Vous apercevez maintenant la grande masse et la flèche de la basilique Saint Quentin qui domine la ville. On peut considérer qu’elle est le centre de la cité. Ce chef-d’œuvre gothique fut commencé au XIIe et terminé au XVe, et depuis quasiment toujours été en travaux. Ceux-ci avaient démarré en 1170 avec la tour de façade, puis s’étaient déplacés vers le chevet pour finir par la nef, milieu XVe. En 1509, on jeta les fondations pour construire deux tours au lieu de celle d’origine, mais le projet fut abandonné. Et tout récemment, les niveaux supérieurs de la tour porche ont repris l’aspect baroque qu’ils avaient adopté en 1682, contrastant avec le reste de l’édifice. De 1975 à 1983, une nouvelle flèche avait également été construite. La basilique a gardé son labyrinthe de 1495 (La Lieue de Jérusalem) à l’entrée de la nef, et en règle générale, admirez les différents pavages au sol, notamment celui très optique de la chapelle St-Roch. Levez le nez aussi, cela vaut la peine de se perdre dans les colonnades aériennes et les voûtes sublimes. Je ne résiste pas à vous donner le lien pour visiter virtuellement la basilique de façon totale (1).
Depuis la basilique, il suffit de descendre la rue St-André, juste en face, pour se retrouver sur l’autre cœur de la ville, la place de l’Hôtel de Ville, avec ce dernier sur votre droite. Il se nommait autrefois Maison des Plaids ou Maison de la Paix. C’est une superbe bâtisse Renaissance (1509), avec trois pignons et un campanile dont le carillon est un vrai bonheur. Tous les quarts d’heure, on a droit à un mini-concert différent. Il faut reconnaître la mélodie, et l’on est tout surpris d’être content comme un gosse lorsqu’on y arrive et que l’on fredonne en même temps. Sur la façade, comptez 176 petits personnages sculptés dans leurs actes de la vie courante, ainsi que des allégories et des portraits burlesques.
Sur la place, on trouve de superbes immeubles comme celui du théâtre municipal Jean Vilar, une statue haute en couleurs de Maurice Quentin De La Tour, l’enfant du pays, tout comme Josquin des Prés (2), Henri Martin (3), et beaucoup d’autres, ainsi que la Brasserie du Café de l’Univers, dont je vous recommande les ficelles picardes en toute gourmandise.
N’oubliez pas d’aller admirer les pastels de Quentin De La Tour au musée Antoine Lécuyer, et saluez pour moi les grenouilles de la place La Fayette, qui sont mes copines depuis que j’étais petit garçon… Après quoi, il ne vous restera plus qu’à faire demi-tour !
A bientôt !

(2) Compositeur de la Renaissance (1450-1521)

(3) Historien et Académicien (1810-1883)

     
Texte & photos : © JF Macaigne
 
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