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D'Agen à Montauban par le canal de la Garonne JF Macaigne


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Bonjour ! Mieux vaut vous habituer tout de suite à renvoyer les politesses des gens que vous allez croiser par ici. Partout le salut est de mise. Un petit signe de tête ou un sourire lorsqu’on est proche, un grand signe de la main et quelques paroles à plus longue distance, à pied ou en bateau on se dit bonjour. Ici, nous sommes déjà dans le midi, dans le pays des pruneaux et des maisons en briquettes roses, avec le soleil qui va de pair et les conversations qui s’engagent avec celui qui veut bien. Ici, on parle avec les inconnus. Et ça vous change une qualité de vie, croyez moi. Lors d’une croisière, lorsque tous les gens sur la rive vous saluent lorsque vous passez avec de grands sourires, la navigation change : c’est presque un retour au pays !

Agen
Si d’aventure vous étiez en Agen le dernier week-end d’août, prévoyez d’ores et déjà quelques heures très spéciales consacrées au Grand Pruneau Show, une fête, que dis-je, une célébration unique au monde. Une ode au petit fruit violet très électrique et joyeuse, qui réunit la cité et tous ceux qui aiment la prune et le pruneau. Agen, c’est le rugby, mais c’est aussi une ville agréable, méridionale et riche d’Histoire, où les vieilles maisons à pans de bois du XVe partagent les rues avec les petits immeubles décorés du XIXe. La vedette revient néanmoins à d’innombrables autres beautés : la cathédrale St Caprais, de 1279, romane puis gothique au fil des rénovations. Regardez bien, vous apercevrez peut-être la devise de la République sur les murs. C’est rare. Sur le parvis, un centaure de bronze (Lalanne) ordonne et mesure avec son bâton et son grand compas. Si besoin était d’une référence au nombre d’or, sa tête est un nautile…

La tour Notre Dame du Chapelet (XIe), juste à côté, faisait à l’origine partie de l’enceinte de la ville. Plus tard elle donna l’heure aux Bénédictines du rez-de-chaussée. La maison du sénéchal, rue du Puits du Saumon, est plus récente (XIVe). C’est néanmoins la plus ancienne maison civile d’Agen, et ses quatre fenêtres géminées font beaucoup penser à Venise.
Puisque vous êtes à côté, empruntez la rue de la Grande Horloge, qui n’existe plus, mais où se trouve de nombreuses belles et anciennes maisons. Dans l’une d’elles, la famille Boisson* a fait vivre le pruneau d’Agen comme personne, depuis plus de 170 ans. Une institution ! dans une pièce attenante à la boutique, vous découvrirez les secrets du pruneau d’Agen en vidéo, les vieilles boîtes en fer qui servent maintenant de trousse à couture, et si vous êtes sage, vous aurez même le droit à une dégustation. Il est interdit de se cacher dans un coin sombre pour tenter de rester la nuit !
Continuez, et faites sonnez vos pas sous les arcades de la rue des Cornières. Vous êtes dans la rue qui, du XIIIe au XIXe, fit battre le cœur commerçant de la cité. Plus loin, la Place des Laitiers occupe la place de l’ancien forum gallo-romain. C’est ici que se trouve la mairie, ainsi que le Musée, splendide bâtisse hétéroclite, réunion de quatre admirables hôtels des XVIe et XVIIe siècles. On y trouve cinq Goya et un Tintoret, ainsi que la Vénus du Mas, magnifique statue grecque, et des céramiques de Bernard de Palissy, enfant du pays. Le bel édifice rond à colonnades, situé à quelques mètres est le théâtre à l’italienne Ducourneau, dont la première pierre fut posée par le Président Fallières lui-même, en 1906. Notre-Dame des Jacobins est l’ancienne chapelle d’un couvent de Dominicains du XIIIe siècle, où l’on réalise de nos jours de belles expositions entre ses grands piliers froids. Plus loin, vers la Garonne, vous admirerez la façade Louis XVI de la Préfecture et celle Napoléon III du palais de Justice.
Il ne vous reste plus qu’à faire demi-tour et à remonter vers la gare (dont la structure métallique fut conçue par Eiffel). La base Locaboat se niche juste derrière, à l’ombre d’un cèdre magnifique. C’est là que nous attend notre Pénichette® 1020FB, « Vianne », toute blanche sous le soleil. Aussitôt finis l’avitaillement et les recommandations d’usage, nous partons vers la droite, direction Moissac et Castelsarrasin. Nous laissons à gauche la star locale de la navigation : le pont-canal, construit entre 1839 et 1843. A l’époque, sous Louis-Philippe, Mérimée, Balzac et Hugo publiaient des romans, Lamartine faisait de la politique et Daguerre expérimentait ses premiers daguerréotypes devant Arago. Toute une époque…


*Confiserie Boisson, 20 rue de la Grande Horloge 05 53 66 20 61.
     
Texte & photos : © JF Macaigne
 
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