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Montauban
Aussi curieux que cela puisse paraître, Montauban veut dire Mont Blanc, en occitan. Rien à voir avec le toit de la France, mais plutôt avec une colline couverte de saules qui paraissait blancs par jour de vent. On retrouve le saule, très stylisé, sur le blason de la ville.
Les deux seuls vestiges du passé médiéval de la cité sont le Pont Vieux (début XIVe) et l’église St Jacques (XIIIe).
Lorsque vous remontrez les quais rive gauche vers le centre ville, vous croiserez d’abord le PontdeSapiac, puis le PontNeuf, d’où l’on a une très jolie vue sur le PontVieux, édifié sur les ordres de Philipe le Bel, avec à sa droite le Musée Ingres. Ce dernier est installé dans les locaux de l’ancien Hôtel de Ville, qui remplaça le palais épiscopal de 1664. A cet endroit s’élevait pendant la Guerre de Cent ans le château du Prince Noir de sinistre mémoire Edouard Plantagenêt, prince de Galles et fils d’Edouard III d’Angleterre. On trouve au musée des œuvres de Bourdelle, enfant du pays, et bien évidemment de Jean Auguste Dominique Ingres. On y trouve aussi le célèbre violon, objet de tout l’amour du peintre. Tout à côté se situe l’égliseStJacques citée plus haut. Le clocher octogonal ressemble à ceux que nous avons croisés jusqu’ici, de style toulousain comme à St Sernin. Elle porte encore les traces des boulets de canon reçus durant le siège de 1621, pendant les guerres de religion. Fief huguenot, Montauban résiste plus de trois mois au pilonnage de l’artillerie du jeune Louis XIII (il a vingt ans) et du duc de Luynes. Un soir de septembre, parait-il, l’armée du roi tire 400 coups de canons pour décourager la résistance de la ville. En vain. Certains prétendent que l’origine de l’expression « les 400 coups » vient de cet épisode, mais la légende est fortement sujette à caution. Le roi sera contraint de lever le siège en novembre. De nos jours, en ville, on trouve dans toutes les bonnes pâtisseries des « boulets » de noisette au chocolat… Le malheur des uns fait le bonheur des autres, si l’on peut dire.
En sortant de l’église, remontez la rue de la République. Vous passerez devant la placeduCoq, dont le nom vient du coq en bronze qui surplombe la croix érigée ici. En face, Lulu la Nantaise, dans un bel et vieil immeuble. Je ne connais pas la dame en question, mais le bar est très agréable, spécialement en terrasse.
En plein centre de la ville, la PlaceNationale déploie ses arcades roses en double croisées d’ogives. Elles datent du XVIIe siècle, et ont remplacé les précédentes, détruites pendant les incendies de 1614 et 1649. On y trouve cafés et boutiques, et c’est l’un des endroits les plus agréables de la ville. En poursuivant la rue, on arrive à une tache blanche dans une ville rose.
Dans cette ville aux murs de briques, un monument se distingue par la blancheur de ses pierres : la cathédrale. Voulue par le Roi Soleil (1739) pour consacrer l’église catholique dans Montauban la protestante, Notre-Dame de l’Assomption est dans le plus pur style Louis XIV. Classicisme grandiose mais sans richesse excessive, symétrie des formes, elle illustre parfaitement ce style qui s’étendra par la suite à l’Europe entière. Le mobilier y est de toute beauté, et, à gauche du transept, on trouve le Vœu de Louis XIII, l’un des chefs d’œuvres d’Ingres.
Montauban est une ville agréable, dans laquelle on s’attarde volontiers. Tout a hélas une fin, et pour revenir au bateau, empruntez le Pont Vieux, en admirant les maisons qui bordent le Tarn sur la rive gauche. Sur les murs de l’HôtelSolinhac qui fait le coin avec le pont, vous trouverez une échelle graduée qui indique le niveau de la crue de 1930. Imaginez l’eau à cette hauteur prodigieuse, et frissonnez si vous voulez. Rassurez-vous, votre Pénichette® vous attend bien sage, loin des tumultes.