Cette
première nuit de Baïse s’achève au petit
matin sur une mauvaise surprise : il pleut. Pas beaucoup, mais suffisamment
pour nous flanquer le moral à plat. Un jour de Pâques, en
plus ! Nous finissons nos ablutions lorsque les cloches passent,
ou du moins nous pensons les apercevoir, et avec elles, le soleil revient.
C’est le miracle pascal. Plus tard, un autochtone nous expliquera
que dans la région, il ne pleut jamais longtemps.
Vers onze heures, nous sommes en vue du moulin de Vianne,
grande bâtisse
en ruine qui domine la rivière.
De l’écluse, la vue
est superbe ; Un vieux moulin, les remparts, et un petit barrage
qui transforme un miroir en remous bouillonnants. Nous accostons au pied
des murs de cette ancienne bastide du XIIème siècle bâtie
sur le plan des anciens castrum romains. Ceux qui connaissent Aigues-Mortes
reconnaîtront. Vianne est passionnante, c’est le moins que
l’on puisse dire. Surtout, ne manquez pas cette petite église
charmante, dont les piliers sont encore ornés des sculptures du
moyen âge, qui gardent toujours trace des peintures polychromes
originales.
Juste en face, Monsieur Viger a ouvert son restaurant(3),
qui s’enorgueillit d’avoir été le premier à proposer,
il y a dix-sept ans, du caviar d’esturgeon d’Aquitaine. Un
caviar qui occupe le second rang mondial en termes de qualité derrière
un béluga sauvage iranien. Comme nous sommes à Pâques,
nous nous intéressons beaucoup aux œufs, bien sûr.
Les
murailles courent autour de la ville, gardées
de tours carrées
qui font penser à Petibonum (demandez à celui de la famille
qui lit Astérix, il vous expliquera). Au centre, de jolies maisons
aux volets peints encadrent une place très méridionale,
ornée d’une vieille fontaine de pierre. L’ensemble
est inattendu, et charmant.
Nos estomacs se rappellent à notre bon souvenir, et le four du
bateau laisse bientôt échapper un fumet appétissant.
C’est un carré d’agneau aux herbes (Pâques oblige).
C’est l’avantage du tourisme fluvial. On peut cuisiner
comme chez soi et faire des festins arrosés sans
craindre la maréchaussée.
Nous entamons notre revue de la production locale par un Buzet. Il y
aura par la suite Cahors, Madiran, Gaillac, côtes du Marmandais,
côtes
de Saint-Mont, côtes
de Duras, Teriquet (dans le désordre)…inégaux, mais
excellents. Pas tous le même jour, rassurez-vous ! L’un
des autres avantages flagrants de faire l'escargot sur les rivières
et canaux est
la découverte
des terroirs locaux.
(3) Huîtres et
Délices - 1, rue de la Résistance – 47230 Vianne.
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