La
Région de Vénétie
regorge de balades à faire en bateau.
Celle que je vous propose
ici commence à Chioggia, « la petite Venise » comme
elle est parfois nommée avec une pointe de sarcasme par ceux de
la Sérénissime. La rivalité a toujours existé entre
les deux villes, notamment entre les pêcheurs de vongole,
sorte de palourde très spéciale, qu’évidemment il
est impossible – ou presque – de trouver ailleurs.
Chioggia
est totalement charmante, colorée et vive, et si vous aimez les
ambiances de ports de pêche, vous allez adorer. C’est aussi
la ville où l'on peut louer une Pénichette® Locaboat
sans permis pour réaliser en classe tout confort ce petit voyage .
Il faut s’arracher aux délices
de la terre ferme, vérifier le niveau du réservoir d’eau
(il n’y a que très peu de robinets le long du parcours)
et, en sortant du port, piquer tout droit en traversant le chenal qui
mène vers la mer. On longe la digue en direction de Pelestrina.
On salue au passage une vierge qui bénit les bateaux, solitaire
comme la petite sirène sur son bout de rocher. Sur la gauche,
la lagune s’enfonce vers l’infini du bleu, ou du gris, c’est
selon, et parfois il est difficile de faire la différence entre
ciel et eau. On croise quelques vaporetti,
qui trimballent leur carcasses blanches plus ou moins rouillées entre Pelestrina et Chioggia,
et aussi ces cabanes extraordinaires sur pilotis, comme surgies de l’onde
et de l’imagination d’un admirateur marin de Mad
Max. La
plus invraisemblable est un fatras improbable de vieilles portes peintes,
d’anciens volets de plastiques gris, de tubes rouillés et
tordus entre lesquels achèvent de sécher des bouts de filets
bleus et verts, de pots où s’épanouissent quelques
plantes faméliques. Entre les planches, un escabeau au rebut grimpe à une
ancienne niche à chien bleue, dans laquelle ne vit plus aucun
ermite à quatre pattes.
Les villages se succèdent, avec
leurs jolies maisons de pêcheurs multicolores : Pellestrina, San
Antonio, San Pietro in Volta, et la seconde
ouverture de la digue vers la mer… C’est en arrivant là qu’il faut prendre
le chenal – j’allais dire le boulevard – sur votre
gauche (le Canale Malamocco) et naviguer au nord vers la côte,
entre deux rangées de briccole, puis de lampadaires raides
comme des portes-mine. On peut y faire d’impressionnantes rencontres,
comme ce porte containers gigantesque ressemblant à un fer à repasser
monstrueux surgit de nulle part, qui nous suivit pendant un long moment,
pour finalement nous doubler avant l’embouchure de la Brenta et
poursuivre vers Porto Marghera. Avant de se faire dépasser une
seconde fois par un autre léviathan de quinze étages et
de reprendre une leçon de danse, nous avons bifurqué sur
la gauche, à Fusina.
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La Riviera del Brenta commence bucolique,
champêtre, bordée de saules, de saules pleureurs, de sureaux,
et d’acacias en fleurs dont les grappes blanches dégoulinent
le long des rives. Tout est sinuosités, onctuosité. Après
quelques minutes, l’écluse de Moranzani ramène
un peu à la réalité des choses. Nous sommes sur
un canal, et il va falloir compter avec les ouvrages d’art : écluses
et ponts. Pour information, les unes et les autres ne sont pas gérés
par les mêmes prestataires. Heureusement, les numéros de
téléphone sont parfaitement indiqués sur la carte
que Paolo, à la base de Chioggia, vous a certainement remise.
Cette carte dépliante, véritable mine de renseignements,
est remarquablement bien faite. En un mot : indispensable. Une dizaine
de minutes après avoir franchi l’écluse de Moranzani,
passez donc un petit coup de fil (en italien, per
favore) pour que l’on
vous ouvre le pont tournant de Malcontenta, cela vous évitera
de longues minutes d’attente.
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