Strà et la Villa Pisani.
A Strà,
les choses se corsent, si je peux m’exprimer ainsi.
Nous amarrons Torcello à l’aplomb de la Villa
Foscarini, à quelques
dizaines de mètres du palazzo Cappello, en plein
centre de Strà,
et procédons tout d’abord – c’est l’heure
de déjeuner – à une dégustation de spaghetti
al pesto sur le pont supérieur, avec tout le sérieux
(et aussi toute la fête) qui va avec. La Villa Foscarini Rossi
abrite aujourd’hui un musée de la chaussure, mais ce qui
nous intéresse est plus en aval sur le fleuve : c’est
l’immense Palais que nous avons dépassé en arrivant,
pendant de longues minutes : la Villa Pisani, de
la taille d’un
petit Versailles, dessinée par Preti au XVIIe, et décorée
par les plus grands maîtres vénitiens, dont Tiepolo, Guarana,
Zuccarelli, et beaucoup d’autres. La Famille de Savoie y séjourna,
Napoléon y coucha, et Hitler et Mussolini y signèrent un
traité.
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Il
faut parcourir les grandes pièces garnies de
meubles Empire et Restauration de toute beauté. On y trouve une
chaise à porteurs, des fresques de paysages ne respectant pas
toujours la réalité, une vue de Venise avec le Bucentaure,
et des trompe l’œil en noir et blanc dans la galerie du premier étage. Ce
qu’il y a cependant de loin le plus réjouissant sont
les jardins. Essayez l’étonnant labyrinthe végétal.
Difficile d’arriver au centre, difficile d’en sortir. Evitez
de vous y aventurer cinq minutes avant le rendez-vous avec les autres
pour sortir… Le parc aux arbres magnifiques des essences les plus
variées (du ginkgo aux accacias immenses, en passant par des hêtres
multicentenaires et des tilleuls qui embaument l’air lorsque le
soleil descend) est un plaisir sans cesse renouvelé. Des dizaines
de statues jouent les silhouettes dans les allées, treilles et
sous-bois, et le pavillon qui fait pendant au château de l’autre
côté de la pièce d’eau fait penser à Trianon.
Prévoyez l’après-midi pour tout voir, et encore,
vous aurez le sentiment de manquer quelque chose.
Strà by night n’est pas folichon, mais déguster au
soleil couchant une glace chez le petit glacier situé à une
cinquantaine de mètres de la Villa Foscarini est un plaisir que
vous ne devez pas vous refuser. Et le soir, rien ne vous interdit le
petit dernier sur le pont, au calme sous les étoiles, avec les
accacias pour témoins. Sur la Brenta, les moustiques se font curieusement
rares. C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles
les Vénitiens l’aimaient tant.
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