De Mira à Strà
Le
lendemain, à Mira, c’était jour
de marché (jeudi).
Nous l'avons longé pendant plusieurs centaines de mètres
le long du canal, jusqu’aux ponts tournants. Les villas se sont
succédées :
Villa Bon, Villa Alessandrini, avec ses deux statues
gardant le portail d’entrée, Villa Venier, Villa
Giustiniani Selvatico… Toutes
sont splendides, toutes ont leurs histoires, leurs mystères, leurs
légendes. Il serait injuste cependant de ne pas dire combien d’autres
maisons, moins célèbres mais toutes aussi jolies, agrémentent
le parcours. Il y en a des dizaines. Bien sûr, la meilleure façon
de les voir, dans leurs écrins, c’est d’un bateau.
C’est la promenade la plus romantique qui soit. Sachez simplement
que si vous voulez les visiter, il vous faudra revenir, en voiture cette
fois.
Nous sommes arrivés à Dolo sans nous en
rendre compte, en admirant depuis l’eau la Villa Velluti (XVIIIe),
grande bâtisse
grise qui ressemble plus à un immense relais de poste ancien qu’à un
palais, et qui appartint un temps au soprano G. B. Velluti qui lui donna
son nom, ainsi que la Villa Tito, à taille humaine…
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La Villa Badoer Fattoretto, située idéalement à gauche
du pont tournant de Dolo permet d’attendre en détaillant
le jardin, gardé de haut par deux statues de chaque côté du
portail. On passe ensuite devant la Villa Tron, la Villa
Ferretti Angeli (1608), cachée dans la verdure, ainsi
que d’autres bâtisses
moins célèbres mais tout aussi élégantes.
Nous sommes surveillés de près par un splendide héron,
perché sur les branches les plus hautes d’un accacia, et
un peu plus loin, c’est un ragondin qui nous coupe la route, sans
s’émouvoir le moins du monde de l’arrivée de
l’étrave de la Pénichette®. Heureux monde.
Une
fois franchie l’écluse de Dolo, le bief s’ouvre
par la Villa Donà Priuli à gauche, puis par une longue
portion plus « nature », bordée de saules
pleureurs, de champs de coquelicots, de sureaux en fleurs et de buissons
jaunes au ras de l’eau. Nous
arrivons à Fiesso
d’Artico,
l’endroit où fut dévié l’ancien lit
de la Brenta, pour éviter les fréquentes inondations, et
détourner les alluvions de la lagune. La ville ajouta à son
nom le patronyme de Gian Maria d’Artico, l’auteur de ce chantier
qui modifia à jamais la vie dans la région. Les villas,
très nombreuses par ici, furent quasiment toutes construites entre
le XVIIe et le XVIIIe siècle. Partout, le paysage ressemble à de
petits tableaux romantiques : les eaux calmes et laiteuses de la
Brenta, un groupe d’ifs, quelques fleurs sauvage qui poussent entre
les pierres d’un vieux déversoir… Nous passons devant
la Villa Contarini, la Villa Recanati
Zucconi, dont le pignon est décoré de
colonnettes qui font penser à un jeu d’échec géant,
la Villa Pisani « la Barbariga »,
qu’il faut
apercevoir très vite entre les arbres, la Villa
Soranzo, dont
les fresques à demi effacées ressemblent plus à des
esquisses sublimes de peintres de la Renaissance, et nous arrivons à Stra.
Tout cela est magnifique, enchanteur, et les mots manquent pour décrire
tant de beauté pour l’œil.
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