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De Montbard à Pont-d'Ouche
Le Canal de Bourgogne
 JF
Macaigne

 
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LES ÉCHELLES(1)/MARIGNY

Si l’on fait partie de la « fournée » du matin, ce qui était notre cas, il faut être prêt à 9h à l’écluse (Vénarey-55). 55 écluses en deux jours, c’est une petite gageure, quelque chose qu’on appréhende. Nous les avons faites deux fois, à l’aller et au retour, et après coup, on se rend compte qu’il n’y a rien d’insurmontable. Tout le secret réside dans les éclusiers. Ce sont elles et eux qu’il faut remercier et qui font un boulot formidable. On crée des liens, on se raconte des histoires, on demande des conseils. Ce sont des bons et beaux moments d’homme (et de femmes, bien sûr, car elles sont particulièrement à l’honneur).
C’est parti.
De ce côté-ci, nous sommes montant. Le problème se pose donc pour lancer l’aussière sans visibilité. Heureusement, les éclusiers sont là et aident à replacer l’aussière autour du bollard. Le lancer devient vite le sport à la mode, comme dans les rodéos américains. Les résultats sont très variables, mais j’ai remarqué que, la fatigue aidant, les résultats s’en ressentent. C’est vrai que cela fatigue, de rester debout quasiment toute une journée… Debout, car les écluses sont distantes de quelques dizaines de mètres parfois. Pas le temps de souffler. Les éclusiers se relaient, et se transmettent les bateaux comme des coureurs le bâton témoin dans une course de relais.
On avance assez vite, à ce rythme. A midi et quart, nous sommes à Pouillenay pour le déjeuner. Autrefois, Pouillenay s’appelait Pouillenay-les-oies. Une petite halte agréable, mais sans eau, où nous passerons la nuit au retour. Parmi les curiosités sur le trajet, un vélo-épave rouillé, tordu, déjanté, et encore couvert d’algues et d’herbes tiré du canal à l’écluse 51. Une sorte de revenant en ferraille, de fantôme d’un autre temps. On découvre aussi quelques jolies maisons éclusières, couvertes de glycine et de vigne-vierge, ou fleuries de fleurs multicolores. Les portes d’écluse succèdent aux portes d’écluse, et ce n’est jamais monotone. Nous avons de grandes conversations avec les équipes éclusières, un peu hachées, comme dans un feuilleton, mais toujours enrichissantes. A travers les arbres, on aperçoit le panorama, et l’impression de grimper devient de plus en plus présente.
En fin d’après-midi vers 17h30, nous arrivons à Marigny-le-Cahouët, où une petite halte avec un point d’eau permet de faire le plein. Il faut s’adresser à la maison éclusière pour obtenir le service. L’endroit est calme et paisible, et tant mieux, car nous commencions à fatiguer un peu…
Nous partons néanmoins à la découverte du petit village. Sur les conseils de l’éclusière, nous suivons l’Axon, le petit ruisseau qui traverse le village, nous tournons à droite, et… nous découvrons, caché au milieu des arbres, entouré de ses douves, un château féodal du 12e siècle. Il fut restauré au 19e, et dans son état actuel est absolument magnifique, tel qu’on s’imagine les châteaux de l’époque : grosses tours carrées placées en angle dans des douves remplies d’eau, murs crénelés percés d’archères, Pont-levis dont les flèches ont disparu, mais dont la trace reste bien visible, logis seigneurial dans un état parfait de conservation, avec ses fenêtres géminées, et une toiture superbe de tuiles vernissées à motifs géométriques. Une splendeur. On ne visite pas, c’est une propriété privée. Dans l’immense cour du château, on entend des enfants qui jouent. Des adultes sont venus jouer, aussi, à diverses reprises, puisque renseignements pris, c’est ici que l’on tourna trois « Angéliques… » et un « Trois mousquetaires » signés Bernard Borderie, ainsi que « Clérambard » de Yves Boisset, avec Philippe Noiret.


Nous repartons vers le bateau, en nous attardant dans le village devant un très vieux et très étroit pont de pierre, le « Pont des Romains », qui daterait en réalité de l’époque mérovingienne. L’église St Germain, du milieu du 14e siècle, est dotée d’une tourelle et d’un mur d’enceinte dont la hauteur varie entre 1,5m et 4m. Sous le porche, un ancien autel gallo-romain, et sur le mur du transept sud, une statue très ancienne mais très abîmée dans une niche (probablement une Vierge à l’enfant) et un cadran solaire très ancien, sur la droite.

 
 
Texte & photos : © JF Macaigne