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De Montbard à Pont-d'Ouche
Le Canal de Bourgogne
 JF
Macaigne

 
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POUILLY-EN-AUXOIS/LA VOÛTE

Il est impossible d’évoquer Pouilly sans parler du Toueur. Pour franchir la Voûte longue de plus de 3km, dès que cela a été possible, on a inventé un engin qui tirait les chalands et péniches de l’autre côté de la montagne à la place de la traction humaine. Différents modèles à vapeur furent essayés et mis en service, mais celui qui donna le plus satisfaction fut cet appareil électrique très extraordinaire que l’on peut voir dans le port de Pouilly sous son cocon tubulaire. Il ressemble un peu à l’idée que l’on a du Nautilus de Jules Verne, surgi du 19e siècle et du règne naissant de l’électricité. Une coque arrondie, des superstructures en métal, et deux perches qui allaient chercher le courant à la manière des tramways, sur des câbles qui couraient au plafond du tunnel. Ce courant actionnait un moteur qui avalait une chaîne posée sur le fond pour la recracher à l’arrière. Le bateau était relié aux chalands derrière lui, et les tractait ainsi jusque l’autre côté.
Evidemment, le procédé n’était pas un modèle de silence. Imaginez le bruit d’un régiment de fantômes écossais s’en donnant à cœur joie pendant la boum du samedi soir, amplifié par l’acoustique de la voûte… Ceux qui habitaient à proximité en profitaient à plein. Ce système perdura jusqu’en 1987. On peut voir une maquette du toueur à l’Office du Tourisme, sur le port.
Un petit tour en ville à l’heure où les chiens promènent leurs maîtres, et nous revenons au bateau. La tranchée qui précède la voûte est pour le moment d’un calme de vieux sage, sans une ride sur la surface, et les arbres préfigurent en vert ce que vous verrons demain, en pierre. Le chemin de halage se remplit soudain d’une troupe de joggeurs dont le souffle et la foulée résonnent entre les arbres, et ce qui pourrait ressembler à un remake des « Chariots de Feu » est soudain battu en brèche par l’arrivée inopinée d’une petite fille en bicyclette rose. La vie est belle, parfois…
Le lendemain, visite à la capitainerie, et remplissage des papiers nécessaires à la traversée de la voûte, ainsi que remise d’une radio VHF portative pour la sécurité. Nous apprenons que nous « passerons » dans le groupe de 13h, alors nous employons la matinée à faire nos courses au supermarché * tout proche. Avant de partir, nous allons récupérer le pain que nous avons commandé ce matin tôt chez un couple de jeunes boulangers qui fabriquent du pain « sur mesure ». Au « Fournil de l’Auxois » **, Gaëlle Nauche et Jean-Luc Duret fabriquent de petites merveilles dorées et succulentes qui rappellent le bon pain d’autrefois. Il suffit de commander la veille, ou au pire quelques heures avant (tôt le matin de préférence) pour avoir un pain comme on le désire. Un service rare, un pain exceptionnel, à deux pas du port, voilà qui devrait en séduire plus d’un. Pour trouver le Fournil de l’Auxois, dirigez vous vers les maisons depuis le Toueur sous son hangar, tournez le coin, et visez la porte de garage 20m plus loin, avec la pancarte bleue « Aux trois grains d’orge ». Entrez, vous y êtes. Evidemment, il faut connaître…
Pendant la matinée, nous observons les premiers bateaux partir pour franchir la voûte. Il y a comme une sensation de départ pour la pêche dans un port de mer… Un puis deux, puis trois bateaux quittent le quai et se dirigent vers la tranchée que nous avons vu hier soir.
A 13h pile, c’est ce que nous faisons aussi. Derrière nous deux autres bateaux. Pas trop vite, mais pas trop lentement non plus, pour franchir la voûte en un temps raisonnable. De plus, l’étroitesse du passage ne permet pas de vitesse. Les lumières du plafond créent des cercles concentriques tout du long, et l’effet est assez hallucinatoire et fatiguant pour les yeux. On distingue tout là-bas la fin de l’épreuve, petit rond de bleu minuscule au centre de la cible. Sur les côtés, pas de quai ni de trottoir, juste une chaîne de sécurité le long de la paroi. Au milieu, pendant quelques dizaines de mètres, nous traversons dans le noir, seulement éclairés par le projecteur du bord. A l’aller, nous avons eu l’impression que cet épisode était assez proche du bout du tunnel. Au retour aussi… Une très belle illusion d’optique, donc.
Toute l’astuce est de ne pas se laisser entraîner vers le côté opposé à celui duquel on conduit, car invariablement, on s’écarte du bord qu’on longe, et on va racler l’autre côté. Cela demande pas mal de concentration, et les conversations s’éteignent peu à peu. On arrive enfin (environ 40 mn) de l’autre côté, un peu éblouis, et heureux de retrouver le soleil. Encore une petite partie de tranchée, et nous voguons dans le bassin d’Escommes, où nous rejoignons ceux qui sont partis précédemment.
Nous allons pouvoir repartir quelques instants plus tard par l’écluse située au fond du bassin, où nous remettrons la VHF qui heureusement ne nous a pas servie.


*ATAC, rue du Gl de Gaulle. Sortir du port vers la droite, puis tourner à gauche.

**3, rue du Port – Pouilly-en-Auxois. Tél : 03 80 90 67 33

 
 
Texte & photos : © JF Macaigne