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De Montbard à Pont-d'Ouche
Le Canal de Bourgogne
 JF
Macaigne

 
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LES ÉCHELLES (2)
A 9h05, une autre journée d’écluse repart, mais beaucoup plus tranquille : nous avons franchi 29 écluses, aujourd’hui, il ne nous en reste que 25 (!) pour rallier Pouilly-en-Auxois, mais avec de grands biefs à parcourir. Cela a l’air plus pénible, mais n’en croyez rien. D’abord, nous commençons à être « rodés », et ensuite, les biefs longs sont plus relaxants. On a enfin le temps de regarder le paysage. Et quel paysage ! Nous sommes montés assez haut dans la montagne, et nous atteindrons
Quelques minutes plus tard, nous croisons notre premier bateau qui avale dans l’autre sens. Jusqu’ici, il n’y a pas foule…
L’écluse 22 de l’échelle de Marigny est toute neuve. Enfin, les bajoyers ont été refaits récemment, et l’impression est agréable. Au bout du quai, une 2cv Charleston toute jaune est garée, comme à la parade. Un art de vivre, tout comme les Pénichettes. Pour l’étanchéité, je préfère néanmoins ces dernières…
Le paysage a changé. Nous sommes sur un plateau, avec des champs de maïs qui s’étendent loin, vers des boqueteaux distants. Nous rentrons dans les prairies de l’Auxois. Le canal tourne un peu, par moments, entre les arbres, et c’est probablement le bief le plus agréable depuis le départ. Il y a là une intimité avec la nature, une proximité pure et verte.
Nous passons les premières Tranchées (de la Croisée, de Saucy). Ces tranchées sont des sortes tunnels à l’air libre. Et en règle générale, un tunnel (on parle de voûte) est précédé et suivi par une tranchée, où l’on ne peut pas se croiser. Il faut donc être prudent dans ces endroits et ralentir, car un sillage trop violent peut entraîner des turbulences et gêner le bateau pour une progression rectiligne. Comme dans un tunnel. Pardon, une voûte.
Nous franchissons l’écluse de Pont-Royal et déjeunons en plantant nos piquets. Il existe juste avant un petit port, avec toutes les commodités, et même un gîte !
C’est ensuite la tranchée de Creusot, creusée de 1820 à 1823 par des déserteurs envoyés au bagne de Toulon. Elle est longue de 1130m, et des renfoncements sont prévus pour le croisement des bateaux. A la sortie, on voit sur la gauche une haute chapelle : c’est la prieurale de St Thibault, une petite merveille gothique, hélas en travaux lorsque nous sommes passés, mais qui devrait rouvrir ses portes en 2013. De ce qu’on peut en juger par l’abside déjà terminée, et du coup d’œil passé sous les bâches, le résultat devrait être splendide et mériter un arrêt.

Ce bief de 10km et demi est véritablement varié et bucolique. Tout à coup, sur notre droite, voilà l’autoroute A6. Nous en sommes assez loin, mais on distingue bien le trafic et le plaisir de « traîner » à 6/8km/h s’accroît d’autant plus. Plus nous avançons, plus elle se rapproche, et à l’écluse de Gissey, elle n’est plus qu’à quelques dizaines de mètres. C’est alors que surgit ce château que je rêve de voir de plus près depuis le temps que je dévale l’autoroute sans jamais m’y arrêter. Enfin, le temps ne nous est pas compté ! Nous stoppons quelques mètres avant l’écluse d’Eguilly, et faisons quelques pas vers cette forteresse magnifique.
Le château d’Eguilly arrive droit du 12e siècle, avec ses gros murs carrés et massifs et ses fenêtres géminées. Il a été construit à l’emplacement d’un château en bois gallo-romain, et une ancienne voie romaine passe d’ailleurs à l’intérieur de la cour. Un rêve de petit garçon, qui imagine aussitôt les chevaliers en armures, les oriflammes sur le donjon et les dames à chapeau pointu en train de réajuster leurs voiles flottants au vent. En tout cas, du bonheur.
Nous sommes repartis tout contents de cette vision, pour une longue ligne droite et quelques écluses de plus, et sommes arrivés en toute fin d’après-midi à Pouilly-en-Auxois. Nous prenons rendez-vous avec l’éclusier pour le lendemain matin, qui nous fixera alors l’heure de notre passage sous la voûte.

 
 
Texte & photos : © JF Macaigne