|
||||
|
||||
J’ai
toujours pensé que le café noir, lorsqu’il fait encore
nuit et que les premières lueurs de l’aube pointent à
peine, avait un autre goût. Un goût d’aventure, d’exceptionnel…
C’est le cas ce matin. Nous sommes harnachés de pied en cap
– le thermomètre n’est pas d’un optimisme débordant
– et nous ne sommes pas les seuls. Un coup d’œil derrière
nous suffit à faire ressortir le rouge flamboyant d’un anorak
autrichien. Pour l’instant, pas de vent. Enfin, pas trop…
Je me sens dans la peau d’un pêcheur de l’île
de Sein… Comme quoi, une bonne imagination, ça aide.
Le
ciel rosit, et nous distinguons mieux les agencements des parcs que nous
longeons à bonne distance. Une heure et quart plus tard, devant
Marseillan, Ayrolle nous salue par quelques coups de klaxon et toute la
famille agite les bras. Ils vont visiter la ville de Maître Pierre,
le meunier-arlequin du XVIIème siècle, la cité du
Noilly-Prat. Campignol pénètre à vitesse réduite dans le Canal, par le petit port, derrière un house boat qui nous a coiffé à l’arrivée, et s’est engagé devant nous, gaz à fond. Quelqu’un sort de la maison du port et nous invective. Du pont, je lui explique que nous sommes au plus lent, et que c’est l’autre qui est responsable des vagues qui agitent les voiliers. Il s’excuse, mais le mal est fait. Une langue trop rapide n’est pas signe de sagesse. Pourtant dans un lieu comme ici, la sérénité devrait être de mise.
|
Textes :
J-F-Macaigne Photos : J. Cloarec & J-F Macaigne |