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Entourés de landes sauvages, nous longeons un moment l’étang du Bagnas, puis, après avoir dépassé un bateau bizarre, fruit des amours douteuses d’une araignée de mer et d’une pelleteuse, voilà notre première écluse ! Les mécanismes reviennent, et nous pénétrons sous la haie d’honneur des platanes*.
Bientôt, voici Agde et sa célèbre écluse ronde. Un grand bassin à trois entrées, bordé de cyprès. Il y a du trafic, ici, et le jeune chien de l’éclusier, passionné par tout ça, n’en perd pas une miette. Une très grosse péniche arrive bientôt, qui tient à peine dans le diamètre du bassin. Elle se cale bien en face, les portes s’ouvrent, mais juste après, il y a un pont. Très bas. Nous nous questionnons. Comment le marinier va-t-il faire passer la cabine de son engin dessous ? Cela paraît impossible. La péniche avance lentement, engage les trois quart de sa longueur… Brusquement le moteur rugit, la fumée sort des échappements, et la cabine est avalée. Nous n’en revenons pas. Il est toujours impressionnant de voir un professionnel à l’œuvre. De l’autre
côté, après une pause déjeuner et une grande
balade digestive à vélo, nous continuons notre voyage.
Nous dépassons Vias et un parc d’attractions où
le grand huit n’en finit pas de tournoyer, puis survient un ouvrage
tout à fait extraordinaire : le passage mobile du Libron. Construit
en 1858, il permet à la rivière Libron de traverser en
hauteur le Canal du Midi. Nous nous engageons dessous, en baissant la
tête… Quelques chevaux nous saluent, nous passons Portiragnes et son église du XIIème, à la hauteur de Cers, nous passons sous un superbe vieux pont de pierres que n’aurait pas renié Brassens, et nous faisons étape à Villeneuve-lès-Béziers, au camping trois étoiles. L’accueil y est souriant et généreux, et l’endroit paisible. Une vraie étape ! Le lendemain, le canal se rétrécit un peu,
et nous jouons à un petit jeu idiot : il s’agit de passer
sous les jeunes branches des platanes et de décoiffer ceux qui
regardent ailleurs. C’est pourtant le vent qui emportera l’une
des casquettes… C’est le tour de Campignol. Il y a de quoi se sentir tout petit entre les hauts murs. Pour s’attacher, un tube métallique enchâssé dans le mur, derrière lequel on fait passer l’haussière. Elle coulisse le long du tube avec le bateau qui monte, et, arrivé en haut, il suffit de la retirer pour se libérer. Le principe est valable dans l’autre sens, bien entendu. Sans risque, plus besoin de débarquer quelqu’un, le bonheur… Toujours cette même sensation d'être
à l'intérieur et au sec d'une baignoire qui se remplit.
Lorsqu'on entre dans une écluse par le côté aval,
on ne sait jamais vraiment ce qui nous attend après les autres
portes. C'est le côté aventure…
* Voir notre reportage "Le Canal du Midi" |
Texte:
J-F Macaigne Photos : J. Cloarec & J-F Macaigne |